Élections régionales à Bamako : Les favoris, les cachés et les outsiders
Pour les élections régionales du district de Bamako prévue pour le 17 décembre prochain, le délai de rigueur pour le dépôt des listes était prévu le 2 novembre. Les élections à Bamako présentent bien de challenges en dépit du fait que chacun des leaders possède des atouts, mais aussi des faiblesses.
Au regard des forces en présence, on peut dire sans risque de se tromper qu’on s’achemine vers un combat épique.
Adama Sangaré, maire du district de Bamako a été désigné par son parti, l’Adéma-PASJ comme tête de liste pour la « bataille » du 17 décembre. Outre la famille des Abeilles, le maire Sangaré sera soutenu par plusieurs formations politiques. Homme courtois, la principale force de M. Sangaré est qu’il dispose d’un électorat qui lui est demeuré fidèle en dépit des moments difficiles que son parti traverse. Pour les observateurs de la scène politique, le maire Sangaré est également connu pour être un homme politique extrêmement averti ce qui témoigne de sa capacité personnelle à transcender un certain nombre d’obstacles pouvant lui ôter la chance d’être élu. En plus, son bilan plus qu’élogieux à la tête du district plaide en sa faveur. De plus, il vient de relancer aux USA, des jumelages qui ne feront que du bien à notre capitale.
Le Rassemblement pour le Mali (RPM) a jeté son dévolu sur Issa Guindo, un ancien maire de la Commune IV de Bamako. Au regard du score du RPM, lors des élections municipales passées à Bamako, l’on peut d’emblée penser que la victoire sera sans doute du côté de M. Guindo. Le hic est qu’Issa Guindo n’a pas bonne presse du côté des Bamakois. Lors de son passage à la mairie de la commune IV de Bamako, M. Guindo n’a pas laissé un tableau reluisant. Ce qui peut jouer en sa défaveur surtout qu’aux dernières élections, son parti a été malmené par des jeunes formations et des indépendants. Autre désavantage, au sein de sa propre formation politique, le RPM, la candidature de l’homme ne fait pas l’unanimité. M. Guindo doit batailler dure pour convaincre les Bamakois. Un favori qui pourrait trébucher en cas de maladresse.
Quant à l’Union pour la République et la Démocratie (URD), elle ira en alliance avec la Convergence d’actions pour le peuple (CAP) de Racine Thiam, un ancien directeur de communication de la Présidence. Cette alliance sera conduite par Me Demba Traoré, secrétaire à la communication du parti de la poignée de mains, ancien député, ancien ministre et ancien conseiller communal en commune VI. Bien que connu des Bamakois, M. Traoré a peu d’envergure pour diriger le district de Bamako. Toutefois, le jeune avocat peut se faire entendre en Commune VI où son parti a pu se hisser premier lors des municipales dernières. Et ce n’est pas le soutien du CAP qui lui épargnera les déluges de feux des candidats favoris. Les amateurs de secondes chances peuvent se hasarder à lui faire confiance.
Poulo non partant officiel
Longtemps cité dans la presse comme étant le candidat de la Codem, Housseini Guindo a démenti les journalistes. Lui et ses camarades du bureau ont porté leur confiance à un transfuge de l’Adéma PASJ, Kader Sidibé, ancien maire de la Commune III et ancien président de l’Association des municipalités du Mali (AMM).
Considéré par bon nombre d’observateurs comme un animal politique, Kader Sidibé, malgré ses rapports cordiales avec des notabilités de Bamako pourrait se voir bloquer le fauteuil de maire de Bamako. Une dernière faiblesse se greffe à M. Sidibé, son parti, la Codem avait fait piètre figure au cours des consultations dernières. En l’absence d’une alliance, il sera difficile pour Kader Sidibé de se frayer un chemin face à deux grands favoris.
Un autre candidat déclaré pour l’élection des régionales de Bamako est le président du parti Yelema, Moussa Mara. Ancien Premier ministre, ancien ministre de l’Urbanisme, ancien maire de la Commune IV, Moussa Mara, malgré la jeunesse de sa formation politique, reste imbattable en Commune IV depuis plus de 10 ans. Il peut profiter de la somme d’expériences acquises pour inquiéter les grosses formations en lice surtout qu’il reste le chouchou des jeunes. L’homme a profité de son passage au gouvernement pour mieux implanter son parti à Bamako. L’inscrire dans le tableau des secondes chances ne serait pas une mauvaise chose.
L’ADP-Maliba, Sadi, les Fares, le PIDES, le Parena, le parti « Lumière » ont formé une alliance. Leur porte étendard n’est autre que le jeune Alhousseini Abba Maiga. Le jeune Abba aura fort à faire face aux grosses pointures. Reconnu pour être un jeune dynamique, audacieux, M. Maiga testera sa popularité pour la première fois à ce niveau de la compétition. En revanche, sa bourse qui n’est pas forcément pleine aux astres pourrait aussi lui être fatale sachant que la question des élections au Mali est toujours une question de gros sous. Autre handicap, les partis qui le soutiennent n’ont pas de bases solides et ne sont pas bien implantés à Bamako. Totalement inconnu du milieu du gotha politique, la principale faiblesse de Maiga sera son inexpérience politique ce qui pour des échéances de la sorte peut payer très cher. M. Maiga appartient à la catégorie des outsiders, mais peu mieux faire. Toutefois, la liste tenue par Abbas Maiga peut réussir à tirer à son épingle du jeu si les Bamakois n’accorderaient pas leur confiance aux favoris.
Pour ces élections régionales à Bamako, les partis membres de la majorité présidentielle : l’Adéma, le RPM, la Codem ont présenté chacun leur candidat. Or, l’esprit de la création de la CMP voudrait que lesdites formations forment une alliance et présenter un seul candidat face à des formations de l’opposition qui ont fait pour certains, une alliance. Qu’à cela ne tienne, les partis de la CMP formeront certainement un blog derrière le candidat arrivé au second tour.
Le moins que l’on puisse dire est que ses élections seront un test grandeur nature pour les partis politiques à moins de 11 mois de la présidentielle de 2018.
La bataille pour les élections régionales dans la circonscription électorale de Bamako sera rude et seuls les « requins » pourront émerger.
Amadou Sidibé
La rédaction