« Les autorités françaises, profondément anti-françaises, pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme ». Cette assertion, dont le contenu sémantique stigmatise le pouvoir français, en le qualifiant de « junte », est prononcée, le samedi 24 septembre à New York, du Haut de la Tribune de l’Assemblée Générale des Nations, par Abdoulaye Maïga, le Premier ministre par Intérim (PMPI) du Mali. Evidemment, c’est la réponse du Berger à la Bergère d’autant que c’est le qualificatif « junte » que les autorités françaises ont toujours utilisé pour désigner la Transition malienne !
C’est un secret de polichinelle, entre le Mali et la France, plus que jamais, le torchon brûle. Depuis plusieurs mois, il persiste une tension diplomatique entre les deux pays. Anciennement alliés pour lutter contre le terrorisme au Sahel, Bamako et Paris ne se parlent plus officiellement. L’ambassadeur français a été expulsé du Mali, depuis des mois, après qu’il ait remis en cause les autorités de Transition. Fin août, toutes les bases militaires sont libérées et le dernier soldat français de « Barkhane » a officiellement quitté le sol malien.
Néanmoins, l’ombre de Barkhane et de la France plane sur notre pays. Bamako reproche à Paris de soutenir le terrorisme sur le territoire national. Les Autorités maliennes affirment détenir des preuves tangibles contre la « junte française ». Ainsi, depuis quasiment un mois, le Chef de la diplomatie a déposé une saisine auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU pour débattre de la question. Mais la France (membre permanent du Conseil de Sécurité et détenteur du Droit de Véto) et ses alliés occidentaux n’en veulent pas. Ils œuvrent inlassablement pour la bloquer. Comme si cela ne suffisait pas, Paris continue ses invectives contre les Autorités et, par procuration, œuvre à déstabiliser Bamako.
Face à toutes ces adversités, les Autorités maliennes ont alors fait le choix d’aller à l’offensive diplomatique et communicationnelle. Ainsi, la Transition malienne s’est visiblement mise dans une dynamique où elle ne va plus se contenter d’encaisser passivement les incessantes invectives proférées, à son encontre, par le président Macron et sa « junte gouvernementale ». Pareillement, celles émanant de certains dirigeants de la sous-région ouest-africaine, dont principalement : Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Bazoum Mohamed du Niger ou Umaro Sissoco Embalo de la Guinée-Bissau, recevront désormais une réponse amère. De sorte que ces suppôts de la France-Afrique, tout comme le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres (au service du monde occidental), ont chacun reçu sa part de diatribe lors du cinglant réquisitoire que le PMPI a prononcé devant la Tribune des Nations Unies.
Dans cette logique que le PMPI a, dans son discours-réquisitoire, étrillé « la Junte française » qu’elle considère comme «profondément anti-française». Col Maïga a aussi dénoncé la «pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde» du gouvernement français. Il a aussi dénoncé l’ingérence et le parti pris du Secrétaire Général de l’ONU dans le différend bilatéral qui oppose son pays à la Côte d’Ivoire. A cet effet, il a réaffirmé que les « 46 soldats ivoiriens » sont des «mercenaires». Et en tant que tels, leur situation ressort du judiciaire.
Mais qu’en est-il des suppôts ? Chacun aura reçu sa dose de diatribe. Ainsi, le PMPI a vertement critiqué le Chef d’Etat nigérien, Mohamed Bazoum, « l’étranger qui se réclame Nigérien ». Pour Alassane Ouattara, Col Maïga a décrit avec ironie la «manœuvre» qui lui a permis de «conserver le pouvoir pour lui seul et son clan», en tripatouillant la Constitution ivoirienne pour obtenir un troisième mandat. Lequel n’est ni plus ni moins qu’un Coup d’Etat constitutionnel. Alors que le président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, accusé de «mimétisme» des Nations unies, est déclaré, par le PMPI, ne pas être qualifié pour diriger cette organisation.
En somme, le message du PMPI est, on ne peut plus clair. Entre les Autorités maliennes de la Transition et leurs détracteurs, ça serait dorénavant œil pour œil, dent pour dent !
Gaoussou Madani Traoré
Le Pélican