Dr Choguel Maïga face à Moussa Faki : “Nous exhortons l’Union africaine à la levée des sanctions qu’elle a imposées à notre pays le 14 janvier 2022”
Meguetan Infos
“Nous sollicitons la réintégration du Mali au sein des instances de l’Union africaine par ce que nous sommes sur la bonne voie dans l’exécution de nos engagements”
Le lundi 30 janvier 2023, le Premier ministre Dr. Choguel Kokala Maïga a eu des échanges avec le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat. Cette rencontre de haut niveau s’est déroulée à la Primature en présence de plusieurs membres du gouvernement. Il a été question de la situation de la Transition, de la réintégration du Mali au sein des instances de l’Union africaine et la tenue des élections. “Je voudrais vous donner l’assurance de la détermination du gouvernement à tenir ses engagements tant avec la communauté régionale et internationale, qu’avec la communauté nationale, qui a clairement exprimé sa vision du Mali Nouveau au cours des Assises nationales de la refondation (ANR) de l’Etat tenue en décembre 2021”, a souligné le Premier ministre.
Je voudrais, tout d’abord, souhaiter la chaleureuse bienvenue à notre frère, Monsieur Moussa Faki Mahamat et à sa délégation qui séjournent dans notre pays dans le cadre des consultations périodiques entre l’Union africaine, notre organisation commune, et notre cher pays, le Mali.
Monsieur le président de la Commission de l’Union africaine,
Je note, pour m’en réjouir, que vous séjournez pour la troisième fois dans notre pays, depuis le début de la Transition politique, après les visites que vous avez effectuées à Bamako respectivement en novembre 2020 et en janvier 2022. Dans cet intervalle, les membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine nous ont également fait l’amitié de nous visiter en juillet 2021.Ces différentes visites témoignent, sans nul doute, de l’écoute et du souci constant de l’Union africaine d’accompagner les efforts du gouvernement pour une transition réussie.
Au demeurant, le gouvernement a toujours encouragé, avec insistance, les partenaires du Mali à échanger directement avec les autorités de la Transition et à privilégier les missions de terrain et de proximité, afin d’avoir une analyse objective de la situation de notre pays.
Monsieur le Président,
Le Mali, comme vous le savez, vit une transition politique qui est le fruit de la volonté du peuple malien, de son aspiration profonde au changement.
Le gouvernement que j’ai l’honneur de diriger a reçu pour mandat, au terme des Assises nationales de la refondation (ANR), de refonder l’Etat, de créer les conditions d’une gouvernance future, vertueuse, susceptible de mettre fin aux crises cycliques et à l’instabilité, à travers des réformes substantielles aux plans politiques et institutionnels.
C’est dans cet esprit que le président de la Transition a mis en place, le 27 janvier 2023, la Commission chargée de la finalisation du projet de nouvelle Constitution qui sera soumis à referendum.
Dans le même esprit, notre pays s’est doté d’une nouvelle loi électorale en 2022 et a procédé, tout récemment, à la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige). Pour consolider son processus de refondation, notre pays s’est doté en 2022 d’un du Cadre stratégique de la refondation de l’Etat (2022-2031), assorti du plan d’actions 2022-2026.
La résolution durable de la crise qui affecte notre pays depuis plusieurs années nécessite un changement de paradigme. C’est pourquoi la Transition dans notre pays ne saurait se résumer à une question d’élection et d’alternance au sommet de l’Etat. Pendant 30 ans, nous avons fait des élections, et pourtant depuis trois décennies notre pays n’a jamais été aussi instable. On l’a vu sous d’autres cieux, notamment en Afghanistan, un pays qui a régulièrement organiser des élections pendant 20 ans, sans que cela résolve durablement les problèmes structurels. Ses partenaires occidentaux ont fini eux-mêmes par en faire le constant en l’abandonnant à son triste sort.
Loin de moi, l’idée selon laquelle les élections ne sont pas importantes, mais face à une crise de l’ampleur de celle que nous connaissons, les élections doivent être précédées de réformes appropriées.
