L’une des choses les plus désagréables voire déshonorantes dans la vie, est lorsqu’une personne se retrouve être empêchée de pouvoir retourner dans son pays d’origine. Quelles que soient les raisons avancées, celle-ci ne comprendrait jamais une telle décision. C’est notamment le cas dont une centaine de nos compatriotes maliens binationaux, détenteurs de passeports français (et non munis de passeports maliens au moment des faits), en provenance de France, a vécu à leur descente d’avion. Car, ces binationaux maliens ont été systématiquement refoulés par les autorités aéroportuaires du Mali à cause de leur incapacité à se conformer aux nouvelles mesures réglementaires mises en place par Bamako depuis le 14 janvier 2024.
En effet, en raison d’une mesure de réciprocité, suite à la décision de la fermeture par le Quai d’Orsay du service consulaire français à Bamako, le 07 janvier, le Ministère malien des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale a également durci le ton. Ainsi, le 09 courant, « En application du principe de réciprocité », Bamako a aussi décidé de suspendre à son tour, la délivrance de visas par les services consulaires maliens à Paris.
De sorte que tout voyageur franco-malien, détenteur que du seul passeport français, est désormais réduit à la seule nationalité française. S’il désire se rendre au Mali, il ne pourrait donc pas se munir de tous les documents de voyages nécessaires (notamment le visa malien). Ce, jusqu’à nouvel ordre. Les binationaux, d’origine malienne, payent ainsi cash les frais de la brouille diplomatique entre les Etats du Mali et de la France. Mais ne pouvaient-ils pas bénéficier d’une dérogation de la part de Bamako ? Sinon, seraient-ils alors obligés d’attendre tout le temps qu’il faudrait pour que le nuage se dissipe entre Bamako et Paris ?
Une chose est en tout cas certaine, les migrants maliens sont massivement installés dans beaucoup de pays à travers le monde, en l’occurrence en France où ils comptent des centaines de milliers, le plus souvent depuis plusieurs générations. Leurs transferts monétaires et investissements économiques et sociaux sont d’un apport considérable pour leur pays d’origine. Ils dépassent largement l’Aide Publique au Développement naguère fournie par la France au Mali (elle est actuellement suspendue). N’est-ce pas pourquoi un Ministère, celui des Maliens de l’extérieur, s’occupe spécialement de leur situation ! En raison donc de cette réalité criarde, les migrants maliens qui rentrent dans leur pays d’origine, ne devraient-ils pas bénéficier d’un traitement spécial ?
Le bon sens l’exige, tant le Mali est très connu comme un grand pays producteur de migrants, tout autant qu’un pays de réception et de passage de migrants. Aussi, c’est une réalité : le flux de déplacement des binationaux franco-maliens vers le Mali, leur pays d’origine, est actuellement plus important. Eu égard à toutes ces raisons évidentes, le Mali devrait éviter de tomber dans le piège de la réciprocité de sa décision politique. C’est pourquoi, les Autorités maliennes de Transition auraient dû anticiper en amont pour que les maliens d’origine soient épargnés par cette mesure de réciprocité. Il est toujours possible de trouver des solutions idoines au problème posé. Donc mieux vaut tard que jamais !
Gaoussou Madani Traoré
Le Pélican