« La redécouverte de l’Economie et de l’éthique pour un ordre global stable », tel est le titre du dixième des livres de l’auteur qui ont tous été destinés à l’économie. Il peut sembler paradoxal, seulement, après cette dixième publication, que l’auteur aura fini par comprendre que personne n’aura en fait compris l’économie, qui reste paradoxalement une discipline qui n’est pas créée par l’homme, mais par Dieu, qui en est le vrai auteur, l’unique, et qui lui a déjà assigné son instrument de mesure, désigné dans le Coran sous l’appellation de balance, un instrument qui est également descendu de chez Lui, et dont il a assuré à l’homme la maîtrise naturelle de son utilisation, afin que celui-ci respecte la justice entre les gens, (Sourate 57 Le Fer, au verset 25).
Cet instrument fonctionne selon des règles, annoncées à la Sourate 55 Le Très Miséricordieux, versets 7-8-9, qui s’imposent également à tous dans la société, y compris à l’autorité. Ensuite, la violation des règles d’utilisation de cet instrument de mesure a pour conséquences de dévier cet important instrument de son objectif de justice pour en faire, par ignorance, un objet qui génère des injustices, des inégalités et la pauvreté dans la société. Nous avons vérifié que cette science est décrite totalement et entièrement dans le saint Coran, en totale cohérence avec les analyses portant sur l’Economie scientifique, c’est-à-dire la science économique dotée de la mesure.
Nous comprenons que les économistes, en considérant la monnaie comme un instrument de souveraineté mis à la disposition de l’autorité monétaire, auront fait un très mauvais départ, en s’étant placés dans l’impossibilité technique de pouvoir même imaginer que la monnaie, en bon usage, est l’instrument de mesure de la discipline économique. Que pourrait-on penser d’un physicien qui opère sans jamais savoir que le thermomètre est l’instrument de mesure de la discipline et qui serait prêt à considérer cet instrument dans tous autres usages dictés par sa simple volonté. Par conséquence, il nous apparaît facile de comprendre la profondeur de la confusion dans laquelle baignent les spécialistes de l’économie. Comment leur faire prendre conscience de ces profonds errements et leur faire revenir à la raison, tel est l’objectif du présent article.
Présentation adoptée
D’abord, il faut comprendre que l’instrument de mesure de la discipline économique, la monnaie, aura connu plusieurs formes de représentation avant d’aboutir à sa forme de monnaie, qui est dotée des règles en termes d’obligations ou d’interdiction clairement décrites dans le saint Coran ainsi que les conséquences de leurs violations.
Dès le départ, il est donc essentiel de comprendre les notions d’échanges ou de transactions libres et volontaires, d’instrument de mesure et de ses règles d’utilisation avant de penser à parler de l’économie.
Lorsqu’un agent A envisage d’échanger son panier de poisson contre du mil détenu dans un sac par un agent B, A et B vont passer par une troisième chose, qui n’est pas le poisson ni le mil, mais par exemple le sel, pour trouver que le panier de poisson correspond par exemple à une calebasse de sel et que le double de cette même calebasse de sel correspond au sac de mil.
Par conséquent, le panier de poisson va être échangé contre la moitié du sac de mil.
Le sel aura été utilisé comme intermédiaire pour rendre comparable la valeur que représente le panier de poisson avec la valeur que représente le sac du mil.
Dans la pratique, le sel, (et même le drap) aura été utilisé comme intermédiaire pour servir d’instrument de mesure de la valeur commune des biens, que sont le panier de poisson et le sac de mil.
En effet, il est facile de se rappeler que la monnaie, un bien qu’on ne mange pas, que tout le monde reconnait et recherche comme étant tellement commode pour acquérir ce qu’on désire, joue merveilleusement bien ce rôle d’intermédiaire dans les échanges.
Ainsi, on échange le bien A contre une quantité de monnaie, contre laquelle, on échange la quantité de la marchandise B. Ce rôle n’est pas nouveau pour la monnaie.
Les biens et services échangés sont produits principalement par les agents du secteur privé pour satisfaire leurs besoins de consommation et de profit.
