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Édito : 2018, lorsque j’évoquais la moralité de Manassa…

2018, année électorale pour élire le président de la République. Dans la foulée de la proclamation des résultats du second tour par la Cour Constitutionnelle, je soulevais le probable traitement, des dessous de table, de cette Cour par le Président IBK afin qu’il succède à lui-même. 900 000 000 disais-je à l’époque. Mais bien avant cet article, je dénonçais la présence d’un membre fondateur du RPM parmi les sages de la Cour. Toute chose qui pouvait avoir un impact sur l’impartialité dans les résultats.

Mon article avait servi d’argument par le challenger d’IBK, Soumaila Cissé et ses soutiens, pour rejeter les résultats et exiger à la Cour d’apporter le contraire.

Un beau matin, je reçois une plainte de la Cour pour ‘’Diffamation’’. Procès du siècle ! Les commentaires, majoritairement, sur le sujet sont partagés en fonction du camp défendu. C’est ainsi qu’avant même le jour de ma comparution, les Pro IBK m’ont traité de tous les noms d’oiseau. Ils m’accusaient de rouler au compte de Soumaila Cissé et que je suis dans des dispositions d’installer le chaos dans le pays.

Tout au long du procès, j’ai reçu les foudres des avocats de la Cour et du ministère public qui voulaient que je divulgue obligatoirement ma ou mes sources.

L’inet de mes confrères, avec à leur tête, les présidents des faitières, était spontané. Ils étaient plusieurs centaines venus défendre la liberté de la presse.

Dieu étant au contrôle, mes cinq respectés avocats, Me Abdrahamane Ben Mamata Touré, Me Malick Ibrahim Maiga, Me Demba Traoré, Me Siriki Zana Koné, Me Mamadou Camara ont mis à nu le dossier monté contre moi. Malgré tout, on sentait la détermination des pro Manassa à me condamner. Et pour preuve, deux des neufs sages de la Cour ont assisté à tout le processus au tribunal de la commune V même l’intègre magistrat que j’ai épargné dans mon article, car ayant refusé de se faire avaler par de l’argent sale. Beaucoup estimaient ce jour, que leur présence, c’est pour influencer le verdict.

Au bout du procès, me voilà condamné à six mois d’emprisonnement ferme, dont 2, avec sursis. À 10h, lorsqu’on quittait la salle de délibération, le communiqué préparé en avance par la Cour passait sur l’ORTM dans toutes les langues nationales pour dire qu’elle a gagné contre moi.

Les réseaux sociaux sont inondés par des textes des activistes qui défendaient Manassa.

Mes avocats et moi interjetons appel. Alors, rendez-vous à la Cour d’Appel. Des mois durant, les choses ne bougent pas. Un beau soir, un communiqué de la Cour passe au journal de 20H de l’ORTM indiquant le rejet de mon appel et par conséquent souligne que je dois subir la sentence du tribunal de la commune V. Écœurant pour mes Conseils, épatant pour moi, mes confrères et autres citoyens qui tiennent beaucoup à l’équité de la justice. Cela, pour la raison que je n’ai pas été cité et mes avocats aussi n’étaient au courant de rien avant le jour du procès.

Alors pouvons-nous parler de justice en ce moment ? Pas du tout. Cela a complètement révélé le caractère politique de ce procès.

Nous voilà deux ans après confrontés au même problème suscité par la Cour. Les résultats des législatives et du premier et du second tour sont fortement contestés. Cette fois-ci la plupart des victimes sont des partis membres de la majorité présidentielle. Ils estiment être volés par la Cour au profit, dans la plupart des cas, du RPM, parti au pouvoir.

Le soir, juste après la proclamation des résultats, la tension était visible un peu partout : Bamako, Sikasso, Kati… et ça continue jusqu’à présent.

Aujourd’hui, beaucoup de citoyens sont unanimement d’accord qu’il faut revoir la Cour. Mais que faut-il changer ? Des spécialistes en droit ont des interprétations divergentes à ce niveau. Mais le plus important est que les gens comprennent que la Cour en l’état actuel est une véritable couvaison de tensions à cause de ses arrêts purement politiques.

La Cour est un problème surtout celle sous Manassa Danioko. Mais, il est plus qu’impérieux de revoir la chaine du processus électoral. Tout le problème de ce pays part de là. Si on élit un mauvais dirigeant, il faut aussi s’attendre à la mauvaise gouvernance.

Boubacar Yalkoué

Source: Journal le Pays- Mali

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