Toute rupture amoureuse est douloureuse pour celui qui la subit. Mais elle est encore plus pénible pour une femme enceinte. Comment surmonter cette épreuve et vivre sa grossesse de la façon la plus sereine possible ? Enquête.
Enceinte… et séparée
Petit dernière d’une grande fratrie unie, Mathilde s’imaginait reproduire le schéma familial. Mais Thibault est parti un matin de novembre sans rien dire. Pourtant ce bébé, ils l’avaient désiré ensemble. Après un long parcours en procréation assistée, Aude est enfin tombée enceinte. Son mari a alors commencé à s’éloigner. Quelques mois plus tard, il la quittait définitivement. « Ces histoires sont rares mais elles existent, confirme la psychologue Corinne Antoine, qui reçoit tous les jours en consultation des futures et jeunes mamans. Certains hommes ne parviennent pas à assumer leur future paternité et fuient. » Sans l’avoir choisi, ces femmes se sont toutes retrouvées seules à un moment crucial de leur vie. A la douleur de la rupture s’est ajouté le bouleversement de la maternité.
La grossesse : une aventure hors norme
Tout comme l’adolescence, la grossesse est une période extrêmement intense sur le plan psychique. Cet état particulier peut réveiller ou faire naître toutes sortes d’angoisses et fantasmes. Enceinte, on est en général plus sensible. On a besoin de repères, d’écoute et de chaleur. Le futur papa est bien souvent le seul interlocuteur convoqué. Celui avec qui on partage ses craintes mais aussi ses joies. Sa présence est fondamentale tout au long de ces neuf mois. « Le compagnon aide la femme à s’épanouir en tant que femme et en tant que mère. Il la rend plus forte, c’est une évidence. » Mais s’il fait défaut ? Si, pire une nouvelle personne partage sa vie ? « Ces futures mamans là sont plus anxieuses plus stressées que les autres, poursuit la psychologue. Elles ont peur d’être toute seule la nuit, d’avoir un malaise. Plus elles avancent dans la grossesse plus elles sont fatiguées et paniquent car elles réalisent qu’elles n’ont personne pour les aider. »
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Du soutien des professionnels…
Chacune réagira à sa manière et trouvera les ressources pour surmonter cette difficulté. Malgré la séparation, « il y a des femme qui réussissent à se projeter dans le positif, dans la construction. D’autres rejettent au contraire cette grossesse qu’elles jugent responsable du départ de leur conjoint. » Dans ce deuxième cas, lorsque la femme enceinte vit mal sa maternité et se replie sur elle-même, le risque, c’est bien évidemment qu’elle fasse une dépression. Les futures mamans ne sont pas épargnées par cette maladie dont on connaît aujourd’hui les effets délétères sur la grossesse et le bébé. On sait également qu’elle débouche dans 50 % des cas sur une dépression du post-partum. Une prise en charge précoce s’avère donc indispensable. « Quand on s’aperçoit que le contexte est difficile, on demande aux mamans si elles sont entourées, assure le Dr Vahdat, gynécologue-obstétricien. Si on détecte une fragilité psychique, on fait en sorte que la femme enceinte soit prise en charge avant la naissance ». Au delà du suivi médical, les professionnels de santé ont aussi pour mission d’écouter les futures mamans et de les d’orienter vers le psychologue de la maternité ou de la PMI s’ils le jugent nécessaire. L’entretien du 4e mois a été spécialement créé pour repérer les situations à risque.
… à celui des proches
Lorsque le compagnon n’est plus là, la famille peut également apporter un soutien dans ce moment clé. « Certaines femmes abandonnées par leur conjoint retournent dans la ville où est leur famille. Elles se réinstallent près de leur parent car elles sentent qu’elles ont besoin à ce moment là d’être sécurisées », observe la psychologue. Pour aller mieux et profiter de sa grossesse, une présence amicale ou familiale est essentielle. Des personnes avec qui on pourra se libérer de sa rancœur, parler de ses peurs et surtout évoquer le futur. Julia a trouvé du réconfort auprès de ses amis les plus proches. Elle l’affirme, c’est ce qui l’a sauvée. »