Ces produits sont en grande partie détruits lors de leur consommation. Ils sont exceptionnellement stockés, car l’intérêt de les produire est de les faire consommer.
Pour de tels produits, si on augmente le prix, le producteur gagne plus sur ces nouveaux produits et marginalement sur son stock, par conséquent, il pourrait donc produire plus.
En revanche, si les prix baissent, certains entrepreneurs peuvent avoir des difficultés à couvrir les coûts et se retrouver en faillite. Par conséquent, si le prix baisse, la production peut baisser et entrainer une relative pénurie.
La monnaie dans l’économie
Ce F CFA désigne un papier émis dans un pays européen, la France, et circulant exclusivement dans les pays africains qui en sont utilisateurs. Ce papier représente la marque de la richesse qui a été préalablement déposée auprès de l’autorité monétaire du Trésor français.
Il représente la promesse de l’autorité qui l’a délivré, de restituer à son détenteur la richesse déposée auprès d’elle en échange de ce papier. On dit que le F CFA est une monnaie fiduciaire.
Pour avoir la monnaie, tout le monde passe devant l’autorité monétaire, qui est le seul agent qui fixe les conditions pour obtenir sa monnaie.
Avec 1 FCFA 0,02 FF, par exemple, il faut que le citoyen dépose auprès du Trésor français une richesse en devise de 0,02 FF pour avoir 1 FCFA. Ainsi, si on apporte à cette autorité une richesse de 20 000 FF de devises, on obtient 1 000 000 FCFA. Le titulaire de cet argent va se présenter sur les marchés pour échanger cette somme d’argent contre des biens et services.
Les nouveaux titulaires des montants d’argent vont à leur tour les utiliser pour avoir les biens désirés. Contrairement aux biens et services qui sont détruits et retirés de la circulation, les montants d’argent sont destinés à rester longtemps en circulation.
Cependant, aussi longtemps que dure cette détention de la monnaie en circulation, la promesse de l’autorité qui l’a délivrée, de restituer à son détenteur la richesse initialement déposée auprès d’elle en échange de ce papier, reste entière.
Exemple : Supposons que la population dispose d’un montant de 1 000 000 F CFA, correspondant en toute logique à un dépôt de devises en France pour l’équivalent de 20 000 FF.
Si la France décide que le dépôt en échange du F CFA n’est plus de 0,02 FF mais 0,03 FF, cela signifierait que la quantité de 1 000 000 F CFA en circulation vaut désormais comme richesse en dépôt une valeur de 30 000 FF. Par conséquent, cela signifie que la population aura gagné de la richesse, sans aucun effort particulier ayant occasionné ce gain qui s’élève à une richesse supplémentaire de : 30 000 FF – 20 000 FF = 10 000 FF. Par conséquent, la question se pose, de savoir qui va payer cette richesse supplémentaire à la population ? Ce ne serait sûrement pas le Trésor français, dont le rôle est de faire gagner l’argent à la France !!
Ce faisant, il apparaît que le dépôt en échange du F CFA ne peut pas augmenter de valeur, car cela signifierait que la population aura finalement déposé plus de richesse que dans la réalité, quand la France augmenterait inutilement et sans raison sa dette vis-à-vis de la population africaine, ce qui, évidemment, n’a visiblement pas de sens.
Dans la même hypothèse que précédemment, avec une population qui dispose d’un montant de 1 000 000 FCFA examinons si la décision peut être prise de porter le dépôt de richesse contre le FCFA de 0,02 FF à 0,01 FF, accusant donc une diminution.
Dans la même analyse, cette décision indique la population qui avait déposé une richesse de 20 000 FF auprès de la France ne dispose plus auprès de la France que de 10 000 FF.
Donc, de façon symétrique à la proposition précédente, il apparait que la population aura perdu la moitié de cette richesse qu’elle avait déposée à l’encaissement auprès du Trésor français.
