Edito : Bamako la poussiéreuse
Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur Bamako le 16 mai 2019, et les jours suivants, ont laissé derrière elles, un véritable champ de ruine. Le décompte macabre donne froid dans le dos. La ville des trois caïmans a frôlé l’une des plus grandes catastrophes de son histoire, car ce qui s’y est passée s’apparente à une inondation, un Tsunami au Sahel. Les pertes en vies humaines et en matériels sont énormes, et interpellent plus d’un citoyen consciencieux. Fort heureusement, si Les dégâts ont été limités, c’est par la grâce divine et surtout par la bravoure des hommes comme Mamoutou Diarra qui a sauvé neuf vies humaines.
Près de deux semaines après cette calamité, Bamako subit toujours les conséquences des eaux torrentielles et dévastatrices qui sont, entre autres, l’insalubrité, la propension des produits toxiques entraînant la mort massive des poissons et la destruction des habitations. A ces événements malheureux, s’est ajoutée la brume de poussière provoquant des maladies respiratoires. Aujourd’hui, à cause de la poussière, Bamako ressemble, aux heures de montée et de descente du travail, à une vaste étendue sablonneuse; alourdissant l’atmosphère, asphyxiant les motocyclistes et provoquant des maladies comme la toux et d’autres maladies respiratoires.
La question que bon nombre de Maliens se posent est celle de savoir si le contrat avec la société marocaine de nettoyage, Ozone, est toujours en vigueur. Cette question vaut son pesant d’or quand on sait que c’est 9 milliards de nos francs qui sont débloqués chaque année au nom de la société marocaine Ozone, pour permettre à notre capitale de retrouver sa coquetterie d’antan. Les ordures qui jonchent les rues forment de véritables nids pour les moustiques. La poussière qui étouffe plus d’un Bamakois et qui provoque des problèmes respiratoires sont à mettre au compte de la société Ozone. Elle doit rendre compte de sa gestion, car aujourd’hui hormis les deux voies empruntées par le Président de la République, à savoir la route quittant Sebenikoro pour Koulouba et la voie reliant Koulouba à l’Aéroport international Modibo Keita, toutes les autres grandes artères sont soient vides d’agents de nettoyage ou en nombre très en deçà de ce qu’il faut pour un bon service.
En somme, Bamako la coquette des années 60 est en train de devenir Bamako l’insalubre, Bamako la poussiéreuse, Bamako la brumeuse. La cité des trois caïmans est en train de mourir à petit feu sous le poids de ses ordures.
Youssouf Sissoko