Le 29 juillet, il n’y a pas une semaine pleine, l’ambassade des U.S.A. à Bamako a lancé aux ressortissants américains un appel à quitter le Mali en raison de fortes menaces qui pèsent sur notre pays. Que cela s’adresse au personnel non essentiel de la représentation américaine ou à tous les Américains vivant au Mali, peu importe. Il s’agit d’un avertissement d’une ambassade réputée pour être bien informée. Quelques questions s’imposent aux esprits depuis. Simple précaution diplomatique ? Volonté délibérée d’en ajouter au climat de psychose au regard de la recrudescence des équipées sanglantes dont les populations maliennes sont de plus en plus les victimes partout sur le territoire national ? Menace réelle qui prévient d’un plan d’envahissement déjà ficelé ?
Un mois avant, le jeudi, 30 juin 2022, en marge du sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Madrid, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Alvarès, avait défrayé la chronique en se fendant d’une déclaration pour le moins saugrenue. Il affirmait, en effet, tout de go : “Nous n’excluons pas une intervention au Mali…” au motif, ajoutait-il, que si les intérêts des pays de l’OTAN étaient menacés, “…nous le ferions …” Notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, s’est entretenu avec lui par téléphone et il avait un tant soit peu édulcoré ses malencontreux propos. Quant à l’ambassade espagnole à Bamako, elle avait vite fait d’émettre un communiqué pour dire tout le bien de la coopération entre le Mali et l’Espagne. N’empêche, les États-Unis d’Amérique, sans contestation possible, sont le pays le plus important de l’OTAN, ce qui donne, en ces temps difficiles pour notre pays, un poids énorme à l’invitation faite aux Américains dont la présence ne serait pas essentielle de s’en aller du Mali.
Le jeudi dernier, le Président de la Guinee-Bissau, le général Umaru Cissokho Embalo, nouveau président en exercice de la CEDEAO, a cru devoir, à son tour, proférer une menace d’allure générale, mais clairement destinée au Mali, de préparation d’une force anti-putschiste, oubliant la cinglante réponse donnée à Goodluck Jonathan le 21 décembre 2021 par Colonel Assimi Goïta quant à la capacité du Mali à faire face, pas seulement à une fantomatique force en attente de la CEDEAO, mais à deux ou trois autres fronts qu’il plairait à celle-ci d’ouvrir contre son pays. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont, dont, entre autres, l’embargo du 09 janvier 2022.
Inutile de parler de l’animosité morbide que la France d’Emmanuel Macron voue au Mali. L’essentiel pour les Maliens, c’est que nous avons conscience que les autorités de la Transition font tout pour donner à notre vaillante armée les moyens indispensables à l’accomplissement de sa mission. Celle-ci, après le déclenchement de l’offensive d’envergure du 28 décembre 2021, a vu ses capacités renforcées le 30 mars 2022 par l’acquisition de nouveaux équipements, puis d’autres, acquis auprès de la Russie. Début avril, elle recevait encore des blindés aptes au combat sur terre achetés à la Chine, lesquels seront remis officiellement le 19 juin dernier au Commandement par le Colonel Assimi Goîta. Ce qui reste, c’est le peuple qui doit faire l’union sacrée autour de son Armée, il n’y a pas à avoir peur, il faut tenir. Les ennemis ne nous accorderont aucun répit, mais ce n’est pas une raison de leur offrir le cadeau de céder à leurs menaces.
La France, singulièrement, veut notre perte. À l’approche de la mi-août où ses forces doivent définitivement quitter notre pays, attendons-nous à des actes désespérés de sa part, sorte de baroud d’honneur qui ne lui a pas réussi à Dien Biên Phu, ne nous l’oublions pas.
Il y a que nous ne sommes pas seuls dans notre combat pour recouvrer notre souveraineté entière, reconquérir la totalité de notre territoire. Cela nous demande du patriotisme, de l’engagement, de la bravoure, de la hardiesse même. Nous avons les dignes Panafricanistes avec nous, les Occidentaux progressistes aussi, et la Russie, et la Chine, encore et encore. L’inquiétude que suscite le réarmement de l’armée malienne par la Russie pour devenir une force opérationnelle sous régionale, en plus de l’armée algérienne dont ils n’ont pas encore réussi à déstabiliser le pays dans la perspective de leur projet machiavélique et géostratégique de s’installer et contrôler le Sahel via la France, provoque la diarrhée chez ceux d’en face. Pour rappel, ce qu’ils nous veulent, c’etait le même scénario avec la Libye et la Syrie. Mais l’alliance Russo-malienne est un atout pour l’honneur de la Russie qui a une rancune contre Macron et l’OTAN qui l’ont accusée d’entretenir au Mali des mercenaires Wagner. La Russie attend certainement l’opportunité de leur administrer la belle giffle sur le théâtre des hostilités au Mali. Ce n’est pas à nous d’avoir peur, nous avons plutôt à défendre la patrie contre tous ses ennemis.
Amadou N’Fa Diallo
Source: Le National