Monsieur le président,
Le plus grand défi qui se pose à notre pays, le Mali, est le terrorisme. Elle menace les fondements de la République et la cohésion de la nation. C’est un cancer qu’il faut éradiquer à travers la conjugaison des efforts et la mise en œuvre de solutions holistiques et multidimensionnelles. C’est pourquoi, le retour de l’Etat et des services sociaux de base dans les zones affectées par la crise, le retour des réfugiés et des personnes déplacées internes dans leur terroir, ainsi que la sécurité des populations occupent, tout naturellement, un ordre de priorité élevé dans le Programme d’action du gouvernement.
Sur tous ces plans, nous avons engrangé des résultats notables grâce aux opérations militaires d’envergure que mènent sur le terrain, avec courage et professionnalisme, nos forces de défense et de sécurité.
Contrairement aux informations tendancieuses véhiculées par certains médias manifestement en mission contre le Mali, la peur a changé de camp ; c’est une évidence.
Nous traquons les groupes armés terroristes, réduits à des actions d’éclat isolées, jusque dans leurs derniers retranchements. Aussi, suivant la vision et les pertinentes orientations du président de la Transition, chef de l’Etat, Son Excellence le colonel Assimi Goïta, le gouvernement poursuivra le vaste chantier de la restauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, de la dignité, de la souveraineté et de l’indépendance de notre pays, conformément aux trois (3) principes clés qui gouvernent désormais l’action publique de notre pays.
Monsieur le Président,
Je voudrais vous donner l’assurance de la détermination du gouvernement à tenir ses engagements tant avec la communauté régionale et internationale, qu’avec la communauté nationale, qui a clairement exprimé sa vision du Mali Nouveau au cours des Assises nationales de la refondation (ANR) de l’Etat tenue en décembre 2021.
Les efforts de réforme seront poursuivis de manière à atteindre le point de non-retour dans le processus de redressement de notre pays. De la même manière, nous intensifierons le processus de réforme et les préalables à la tenue d’élections inclusives, apaisées et crédibles. Notre détermination à poursuivre sur la voie des reformes n’a d’égal que la soif de réforme de notre vaillant peuple, ainsi que son aspiration à la justice et de sécurité.
Je voudrais également vous réitérer l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, en capitalisant les progrès réalisés à l’issue des dernières réunions du Comité de suivi de l’accord et de la Réunion décisionnelle de haut niveau tenue en septembre 2022.
Au regard de tout ce qui précède, j’en appelle à l’Union africaine à soutenir nos efforts en cours, à les consolider, à les amplifier à travers un soutien franc et robuste aux plans politique, technique et financier.
Après la levée, en juillet 2022, des sanctions injustes, illégales et inhumaines de la Cédéao contre le Mali, après sept (7) longs mois d’embargo, nous exhortons l’Union Africaine à la levée des sanctions qu’elle a imposées à notre pays le 14 janvier 2022, suite à l’endossement de celles de la Cédéao prises le 9 janvier 2022.
Nous sollicitons la réintégration du Mali au sein des instances de l’Union africaine par ce que nous sommes sur la bonne voie dans l’exécution de nos engagements.
Nous le demandons aussi par ce que l’expérience a démontré, partout dans le monde, que les sanctions sont inopérantes pour ne pas dire inefficaces et contreproductives. Nous demandons enfin la réintégration du Mali, par attachement aux conclusions de la 3ème Réunion du Groupe de suivi et de soutien à la Transition tenue à Lomé le 6 septembre 2022.
Dans le contexte sécuritaire du Sahel et de la géopolitique mondiale, le Gouvernement souligne, ici et maintenant, l’importance pour l’Afrique, à travers l’Union Africaine, de renforcer son leadership dans la prévention et la résolution des crises sociopolitiques en Afrique de l’Ouest et au Sahel, ainsi que sur les questions de développement.
Au-delà des sujets politiques et des questions électorales, l’Union Africaine doit mettre un égal accent sur les problématiques de développement et sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Enfin, l’Etat malien qui fait face à des défis humanitaires importants attend l’expression la plus forte de la solidarité continentale à travers l’appui du Fonds humanitaire de l’Union africaine aux efforts que le Mali déploie au plan national pour faire face à la crise humanitaire dans les zones affectées par l’insécurité
Aujourd’hui-Mali