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Edito : Négligence inadmissible au sommet de l’Etat

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«Mali : le défi du terrorisme en Afrique» est le titre d’un  livre controversé  que vient de publier le Colonel Alpha Yaya Sangaré, Officier Supérieur des Forces Armées maliennes. La  dédicace  de son  ouvrage  a eu lieu  en grande pompe,  sous la présidence du ministre d’Etat, porte-parole du gouvernement, Colonel Abdoulaye Maïga. Mais patatras, le samedi 24 février 2024, quasiment  une semaine après, une partie du  contenu du livre  est dénoncée par les autorités.  Par  un  communiqué laconique, diffusé sur les antennes de  l’ORTM, le ministre de la Défense et des Anciens combattants par intérim déplore que «certains paragraphes du livre  portent de prétendues incriminations graves de violation des droits de l’homme par les FAMa avec la complicité de la hiérarchie militaire et des sabordages à l’égard de l’Etat du Mali.».

L’Article 4 de la Constitution malienne de 2023 stipule : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la Loi. Donc,  à prime abord, l’auteur de l’ouvrage  «Mali : le défi du terrorisme en Afrique» a le droit de penser et écrire  en toute liberté. Sauf que  sa qualité d’officier supérieur des Forces Armées maliennes en activité devait   normalement  lui faire  soumettre à une  demande d’autorisation spéciale pour non seulement, écrire  son livre (dont le thème est d’importance et  d’actualité)  mais aussi  pour le publier. Le Colonel Alpha Yaya Sangaré a-t-il eu recours à cette autorisation spéciale ?  Sinon, comment  se fait-il qu’il a néanmoins pu éditer son  livre  (quasiment sa thèse de Doctorat) à l’extérieur  sans que la hiérarchie  militaire  n’en soit pas informée du contenu ?  Pire, comment des officiels maliens (des ministres et Hauts cadres de l’Etat), même à titre privé, ont pu répondre à l’invitation pour la dédicace d’un livre qui traite d’un sujet aussi sensible qu’est la lutte contre le terrorisme, sans au préalable s’imprégner de son contenu intégral,  alors  qu’il volumineux  seulement  que  de quatre  cents pages?

Apparemment, les uns et les autres ont fait preuve d’une  grande naïveté et de  laxisme  dans cette affaire qui défraie désormais la chronique.  Et la   volte-face médiatique des autorités maliennes atteste notablement d’une négligence inadmissible au sommet de l’Etat et des renseignements généraux. Qui  sera certainement  lourde  de conséquences pour l’image du Mali. Déjà, des sources indiquent  que les Organisations Internationales des  Droits de l’Homme  (diligentées par les Gouvernements  occidentaux) et la  fameuse CPI auraient commencé à élaborer un dossier contre les autorités de notre pays. Alors, des questionnements  s’imposent.

Pourquoi la publication et la dédicace  de l’ouvrage,  intitulé : «Mali : le défi du terrorisme en Afrique»,   maintenant ? Pour quelles fins utiles ? Pourquoi aucun officiel présent à la cérémonie de dédicace  n’a cherché à savoir  si l’ouvrage a été préalablement lu par leurs conseillers ? Où étaient  d’ailleurs, ces pléthoriques  conseillers des départements de la Défense et de la Sécurité Intérieure  mais aussi de l’Administration  territoriale?  L’auteur s’est-il fait piéger par son éditeur qui aurait  glissé à son insu, le rapport tant  controversé de uman HuHh Human  Rights   Watch à l’intérieur du livre?  Ou a-t-il lui-même sciemment inséré le rapport ?

De toute façon, le Col Alpha Yaya est désormais sous mandat de dépôt.  Bénéficiant de la présomption d’innocence, il  sera face à la Justice militaire  de son pays  pour se défendre. Espérons que le Droit sera   bien dit  dans cette  rocambolesque  affaire. Dont les autorités de la Transition  n’avaient nullement besoin en ces moments  de crise multidimensionnelle et de mutation géopolitique internationale.

Gaoussou Madani Traoré

Le Pélican

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