Les fréquentes coupures du courant exaspèrent outre mesure les populations depuis des semaines. Depuis bien des années, la question de l’électricité se pose au Mali. De nombreuses solutions essayées pour la satisfaction de la demande restent non résolues. À présent, la résilience des Maliens s’effrite chaque jour. Au-delà de l’exaspération générale, on en est à proférer des imprécations contre les autorités. Les malédictions fusent en effet de partout. Le ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Eau est particulièrement sur la sellette. On veut qu’il rende le tablier, on réclame qu’il soit vite démis de ses fonctions, sa tête est mise à prix, aucun nom d’oiseau n’est en tout cas pas trop vilain pour le qualifier. Même le Président Assimi Goïta, qui n’est d’ordinaire que la cible de quelques politiciens ringards, n’est plus épargné par des quolibets. Bref, la situation est très mal vécue, elle est lourde d’explosion sociale. Parce que, pour un spécialiste, il y a un problème de communication.
À cause des coupures de courant, les métiers ne bourdonnent en effet pas, les industries sont obligées de recourir plus fréquemment aux groupes électrogènes, privilège que n’ont pas de nombreux petits acteurs économiques, malheureusement le plus grand nombre. Même les morts sentiraient la gêne dans les morgues, assurent certains, entre humour et colère. Il va s’en dire que les petites sociétés commerciales et détaillantes, sans compter les pauvres, sont très vulnérables aux perturbations majeures de l’approvisionnement énergétique. Il s’y ajoute l’urbanisation rapide des villes maliennes alors que l’approvisionnement fiable en énergie verte est une nécessité absolue pour le bien-être populaire et la croissance socio-économique. Or, depuis des lustres, pour la nation malienne comme d’autres, le réseau énergétique dépend fortement du thermique importé pour la production d’électricité. Cette réalité, feinte ou non, rend les économies locales vulnérables aux perturbations de l’approvisionnement, à la volatilité des prix sur les marchés mondiaux du pétrole.
Malgré, donc, des ressources abondantes et des coûts en baisse du pétrole, seule une petite fraction de l’électricité est encore produite à partir de l’énergie solaire dans le monde en général et particulièrement au Mali. Il y a là à souligner un réel obstacle à l’adoption de nos gouvernements pour ce qui est du coût initial de la réalisation d’une évaluation détaillée du potentiel technique et économique. Mais, comme le disent les Antillais, “Il n’y a pas de prière qui n’a pas de Amen”. Et notre prière adressée à Dieu, le très généreux, a été exaucée, qui nous a offert gratuitement le soleil.
L’usage du solaire pourrait couvrir les quartiers de Bamako et les grandes villes comme les capitales régionales, ce qui peut alléger la demande. Il y a explorer (ou à réexplorer) les bienfaits du solaire. Selon les informations reccueillies auprès d’un averti, le Mali pourrait recourir à la Chine qui lui prêtera, c’est certain, les fonds nécessaires pour “acheter le matériel en Chine”. Toujours selon lui, en trois mois, l’affaire peut être rondement conclue. Sinon, toutes les coupures de courant ne sont pas étrangères aux néo-colons qui ont trouvé en l’électricité un moyen de coïncer le Mali, il faut le savoir. Autant suggérer aux autorités maliennes de demander à l’ambassadeur de Chine une aide d’urgence en leur livrant des générateurs qu’il faut. C’est ce que Alpha Oumar Konaré aurait fait en 2002 pour sauver la CAN. La Chine, qui a déjà livré des armes de guerre hautement stratégiques et efficaces à nos autorités, ne rechignerait pas à parer au plus pressé pour soulager les Maliens en matière d’électricité.
Amadou N’Fa Diallo
Le National