Dialogue régional contre le déplacement forcé au Sahel : Les engagements forts du HCR dans la recherche de solutions aux conflits
Le Centre international de conférence de Bamako (CICB) a abrité le mercredi 11 septembre 2019, la cérémonie d’ouverture du dialogue régional de protection et de solution dans le cadre des déplacements forcés au sahel. Ce dialogue organisé par le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) avec ses partenaires durera deux jours et regroupe non seulement les représentants des cinq pays du sahel à savoir en plus du Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad, mais aussi les Nations unies, à travers leurs services humanitaires. L’objectif de cette rencontre était de diagnostiquer les causes réelles qui conduisent aux déplacements forcés de la population, en vue de trouver les solutions pour une synergie d’action de tous les acteurs.
Tous les acteurs nationaux et internationaux engagés pour l’humanitaire, le droit de l’homme et la protection du droit des réfugiés se sont réunis pour deux jours d’échange, autour des problématiques comme l’accès humanitaire et la coordination civile et militaire ; la protection dans le cadre du plan d’action des Nations unies pour la prévention de l’extrémisme violent ; l’accès à l’asile dans le cadre de déplacement massif de réfugiés et de mouvements mixtes ; les solutions aux problèmes des déplacements forcés des populations civiles dans le sahel et l’accès aux documents d’état civil, d’identité et de nationalité.
Le représentant du maire de la commune III du district de Bamako a indiqué que sa commune ne saura rester en marge de cette activité en raison du nombre important des réfugiés arrivés à Bamako dans le même cadre, il y’a un moment. C’est pourquoi d’ailleurs, il a indiqué la volonté manifeste de sa commune à soutenir pour avoir des solutions durables à ce problème. La directrice régionale du HCR, pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, Mme Millicent Mutuli a indiqué que pendant ce dialogue, identique à celui organisé à Abuja en janvier dernier, les participants vont tenter d’analyser les problématiques de protection en cour et proposer des voies de solutions. Ce qui permettra sans doute, selon elle, aux acteurs humanitaires et ceux du développement de renforcer leur coopération, pour venir à bout des problèmes qui mettent à mal, l’humanité en général. Car selon elle, les cinq pays du sahel dont il est question abritent déjà, dès le mi-2019, plus d’un million quatre cent cinquante-huit mille (1.458.000) personnes, dont 44%, d’entre elles sont des déplacées internes. Cela, sans compter des millions d’autres qui sont en risque de déplacement selon elle, à cause de la recrudescence de la crise dans le sahel. Elle signale également que la gravité de cette situation qui a donné la mort à plusieurs centaines de personnes, dont les civils, aussi bien que des acteurs humanitaires, ne permet non seulement pas à la population de vivre dans la quiétude, mais l’empêche également le libre accès des acteurs humanitaires pour la porter secours.
La directrice du bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du centre n’a pas manqué de rappeler que les dispositions de sécurité mises en place par les Etats, avec l’appui de la communauté internationale (Barkhane, G5 sahel, MINISMA), n’ont pas empêché que les crimes et des violations des droits de l’homme se commettent. D’où l’importance, pour Mme Millicent Mutuli, des thèmes choisis pour ce dialogue régional, qui découlent, selon elle, de l’analyse du contexte actuel des crises humanitaires en Afrique de l’ouest et du centre en général, et plus singulièrement dans les cinq pays du sahel. Elle laisse en fin la problématique de savoir si les résultats des discussions et les recommandations de ce dialogue permettront-elles aux hautes autorités des cinq Etats ainsi que celles des organisations invitées, de prendre des engagements à travers une déclaration commune.
Quant à la représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies, coordinatrice de l’action humanitaire et coordinatrice résidente des Nations unies au Mali, elle laisse entendre que le présent dialogue est une occasion de se rapprocher, au niveau stratégique, et identifier des solutions durables à ces déplacements conformément aux textes du droit international et les principes sur les déplacements.
La représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies a, dans son allocution, abordé tous les risques liés à ces déplacements forcés de la population, plus particulièrement au niveau des femmes et des enfants. Selon elle, en plus de la précarité, un enfant sur dix accède à l’école pour la majorité des personnes déplacées de moins de dix-huit ans. Elle indique qu’après des efforts à apporter de l’assistance et de la nourriture aux déplacés, leur plus grand souhait reste le retour en famille. D’où la nécessité selon elle, de voir les conditions adéquates de sécurisation des zones pour permettre aux déplacés de retourner chez eux avec tout l’accompagnement et assistance des partenaires sociaux et humanitaires.
Compte tenu de l’importance qu’elle accorde à cette question, la représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies a réitéré l’engagement de tout le système des Nations unies au Mali, à soutenir les efforts des gouvernements pour la paix la stabilité et la cohésion sociale. Le ministre de la Solidarité et de la lutte contre la pauvreté, Amadoun Konaté a, de son côté, déploré le fait que cette terre généreuse du Sahel qui devrait offrir un énorme potentiel de croissance rapide au développement soit l’abri de la déferlante menace du terrorisme, avec plus un million trois cent mille personnes condamnées à se déplacer involontairement. Selon lui, la situation des réfugiés de longue durée dans les cinq pays du sahel, les mouvements secondaires et mixtes vers l’Afrique du Nord et l’Europe s’ajoutent à la complexité de l’environnement de protection et de la recherche de solutions durables. Le ministre dira qu’il est nécessaire de renforcer le dialogue et le partenariat dans le cadre du dialogue régional pour atténuer le coût involontaire et le coût financier exorbitant en se reposant sur les moyens de protection et de solutions aux conflits qui poussent les populations à fuir.
ISSA DJIGUIBA
Source : Le Pays