« Le gouvernement de la république du Mali demande le retrait sans délai de la MINUSMA. Ni les propos du Secrétaire Général, encore moins le projet de résolution en cours de négociations par les membres du Conseil de sécurité n’apportent de réponse appropriée aux attentes des Maliens ». Ces propos, on ne peut plus clair, sont ceux du ministre des Affaires Etrangères du Mali, prononcés à New York devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Cette demande de retrait de la mission des Nations au Mali est largement partagée par une majorité de maliens qui l’exigeaient, à travers des meetings. Le récent Rapport biaisé de la Division des droits de l’Homme de l’ONU sur les événements de Moura (mars à avril 2022) a certainement servi de catalyseur pour favoriser la rupture entre les deux partenaires. Qui ne se comprenaient plus.
Après l’expulsion des forces francaises ou européennes (Barkhane, Takuba et EUTM), de l’ambassadeur de France au Mali, la résiliation de l’accord de coopération militaire du Mali avec la France, la récusation de la France comme Porte-Plume du Mali à l’ONU, la décision du retrait de la MIUNUSMA du Mali, n’est qu’une suite logique qui cadre avec le nouveau paradigme de gouvernance adopté par Bamako. Oui, ce sont les autorités maliennes qui ont demandé, en 2013, le déploiement de la MINUSMA. Après dix ans de présence infructueuse et à la veille du vote d’une résolution par le Conseil de sécurité, prévu le 29 juin 2023, sur le renouvèlement de son mandat, si les mêmes autorités réclament son départ, il y a toutes les chances que leur requête soit acceptée.
Déployée au Mali en 2013 sous le chapitre VI des Nations Unies, la MINUSMA, avec ses forces militaires (estimées à 11 676), son effectif de Police (1 548) et ses fonctionnaires civiles (1792), devrait contribuer, comme son l’indique, à la stabilité du Mali. Mais avec le recul de dix ans, il est une évidence qu’elle n’a pu répondre convenablement à la mission à elle confiée. Après le départ des forces francaises et européennes , la résiliation de l’accord de coopération militaire du Mali avec la France, la récusation de la France comme Porte-Plume du Mali à l’ONU, la décision du retrait de la MIUNUSMA du Mali, n’est qu’une suite logique qui cadre avec le nouveau paradigme de gouvernance adopté par Bamako. Qui réfute désormais toute ingérence et diktat des puissances extérieures dans la gouvernance du pays.
Depuis un certain temps, la mission onusienne, accusée par Bamako d’instrumentaliser les populations maliennes qu’elles opposent les unes aux autres, est plus que jamais considérée comme une partie de la crise malienne (un problème) qu’un appui à sa résolution (une solution). Alors que le Mali a désormais fait le choix stratégique assumé, édicté par sa vision indépendante et souveraine dans la lutte contre le terrorisme international au Sahel. Lequel doit cheminer vers le retour de la souveraineté de l’Etat du Mali sur l’ensemble du territoire national. A cet effet, le retrait de la MINUSMA (devenue un problème) du Mali est une décision logique, souveraine et courageuse des autorités de la Transition. Dont la majorité des maliens n’ont de cesse réclamé.
Toutefois une chose est de demander le départ de la MINUSMA mais une autre est d’occuper le vide (dans tous les domaines) que va laisser celle-ci. Car, en dix ans de présence, la MINUSMA a créé un réseau (une caste) de fonctionnaires locaux privilégiés (les salaires des employés locaux sont plus élevés que la norme nationale, même s’ils ne bénéficient pas d’assurances sociales). Il faudrait que l’Etat malien, une fois que le départ de la mission onusienne devienne définitif, œuvre à redéployer une partie de ses employés dans des structures étatiques ou paraétatiques. Il pourrait également aider les autres, par le biais de formations en entreprenariat, à créer leurs propres entreprises. Ce faisant, l’Etat malien éviterait d’avoir sur ses bras des néo-chômeurs.
Aussi, en chassant la mission onusienne, les autorités de la Transition malienne doivent redéployer les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), l’administration et les services sociaux de base sur l’ensemble du territoire national. En l’occurrence dans sa partie septentrionale et centrale. D’autant que, en dix ans de présence au Mali, la MIUSMA s’est notamment conduite en philanthrope, par la réalisation ou la réfection d’infrastructures (centres de santé, écoles, commissariats de police, forages…) et la fourniture de vivres.
En somme, il faudrait que l’Etat malien œuvre illico presto pour occuper le vide que va laisser la MINUSMA. Cela pourrait rassurer les bénéficiaires de ces nombreuses œuvres.
Gaoussou Madani Traoré
Le Pélican