Édito : Attention au gouvernorat de Bamako !
Le collectif des candidats du premier tour des législatives du 29 mars 2020 en commune III du district de Bamako étaient face à la presse, le dimanche 05 avril 2020 au siège du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) de Bamako pour dénoncer le « tripatouillage » des résultats provisoires proclamés par le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation. A cet effet, au cours de cette conférence de presse, les responsables du collectif affirment avoir introduit un recours au niveau de la Cour Constitutionnelle du Mali pour établir la vérité des urnes. « Les chiffres distribués par le gouvernorat aux différents candidats ne reflètent pas la vérité des urnes. Ils ont lancé un appel solennel pour le rétablissement de la vérité à travers le recomptage des voix en commune III », ont indiqué les candidats de la commune III réunis en collectif.
Le Gouvernorat du district de Bamako, n’est pas à un coup d’essai. Pour rappel en 2016, suite aux élections communales en commune II du district de Bamako, au niveau de la centralisation, le même gouvernorat avait falsifié les chiffres envoyés par les présidents des bureaux de vote. Par exemple, si la liste ciblée de favoritisme a obtenu à l’issue du scrutin 110 voix, certains agents au niveau de la centralisation, remplace 110 par 210. Avec cette pratique la dernière liste se retrouve à la première place. Il a fallu, une fois ce tripatouillage démasqué par les autres candidats, faire un sit-in devant la porte de la famille Maïga, à Quinzambougou, supposée être à la base de ce tripatouillage. Il a fallu un recomptage des voix pour aboutir à la vérité des urnes.
Le Gouvernorat du district de Bamako n’est pas le seul dans cette pratique. Dans l’Azawad, les candidats adversaires des autres formations contre la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) sont séquestrés à l’avance par les leaders de la CMA. En plus toutes les urnes sont ramenées à Kidal pour les bourrer afin de sortir un score à la soviétique. Comment dans ces conditions, peut-on avoir une démocratie normale, si l’injustice et le vol sont des pratiques courantes désormais ?
Pour rappel, dans toute démocratie représentative, les élections sont le moyen ou le mécanisme par lequel le peuple peut se prononcer sur les individus qui les représentent et s’exprimer sur des politiques différentes : cela est également l’espoir dans nombre de pays africains qui ont tenté ou réussi, à des degrés divers, d’installer ce système politique. Les élections sont des instruments de légitimation pour la société dans son ensemble. Elles facilitent la transition dans un cadre juridique du leadership d’un parti vers un autre d’une façon structurée, compétitive et transparente. Lors de tels processus, des tensions sont inévitables et peut-être même souhaitables, car elles peuvent faire ressortir le meilleur des partis et des individus, néanmoins, les tensions peuvent également faire ressortir le pire des deux. Les élections peuvent alimenter la violence dans des situations où les adversaires politiques ne respectent pas les règles ou n’acceptent pas les résultats électoraux comme l’expression légitime de la volonté populaire.
Il n’est pas certain que la démocratie africaine aille de sitôt plus loin au-delà de simples élections. Notons que la plupart du temps la démocratie africaine se limite à la propagande électorale et à des élections. Après l’état de droit, la participation civique du peuple en tant que citoyen, les droits de l’homme reçoivent peu d’attention.
Alors Messieurs les démocrates soyez justes et impartiaux donc !
Le Carréfour