Par conséquent, le Trésor français va se trouver héritier automatique de cette manne d’argent que la population perd, alors que celle-ci n’aura commis aucune faute ou infraction qui aurait pu lui couter une telle fortune. Il est donc clair, qu’il s’agirait là également d’une expropriation par abus de confiance contre les populations africaines qui auront travaillé pour obtenir leur richesse pour la déposer au Trésor français, sous le respect de la confiance selon laquelle la valeur assignée à la monnaie fiduciaire du FCFA est bien de 0,02 FF.
Par conséquent, ce gain du Trésor français ne peut être que relatif à la violation de cette relation de confiance ayant entrainé ce gain aussi injuste, inéquitable qu’injustifié.
Donc, autant, on ne peut augmenter le dépôt de richesse en échange du F CFA sans abuser du Trésor français, autant on ne peut le diminuer sans abuser des populations africaines, en les dépouillant de leur richesse, proprement gagnée après d’âpres luttes sur les marchés internationaux et de la manière la plus propre et légitime.
Ainsi, il convient de comprendre de manière définitive, que le dépôt de richesse en échange du F CFA ne peut pas être considéré comme un prix, et qu’il ne peut ni augmenter ni baisser, quelles qu’en soient les circonstances, sans abuser ou Trésor français ou des populations utilisatrices.
La livre tournois, monnaie fictive définie en quantité d’or, soit par exemple à 5 grammes d’or; la seconde monnaie, la monnaie matérielle circulante, appelée l’écu, était reliée à la première, soit par exemple, 1 écu = 2 Livres tournois.
Supposons que le système après un temps de fonctionnement aura permis à la population de disposer de 1 000 000 écus en circulation dans les portefeuilles.
Pour satisfaire en toute autorité son besoin de financement, le Roi décidait de définir à la baisse son écu, en le ramenant, pour l’exemple, de 2 Livres Tournois à 1 Livre Tournois, ramenant ainsi le dépôt de garantie de 10 grammes d’or à 5 grammes d’or.
Ce faisant, il retirait les pièces d’écu de la circulation et les refrappait en conformité avec la nouvelle définition de 1 écu = 1 Livre Tournois, soit donc 5 grammes d’or et encaissait à son avantage la différence de valeur entre les deux définitions du dépôt.
Par ailleurs, sur les marchés, il y avait un bouleversement des prix et des mouvements sociaux qui étaient fortement réprimés
Dans une expérience plus récente et de même nature, au nom historique de dévaluation du FCFA, la France a décidé en 1994, de faire passer le dépôt de garantie du F CFA de 0,02 FF à un dépôt de 0,01 FF. Ainsi, avec une masse monétaire de 23 000 milliards de F CFA en circulation dans les seuls pays de l’Uemoa, la richesse déposée par les populations utilisatrices du F CFA est donc passée de : 23 000 milliards de FCFA = 23 000 milliards * 0,02 FF = 460 milliards FF = 70 milliards d’Euro, à : 23 000 milliards de F CFA = 23 000 milliards * 0,01 FF = 230 milliards FF = 35 milliards d’Euro Donc la population a perdu un montant de : 70 milliards d’euro – 35 milliards d’euro = 35 milliards d’euro ; Ce montant représente les droits de seigneuriage que le Roi recouvrait comme différence entre l’ancienne définition et la nouvelle définition du dépôt de garantie.
A présent, la population, qui aura perdu un montant de 35 milliards d’euro, ignore qu’en réalité la France aura récupéré en gain, pour le même montant de 35 milliards d’euro, sans dire mot à personne, alors qu’au moyen-âge le Roi exhibait ce montant, qui portait le nom de droits de seigneuriage.
Cependant, dans l’histoire, il est apparu que les Rois de France ont utilisé ces pratiques de duperie sur plus de quatre siècles de 1360 à 1795, date à laquelle, à la suite de la Révolution française, le décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795) a aboli l’écu qui était en permanence défini à la baisse.
