Après les attaques terroristes du 17 septembre 2024 perpétrées contre l’Ecole de Gendarmerie et la Base 101 de Sénou, les populations maliennes ont spontanément aidé les Forces de l’Ordre et de Sécurité à traquer les auteurs. Ce qui est une action hautement patriotique à saluer. Toutefois, certaines, dans leurs traques aux terroristes, ont systématiquement ciblé des gens parce qu’ils ont simplement un faciès peulh ou qu’ils sont enturbannés.
Durant cette triste journée, Bamako a connu une véritable chasse à l’homme de facies peulh. D’innocentes personnes ont été battues mortellement et brûlées (des vidéos circulent). Mais c’est une vérité que des terroristes actuels, opérant au Centre et au Sud du Mali, sont majoritairement recrutés dans la communauté peulhe. Et que la langue d’expression des terroristes est aussi le Peulh. Mais peut-on déduire que tous les peulhs sont des terroristes ? Que NON !
La discrimination est définie comme étant une action ou une décision qui a pour effet de traiter de manière négative une personne en raison, par exemple, de sa race, de son âge, ou de sa déficience. Elle repose souvent essentiellement sur des attitudes négatives, des stéréotypes… Partant de toutes considérations, il va s’en dire que toute idéologie, ayant comme credo la discrimination, est contre-productive. Notre pays le Mali, qui s’enlise dans une crise multidimensionnelle, depuis plus décennie, n’a nullement besoin de tomber dans une aventure discriminatoire.
Issu des grands empires médiévaux de l’Afrique Subsaharienne, que sont le Ghana, le Mali et le Songhoï, l’Etat actuel du Mali a hérité d’une population melting pot. Cette population, étant constituée par de nombreuses ethnies et races, a toujours vécu harmonieusement dans un brassage biologique et culturel. Même la colonisation française, qui avait pour doctrine de « diviser pour régner » n’est pas parvenue à briser cette intégration raciale et culturelle.
Nous avons donc l’obligation de préserver jalousement dans notre cher Mali, l’harmonie raciale et ethnique que nous avons héritée de nos aïeux. Cette harmonie entre les races et les ethnies est très déterminante pour notre développement socioéconomique. Il faut rappeler que toutes les autorités maliennes, depuis l’indépendance, ont fait de cela leur credo. Dès les premières heures de l’indépendance, Modibo Keïta, le premier président du Mali indépendant, avait pris la décision d’enlever sur les cartes d’identité nationale la mention ethnie. Son régime avait aussi interdit la création d’association à caractère ethnique ou régionale. Tout cela était fait pour éviter le danger du communautarisme.
Même si le premier Chef d’Etat n’a pas été bien suivi par ses successeurs, tout de même, il est à souligner que toutes les autorités maliennes n’avaient de cesse alerté l’opinion nationale, par des communiqués ou des sketchs, à ne jamais céder à la discrimination de faciès ou de communauté. Ce, d’autant que les conséquences de tels actes discriminatoires peuvent être incommensurables et dévastatrices pour l’ensemble des communautés maliennes. Lesquelles ont harmonieusement vécu ensemble depuis plus d’un millénaire.
La génération actuelle de maliens devra suivre cette attitude constructive de nos autorités. Cela éviterait de ne plus considérer tous les peulh comme des terroristes. Mais, somme toute, cette communauté ethnique du Mali (la deuxième par la population ?) n’est-elle pas la première victime du terrorisme international dans notre pays ? Il faut donc savoir raison garder !
Gaoussou Madani Traoré
Le Pélican