Selon le Sociologue Dr. Moussa Coulibaly, le cortège de sanctions annoncé par la Cedeao contre le Mali, n’est pas pour punir la junte, mais pour étouffer un peuple déterminé à s’affranchir de l’exploitation néo-colonialiste. Il a également qualifié la tentative de Coup d’État dans la nuit du 11 au 12 mai dernier de coup d’épée dans l’eau.
Dr. Coulibaly dit ne plus avoir de doute sur la volonté par l’organisation sous régionale de casser la dynamique en cours dans notre pays. « L’expression d’une détermination froide des maliens de l’intérieur et de l’extérieur à prendre leur destin en main. Cependant, je reste convaincu que la France n’a pas digéré ce qu’elle considère comme humiliation de trop c’est pourquoi elle tente par tous les moyens de créer les conditions du chaos ».
« Ce qu’elle ignore et qui rend impossible toute tentative d’instrumentalisation, c’est que les Maliens ont compris que les auteurs du double coup d’État sont sur la bonne voie », a-t-il laissé entendre. Par ailleurs, notre interlocuteur prévient que toute tentative de coup d’État sera désormais réprimée comme lors du coup d’état raté en Turquie contre le président Erdogan. Le peuple s’assumera. Les esprits faibles surtout à l’extérieur qui minimisent la détermination du peuple réaliseront que les Maliens ne sont pas manipulés par la junte, mais par les problèmes comme l’insécurité et la lutte contre le djihadisme.
Le Sociologue pense que les Maliens doivent répondre à cette tentative de déstabilisation par la sérénité, la vigilance et la solidarité à l’endroit de leur armée, une armée meurtrie par les complots extérieurs et les détournements des fonds destinés à son organisation.
Un caillou dans la chaussure
Il pense également que les ennemis du Mali veulent créer une crise de confiance entre le peuple et cette vaillante armée déterminée à sauver notre pays des griffes du néocolonialisme. « S’ils ont réussi à le faire en 1968 en réussissant un coup d’État contre Modibo, les enfants et les petits enfants de Modibo ont tiré les leçons du passé douloureux. C’est aujourd’hui plus qu’hier une nécessité vitale pour tous les Maliens de savoir raison garder et de rester mobilisés à l’instar des dirigeants français qui ont eu le courage de faire l’appel du 18 juin 1940, qui fut un appel à la résistance face à Hitler », explique-t-il. A ses yeux, nous n’avons pas Hitler en face, mais nous avons des ennemis qui partagent des points communs avec lui. Et que le contexte historique n’est pas le même mais la situation du Mali d’aujourd’hui n’est pas différente de celle de la France de l’époque car ayant un dénominateur commun : le désir de liberté et d’indépendance totale.
L’obstacle au développement du Mali actuel est l’insécurité. L’armée en diversifiant sa coopération est en train de trouver la solution. Son action nous tirera des ténèbres du néocolonialisme. « Jamais notre pays n’a été aussi proche de ce noble dessein », s’est-il réjoui.
« Comme pour se libérer la conscience, les sanctions de la Cedeao ne concerneront pas les vivres et les médicaments. Ce que le Sommet semble ne pas prendre en compte, les populations maliennes du Nord, du Centre qui vivent déjà depuis des mois les pénuries qu’on veut éviter aux populations », laisse entendre, Dr. Moussa Coulibaly. Pour lui, notre pays regorge d’immenses richesses naturelles et qu’il fera toujours l’objet de convoitises malsaines. Un rappel est nécessaire.
Un accord qui vise la partition programmée du pays a été signé sans le peuple en 2015, puisque n’ayant pas fait l’objet d’un vote par l’Assemblée nationale. Il a eu la caution des partenaires extérieurs du Mali notamment la France. Ce fut un coup de force contre le peuple malien. En huit ans, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et africaines, le Mali a sombré dans les ténèbres de la violence et de l’insécurité, avec des milliers de morts et de déplacés, déplore notre sociologue. Toutefois, il estime que notre pays est aujourd’hui à un tournant de son histoire.
Quant à la Cedeao, les chefs d’État comprendront bientôt que c’est le début de la fin d’un cycle. Ils auront très bientôt à faire face à des populations qui seront inspirées par le cas du Mali. Dr. Coulibaly appelle à opposer à ces sanctions une insurrection citoyenne. Faire pression pour tenir rapidement les élections ne vise qu’à mettre un pouvoir civil qui recevra des ordres et des orientations propres à créer et renforcer les liens de dépendance. Devant la concurrence chinoise et américaine, la France fera tout pour faire main basse sur nos ressources. L’enjeu des trente prochaines années sera la course vers les sources d’énergie. Le Mali en regorge et en aura besoin pour son développement.
Les États de la Cedeao auront besoin du Mali pour leur développement. La Cedeao des peuples a compris. Bientôt le cas malien inspirera cette Cedeao des peuples composée majoritairement de jeunes déterminés à s’extraire de l’exploitation néo-colonialiste. Un pays dont les deux tiers sont occupés doit d’abord se libérer et récupérer le territoire avant d’aller aux élections. La junte malienne est en train de récupérer son territoire. Elle est en train d’assainir les finances du pays. Elle est en train sur fonds propres de doter notre armée de matériels de pointe. A l’image du Président Modibo Keita entre 1960 et 1968. Elle a renforcé sa coopération militaire avec la Russie. Elle a besoin du soutien des Maliens pour libérer notre pays et envisager son décollage économique.
Échanges de bons procédés
Dans les conditions actuelles, une élection n’est pas possible. Beaucoup de chefs d’Etat le savent. Les chefs d’État de la Cedeao se trompent de combat. Cette réunion de la Cedeao m’a l’air d’un scénario semblable à celui représenté par la fable” les animaux malades de la peste”, on se bat pour condamner un pouvoir de transition dont le seul pêché est de se battre pour sauver son pays de la tyrannie des djihadistes et de sa partition programmée”. Même pour aller à la rencontre de leurs compatriotes et leur exprimer leur compassion, il arrive que les politiques sollicitent le soutien des forces de sécurité pour sécuriser leur convoi.
Ce dispositif de sécurité particulier est un luxe qu’on ne peut offrir à chaque citoyen qui désire se déplacer pour faire la campagne ou pour aller voter. La cohérence exige d’abord la sécurisation du territoire avant les élections. Par rapport à l’action militaire qu’on veut mettre en place pour voir la possibilité de déloger la junte, cette option est une honte. C’est un manque de respect pour le peuple malien. Les actes posés par ce pouvoir de transition sont l’expression de la volonté populaire. En attendant, l’armée doit rester soudée comme un seul homme.
Cependant, Dr. Coulibaly appelle le président Assimi Goïta de créer les conditions d’un déploiement immédiat et massif de militaires russes pour renforcer le dispositif en cours au nord et au centre, mais constituer une ceinture de sécurité autour des institutions à Bamako. A ce rythme, aucune piste n’est à écarter. Quand on décide de faire appel à un pays comme la Russie dans le cadre de la coopération bilatérale, il faut se préparer à toutes les éventualités. L’histoire nous a enseigné, à l’image de l’appel du 18 juin 1940, que la liberté et l’indépendance s’obtiennent après des sacrifices, a conclu le sociologue Dr. Moussa Coulibaly.
Ibrahima Ndiaye
Mali Tribune