Si le décret a rendu impossible la pratique de diminution de l’écu, il n’a pas établi le caractère illicite de la pratique de diminution de l’écu. Par ailleurs, ce décret a permis à la France d’adopter la monnaie unique du franc. Ainsi, la Livre Tournois est remplacée par le Franc, monnaie dotée du décime et de décime comme sous-unités pour les menues dépenses. Aucune autre unité monétaire n’est plus autorisée. Ainsi, la pratique de diminution de l’écu est devenue impossible. Il sera important de comprendre le pourquoi de ce décret.
En 1945, le Général de Gaulle a créé le F CFA, à l’image de l’écu comme étant une quantité de Franc, une quantité modifiable. Donc, il y a eu une rectification avec un retour à une ancienne pratique, à la différence que cette pratique est désormais réservée exclusivement aux populations des colonies.
Ainsi, il est facile de se rappeler que les populations utilisatrices de cette monnaie dans ces colonies se trouveront exposées aux mêmes pratiques de manipulations opérées à partir de l’écu, et dont la France a seule le secret.
Ainsi, en diminuant le F CFA comme l’Ecu, l’autorité monétaire, à travers le Trésor français, met la main sur les devises qui lui ont été confiées en garantie de l’émission du F CFA, exactement comme le Roi encaissait les droits de seigneuriage.
Le Trésor français n’aura même pas besoin de refrapper le F CFA, simple papier, qui ne contient aucun métal à l’image de l’écu.
Cette expérience, unique dans l’histoire, a permis de montrer clairement le rôle des instruments monétaires tel que ne le permet pas la monnaie unique dans l’économie et de mieux comprendre les pratiques anciennes opérés par le Roi sous le couvert de l’idée de monnaie unique dans l’économie.
Dès lors que nous comprenons que les instruments monétaires sont des instruments de mesure, il convient de bien comprendre comment fonctionnent ces instruments.
Lorsque le Roi fixe une nouvelle définition de l’écu, il définit ainsi une nouvelle unité de mesure plus petite qu’il aurait pu mettre en circulation avec l’ancienne, comme la France et le Mali l’ont prouvé en 1984, en mettant en circulation les monnaies de 0,02FF et de 0,01 FF en circulation.
Ainsi les prix auraient pu être exprimés dans chacun des deux écus en circulation notés Ecu1 et Ecu2.
Mais au lieu de cela, il a substitué la petite mesure à la grande mesure, ainsi, sur l’autre côté de la balance, il y aura moins de biens que par le passé, en réduisant la balance, quand les prix vont sembler être plus élevés, alors qu’ils sont exprimés dans une unité de mesure plus petite.
Au même moment, la population aura vu la taille de son instrument de mesure réduite pour se voir expropriée de la différence de poids par l’autorité monétaire : d’où la diminution des mesures et du poids, une violation des règles d’utilisation des instruments de mesure.
Nous comprenons que la diminution du dépôt n’est rien d’autre que le remplacement d’une grande unité de mesure détenue par la population par une petite unité de mesure, tout en lui faisant perdre la différence de valeur entre les deux unités de mesure ; ce qui correspond à la diminution des mesures et du poids, une violation des règles d’utilisation des instruments de mesure.
En conclusion, il est primordial de savoir comment devrait normalement fonctionner un mécanisme avant de se fier aux pratiques courantes présentées par la routine.
Ainsi, dans la zone franc, les pratiques monétaires des autorités françaises ont toujours été opérées sur fond de manipulations frauduleuses, par diminution de l’écu, contre la population française depuis plus de quatre cents ans de 1320 à 1795 et plus tard, contre les populations des pays issus des anciennes colonies à travers le F CFA, le remplaçant naturel de l’écu, depuis plus de 70 ans en perfectionnant les mécanismes de vols des populations.
Aujourd’hui le réveil scientifique, qui a manqué en Europe pour dénoncer ces pratiques honteuses, s’impose en Afrique francophone pour que l’économie joue pleinement son rôle de développement afin d’assurer à tous les conditions d’une existence digne et respectable. A ce titre, il est important et primordial que la discipline économique puisse savoir mesurer et compter avant de procéder à des calculs sur des données erronées, car mal conçues.
Dr. Lamine Kéita
Mali Tribune