Énergie du Mali : une dette cumulée de plus de 200 milliards FCFA, selon son directeur général
Meguetan Infos
La visite de la centrale thermique de 100 mégawatts de Sirakoro a été suivie d’une conférence de presse à la Maison de la presse animée par le Directeur général d’EDM.SA, Oumar Diarra, sur la problématique actuelle de l’électricité Mali.
Le Directeur général a d’abord fait le point sur la situation technique et financière d’Energie du Mali (EDM.SA). Selon Oumar Diarra, la société n’a pas bénéficié d’investissements structurants dans les trois volets (Production, Réseau de transit et Réseau de distribution) depuis trois décennies alors que la croissance de la demande énergétique augmente tous les ans, soit 10 à 15% par an.
Ce manque d’investissement, qui devrait pourtant permettre à EDM.SA de réhabiliter et de renforcer son système de production qui se trouve dans un état d’ancienneté avancé, ses réseaux de transit et de distribution qui sont saturés et surchargés, met EDM.SA dans une situation très précaire. Avec une offre d’énergie insuffisante pour la couverture de la demande en période de forte consommation, de grandes difficultés de transit de l’énergie et des interruptions de distribution d’énergie.
Le Directeur Diarra a déploré l’absence d’actions d’anticipation pour répondre à l’accroissement annuel de la demande estimée à 40MW et les futures demandes à venir sur le système électrique.
D’après Oumar Diarra, tous les ans, c’est à partir de la période de forte chaleur où la demande s’accentue, que des solutions d’urgence basées essentiellement sur de l’énergie thermique (énergie produite par le gasoil) qui est l’énergie la plus chère, sont mises en place pour répondre à la demande.
Le recours à ces solutions d’urgence a mis le système électrique malien dans un mix énergétique (toutes les sources de production énergétique) où l’énergie thermique, qui est pourtant la plus chère, est la plus dominante à plus de 60%.
Cette prédominance de l’énergie thermique dans le système énergétique malien a mis EDM.SA dans une situation financière déséquilibrée avec des coûts de production qui sont largement supérieurs à ses prix de vente de l’électricité à la clientèle.
Il a, cependant, précisé qu’une partie de ces coûts de production est prise en charge tous les ans par l’État malien à travers une subvention d’exploitation au bénéfice d’exploitation ou au bénéfice de la clientèle.
Mais la conséquence financière pour EDM, d’après son DG, est la perte de plus de 200 milliards de FCFA selon le résultat cumulé en fin 2020, avec une dette fournisseurs d’exploitation d’environ 150 milliards de FCFA, une situation de trésorerie ne permettant pas la mise en œuvre des plans de maintenance préventifs et curatifs.
Un plan développement quinquennal 2022-2026 élaboré
En outre, en 2021, après l’analyse des causes de délestage de 2020 qui sont des problèmes de production et des problèmes de surcharge du réseau de transit, deux solutions ont été préconisées.
La première solution était l’augmentation de capacité de production ; ce qui a été fait par un apport additionnel de 40MW, à travers l’installation de deux nouvelles centrales, de 20 MW chacune à Badalabougou et à Sotuba.
Ces deux nouvelles centrales, selon Oumar Diarra, en plus de combler le déficit de production, ont permis aussi de résoudre en partie le problème de transit de l’énergie qui était une problématique majeure.
Cependant, malgré les dispositions prises, la fourniture de l’électricité a connu des perturbations pendant la période de pointe courant 2021, qui sont imputables en partie aux difficultés de production du pays partenaire, la Côte D’Ivoire, qui a privé le Mali de 70 MW sur les 100 MW définis dans le contrat commercial entre les deux pays, sur le Réseau interconnecté, impossible à résorber par le système électrique actuel malien ne disposant pas d’une réserve froide c’est-à-dire des groupes en réserve qui peuvent être mis en fonction en cas de situation de ce genre.
Selon le DG d’Edm-SA, le retard dans la mise à disposition de quatre nouvelles centrales dont trois de 50 MW ( à Kati, Kalaban et Sikasso) et une de 30 MW à Darsalam, dont les premiers 25 MW étaient attendus pour fin février et le reste avant la période de forte chaleur, il est imputable à des facteurs exogènes avec des exigences de garantie de paiement dont la mise en place, dans le contexte actuel, s’est avérée extrêmement difficile. Toutefois, informe Oumar Diarra, ces conditions financières ont pu être accomplies et, courant mai, les premiers 50 MW seront en service à Kati.
Le DG a également fait savoir que face à la croissance de la demande d’accès à l’électricité ajoutée aux besoins croissants d’énergie pour le développement économique du Mali, EDM.SA a élaboré un plan de développement quinquennal du sous-secteur de l’électricité sur la période de 2022-2026.
Ce plan de cinq ans prévoit un changement du mix énergétique, en accordant une part plus importante aux énergies renouvelables (hydroélectrique et solaire) et à travers les interconnexions, l’accès aux marchés de l’électricité de la CEDEAO, afin de réduire la part de la production thermique à l’horizon 2026. Il est prévu également dans le plan, le renforcement des capacités et la restructuration des réseaux de transport et de répartition, actuellement saturés.
La mise en œuvre, selon DG, coûtera 2300 milliards de FCFA dont 1300 milliards de FCFA s’inscrivant dans le partenariat public-privé (projets déjà dans les tuyaux : contrats de concession et contrats d’achat d’énergie signés). Selon toujours le DG, 500 milliards de FCFA sont déjà mobilisés auprès des bailleurs institutionnels traditionnels classiques.
Fadiala N. Dembélé/Stagiaire
Le Wagadu