Endiguement des conflits: le mécanisme novateur de l’ECAO
En prélude à un atelier sous régional, prévu dans la première quinzaine du mois de novembre, dont le thème est : ‘’dispositifs pour endiguer les conflits et les nouveaux défis en matière de paix et de sécurité dans l’espace sahélo-saharien’’, l’École citoyenne de l’Afrique de l’Ouest (ECAO), a organisé, hier mardi, un atelier préparatoire, au Carrefour des jeunes, réunissant des partis politiques et de la société civile.
Ledit Forum se fixe comme objectif d’offrir aux futurs leaders de l’Afrique de l’Ouest et plus globalement de l’espace sahélo-saharien, issus des milieux politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux l’opportunité de débattre, d’échanger sur les problématiques de paix et de sécurité qui minent la Région, d’une part, et d’y apporter des réponses durables permettant le développement, d’autre part.
Les propositions endogènes
Il s’agira spécifiquement de : participer à la réflexion sur les crises actuelles et les causes de leur persistance afin de proposer les stratégies adéquates pour les résorber ; susciter un dialogue et une prise de conscience réelle sur l’ampleur des menaces à la paix et à la sécurité régionale ; identifier les propositions endogènes régionales et africaines contributives à l’architecture de la paix ; apprécier la contribution des partenaires pour la paix et la sécurité ; contribuer à l’animation sur les grands enjeux et les défis majeurs de l’espace sahélo-saharien ; créer un réseau des auditeurs de l’ECAO ; contribuer à la revitalisation d’une diplomatie préventive de la sécurité collective…
Dans son format, le Forum consistera en des conférences (plénières), des séminaires, des ateliers.
Les thèmes retenus sont : ‘’la paix au Mali, un espoir pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest ?’’ ‘’L’accord pour la paix et sa mise en œuvre : Avancées, défis et perspectives’’ ; ‘’regards croisés sur les interventions étrangères au Mali’’ ; ‘’quels dispositifs et quelles contributions de la jeunesse au processus de paix au Mali et en Afrique de l’Ouest’’ ; ‘’rôle des femmes dans la résolution des crises au Mali et en Afrique de l’Ouest’’.
La cérémonie d’ouverture de l’atelier préparatoire a été émaillée de 4 interventions.
Les jeunes, acteurs et victimes des crises
Le Directeur du Carrefour des jeunes, Oumar TOURE, a souligné que la jeunesse est confrontée à un certain nombre de crises qui interpellent et auxquelles il faut collectivement trouver des réponses.
Le représentant du CNJ, Mahamane Ibrahim, a justifié l’importance de l’atelier par le fait qu’il vise à outiller la jeunesse et à en faire une potentielle solution à la crise. S’appropriant une réflexion, il a souligné qu’en temps de crise, la seule solution est la jeunesse ; mais quelle jeunesse, s’est-il interrogé ? « Il s’agit d’une jeunesse outillée, audacieuse qui saisit le sens de sa mission », a-t-il répondu.
Pour lui, ceux qui ont été instrumentalisés pour créer le chaos sont les jeunes. Aussi, la solution au chaos passe-t-elle par l’information de cette même jeunesse.
Mahamane espère la transformation de la crise en dynamisme de développement. Pour cela, il invite les jeunes à jouer leur devoir de génération.
Le Directeur des Programmes Jeunesse de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports de la francophonie (CONFEJES), qui relève que les thématiques retenues sont largement partagées par les chefs d’État et de gouvernements à Erevan, assure qu’on ne peut pas laisser les jeunes en marge des questions sécuritaires. Il a assuré que son institution sera attentive aux conclusions de l’atelier.
Le président de séance, Mahamane SIDIBE, Conseiller technique au ministère de la Jeunesse et des sports, a d’abord invité les jeunes à aller à l’école des valeurs des pionniers qui sont pour toute la vie.
Ensuite, il a souligné que l’effervescence sur les fronts sociaux, l’expansion du fondamentalisme, la multiplication des milices s’appuient sur les jeunes qui sont aussi acteurs que victimes. Aussi, a-t-il rappelé l’engagement du Président IBK à placer les jeunes au cœur de son second mandat auquel fait écho le rapport de l’ONU qui dit que les jeunes ne doivent pas être les grands absents de la paix.
Pour terminer, M. SIDIBE a souligné que la paix se construit dans les actes de tous les jours.
Le Directeur exécutif de l’ECAO a rappelé que la jeunesse représente 70 % de la population. Ce qui en fait est un potentiel qu’il faut cependant transformer. Le défi, pour lui, c’est l’implication de ce potentiel dans le développement, la prise de décision. Pour cela, a-t-il mis en exergue, il existe différentes dispositions. Aussi, en déduit-il que la problématique est son autonomisation, tout en se faisant l’écho du rapport du Secrétaire général de l’ONU qui dit que les jeunes ne doivent pas être les grands absents de la paix.
Gouvernance et extrémisme violent
Dans le vif de l’atelier, le Dr Abdoulaye SALL, Président de CRI-2002, ancien ministre chargé des relations avec les institutions, a présenté le thème : ‘’crise de la gouvernance et des institutions, un terreau fertile aux conflits et menaces sécuritaires au Sahel et au Sahara’’.
Le conférencier fait de la crise un danger et une opportunité. Une opportunité, parce que le Mali est un grand pays qui a connu 3 grands empires et que le Soudan s’étendait au-delà des frontières actuelles du pays.
Il a attiré l’attention sur la possible confusion entre démocratie et bonne gouvernance.
Pour le Dr SALL, la démocratie et la paix sont des idéaux, elles ne sont pas saisissables. Elles sont réalisées par la bonne gouvernance. À ce niveau, il rappelé qu’on gouverne de près et qu’on administre de loin ; aussi a-t-il dit qu’on gouverne avec la politique et qu’on administre avec les compétences.
Il a présenté la bonne gouvernance comme un système dans lequel l’État même n’est pas au-dessus des lois. Comme autres indicateurs de la bonne gouvernance, on accède au pouvoir par le suffrage universel ; la séparation des pouvoirs ; une société civile forte ; la gouvernance climatique qui intègre la réalité selon laquelle le Sahel est une bande, non un seul État, avec un climat dur qui nécessite des plans de développement forts.
Parlant du terreau fertile, le Dr SALL a souligné l’importance de s’entendre sur l’essentiel ; la promotion du vivre ensemble bâti sur le socle familial.
L’enjeu actuel pour la jeunesse, conclut le conférencier, est de transformer les crises en opportunités de développement.
À sa suite, Modibo TRAORE, Directeur des Programmes Jeunesse de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des sports de la francophonie (CONFEJES) a exposé le thème : ‘’jeunesse, radicalisme et extrémisme violent : quelles contributions de la CONFEJES ?’’
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin