L’année 2023 et le 11 juin (pour les éléments des Forces armées et de sécurité) et le 18 juin pour tout le reste des citoyens maliens, le référendum constitutionnel que le Colonel Assimi Goïta a proposé au peuple a été voté. A chance égale, les partisans du OUI et ceux du NON se sont exprimés sans entrave. Conformément à la loi, l’AIGE a proclamé les résultats provisoires et la Cour constitutionnelle a rendu son arrêt le 21 juillet, proclamant que le Peuple souverain du Mali a adopté la nouvelle constitution soumise à sa sanction le 18 juin 2023. Le lendemain, moins de 24 heures après l’arrêt de la Cour constitutionnelle, le Président de la Transition, Chef de l’Etat, a promulgué la nouvelle constitution qui nous installe de facto dans la quatrième République.
On aura noté la célérité avec laquelle le Chef de l’Etat a procédé à la promulgation de la désormais constitution du 18 juin 2023, acte fort pour signifier clairement que des choses importantes attendent et qu’il urge donc que l’on leur consacre le temps, l’intelligence et toute l’énergie qu’il convient de la part d’un peuple qui n’aspirait qu’à desserrer autour de soi l’étau de toutes les violations de souveraineté dont il était victime. Avec la promulgation de la nouvelle constitution par le Colonel Assimi Goïta, il s’agit de l’épilogue du scrutin référendaire, mais également du prologue du processus de sortie de la transition. C’est une très bonne chose qui dénote du sérieux des autorités actuelles et de leur volonté de respecter leurs engagements vis-à-vis du peuple malien et de la communauté internationale. Au regard des intentions qui ont exigé sa rédaction, cette nouvelle constitution projette le Mali dans la quatrième République et, en cela, le concept de Mali Kura prend tout son sens. Une nouvelle République n’est intéressante que dans la mesure où elle marque une rupture d’avec le passé. Elle suppose un changement de paradigme en ce qui concerne la gouvernance, l’éthique politique et administrative, les mentalités et les comportements de tous les jours. D’où la nécessité de l’appropriation par les Maliens de tous les enjeux de la nouvelle loi fondamentale. Il est donc nécessaire désormais, cela va sans dire même, que les querelles de chapelle s’estompent pour laisser place à une union sacrée des Maliens autour de l’essentiel, c’est-à-dire une transition apaisée qui devra nous conduire à la mise en place de nouvelles institutions librement choisies par la majorité des Maliens. Qu’est-ce que la démocratie, sinon que la minorité accepte que la volonté de la majorité s’exerce en dépit des expressions plurielles qui ne manqueront pas de se faire entendre ?
C’est parce qu’il y a eu des dérives énormes répétées, qu’il y a eu comme trame de la vie publique les violations sans fin des bonnes règles et des manquements inouïs aux bons principes et à la vertu que le Mali en est arrivé à perdre 73% de son territoire qu’il urge de reconquérir. C’est parce qu’il y a eu des dirigeants compromis avec les insatiables prédateurs venant d’ailleurs que les dividendes des ressources maousses de notre sous-sol tombaient régulièrement dans les escarcelles de ceux qui nous exploitent, de ceux qui nous violent en permanence. Qu’on ne dise surtout pas qu’il n’y a point de coupables et que toutes les gouvernances passées avaient le souci du Mali et des Maliens ! Qu’on ne dise pas qu’au nom de la réconciliation nationale il faut permettre aux prédateurs d’hier de venir s’amender en leur confiant à nouveau les commandes des affaires publiques ! Le déni de vérité et de justice chez un peuple qui aspire à repartir de bon pied est un suicide. La quatrième République n’est pas l’Etat où il faut blanchir les hommes politiques véreux et les acteurs mafieux de la société civile. Ce n’est pas non plus l’occasion de laisser pourrir les dossiers de corruption dans les tiroirs. Perdre tout cela de vue est une trahison d’avance du peuple. Qui ne veut plus ni d’officiers ni civils félons.
Amadou N’Fa Diallo