Edito : Le RPM et L’ADEMA s’en tirent à mauvais compte
Après un combat âpre mené par les cadres du RPM pour faire partir le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga, Bocari Tréta et ses camarades espéraient s’en tirer à bon compte. Ils ont fini par être payé en monnaie de singe par leur camarade, devenu Président de la République, IBK. Ni la Primature, ni des ministères régaliens encore moins un nombre conséquent de postes ministériels n’ont été attribués au RPM, malgré sa majorité relative au parlement.
La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir pourquoi le Président de la République a tant de mépris pour les cadres du parti qui lui a porté au pouvoir ? Oui du mépris parce que le premier des ministres RPM dans le gouvernement, par ordre de préséance, est à la huitième place, en l’occurrence Me Baber Gano, ministre de l’Intégration Africaine. A ce mépris souverain, vient se greffer le nombre éminemment petit des ministres issus du parti dans le gouvernement de Boubou Cissé.
Le parti des Tisserands ne compte que cinq ou six ministres, ce qui est en deçà de leur poids politique. Le RPM, le plus grand parti de la Mouvance présidentielle, se trouve dans une mauvaise posture et ses cadres disent ne pas comprendre comment celui qu’ils ont porté au pouvoir peut avoir un tel dédain à leur égard. Ils disent déposer les armes ; mais ne pas les brûler ; car tant qu’ils disposent de la majorité à l’Assemblée, ils finiront par avoir ce qu’ils cherchent depuis 2013, à savoir, prendre la place qui leur revient de droit compte tenu de l’ancrage du parti.
Quant au deuxième grand parti de la Mouvance présidentielle, qui est l’Adema, il ne s’en tire pas mieux que le RPM, même si le nombre de ministres a augmenté comparativement à l’équipe précédente. Le parti de l’Abeille a quatre portefeuilles ministériels contre trois dans l’équipe de Soumeylou Boubèye Maiga. Le problème au sein de la Ruche est que les militants et les cadres du parti ne se reconnaissent pas en ces ministres, qui seraient pour la plupart des proches du Président de la République ou d’un haut placé. Comme si cela ne suffisait, IBK se débarrasse du Président de l’Adema, le Professeur Tiémoko Sangaré, pourtant fervent soutien à la candidature d’IBK.
Pour avoir torpillé le cou à son parti pour que l’Adema n’ait vraiment pas de candidat contre IBK, il s’est attiré la foudre des partisans de la candidature interne qui lui vouent une haine viscérale. Donc, la non reconduction de Tiémoko comme Ministre crée déjà une telle cacophonie et donne des ailes à ses adversaires pour le supplanter et en découdre plus tard avec lui. Les rumeurs de l’organisation d’un congrès extraordinaire pour écourter le mandat de Tiémoko ont refait surface et un des nouveaux ministres de l’Adema serait même dans cette logique.
Les partisans du congrès extraordinaire mesurent-ils les conséquences d’un tel acte sur le parti surtout en cette période d’instabilité, de fragilités et même d’incertitudes. A partir du moment où il n y a pas d’enjeux, pourquoi ne pas attendre la fin du mandat de Tiémoko Sangaré pour organiser, en bonne et due, forme le congrès ordinaire.
En somme, quand le RPM et l’Adema s’enrhument, c’est toute l’administration qui toussera. Donc, autant faire en sorte que ces deux grands partis de la Majorité présidentielle puissent être stables pour mener les réformes.
Youssouf Sissoko