Dr. Moussa Coulibaly, Sociologue : De la crise sécuritaire à la crise d’électricité

Selon Dr. Moussa Coulibaly, notre pays navigue en ce moment entre deux crises majeures dont la première va lentement et sûrement vers son épilogue et la seconde, liée à la mauvaise gouvernance dont l’énergie du Mali  qui a souffert depuis plusieurs décennies.

 

D’après notre sociologue, la crise sécuritaire du Mali a été reconnue comme une crise multidimensionnelle et les Maliens s’en seraient rendus compte si les autorités maliennes avaient eu la possibilité d’exposer aux Nations unies les preuves des ingérences extérieures. Pour l’énergie, Dr. Coulibaly pense  que c’est une mauvaise gouvernance qui est entretenue systématiquement au sein de ce “grand corps malade” par les tenants d’une bourgeoisie parasitaire qui a décidé de faire du bien public un patrimoine de clan.

La demande d’électricité selon les chiffres de la banque mondiale au Mali croît de 10 % par an.

Ce qui reste déplorable à ses yeux, c’est que dans la capitale comme dans les grandes villes du Mali, les coupures de courant plombent les activités et engendrent des désagréments à tous les niveaux, de l’usine en passant par l’hôpital jusqu’à l’assiette autour des repas. Selon lui, un constat est unanime, c’est que l’énergie du Mali a atteint son seuil d’incapacité et le contexte actuel de notre pays, tourné vers la refondation exige des mesures de redressement exceptionnelles tant dans la forme que dans le fond.

Notre Sociologue croit fort qu’il est une urgence en ce moment pour les autorités de la transition de réunir toutes les conditions de la transparence en procédant à des enquêtes sans complaisance permettant de situer le mal à la racine. “La justice doit être mise aux trousses de tous les criminels financiers impliqués et elle doit, sans état d’âme sévir avec la dernière rigueur pour servir d’exemple”, dit-il.

Cette crise de l’énergie peut être perçue, dit-il, comme le symbole d’une crise de croissance, une occasion pour les Maliens de s’orienter vers la culture du résultat. Les grandes sociétés et entreprises nationales ne doivent plus être gérées en fonction des critères d’appartenance à des milieux politiques ou militants mais en fonction des critères de compétences et d’intégrité morale.

Dr. Coulibaly rappellera aussi qu’à chaque fois que dans notre pays il y a eu des mouvements de contestation qui ont abouti à des changements porteurs d’espoirs, la bonne gouvernance est toujours restée une chimère. En 1991, les Maliens ont fait la promotion du concept du “kojadjè” ce concept a servi de levier à la révolution du 26 mars 1991. Le vent de l’Est qui a soufflé au Sahel et qui a mis en place les régimes démocratiques ont fait la promotion de la “transparence”. Selon lui, il s’agira pour les autorités actuelles de la transition d’aller à la refondation en s’inspirant des échecs du passé. Il faut punir avec la dernière rigueur les délinquants financiers, tout en mettant en place des mesures de réparation pour la bonne santé du trésor public.

A ses dires, “l’heure ne doit pas être à “une situation où il faut jeter le bébé avec l’eau du bain” mais  la raison commande de dépassionner ce débat et de permettre à la justice de tirer toute la situation au clair afin de situer les responsabilités. Sur le moyen et le long terme, il est une nécessité d’envisager une exploitation de l’énergie solaire élargie à tout le pays“.

La situation que vit  notre armée au nord, à Kidal,  avec tout le flou autour de la rétrocession de cette  ville à l’armée malienne doit, selon lui, nous inciter à une plus grande vigilance au sud. Et de dire que c’est l’occasion pour  chacun de faire le sacrifice ultime sur la dernière ligne droite.

Dr. Moussa Coulibaly, estime que les Maliens semblent l’avoir compris dans leur grande majorité. Aucun régime au Mali, quelle que soit sa nature, n’a autant bénéficié de l’accompagnement des Maliens. “Le bout du tunnel n’est plus long”, a-t-il conclu.

Mali Tribune