DÉVELOPPEMENT RURAL : LE PRÉSIDENT DE L’APCAM VISITE UNE FERME À NIANFALA
Un cheptel bovin de 62 têtes, 2000 pieds de manguiers, 150 d’orangers et deux hectares de maïs, tout cela se trouve dans la ferme de Mme Cissé Dicko Sow que le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, a visitée mardi dernier à Nianfala, Commune rurale de Sanankôroba. C’était dans le cadre du suivi de la campagne agricole en cours.
Après les producteurs des filières coton et maïs, c’était donc le tour des éleveurs de recevoir le patron du monde rural. La ferme qu’il a visitée, n’a pas été choisie au hasard, car la dame Dicko Sow fait parler d’elle dans le milieu grâce à sa détermination et à son amour pour l’élevage. Rappelons que l’élevage est l’un des quatre secteurs qui composent l’APCAM. Pour la visite, Bakary Togola était accompagné d’une délégation composée du président de la Chambre d’agriculture de Bamako Sanoussy Bouya Sylla et du président de l’Interprofession de la filière maïs, Bakary Doumbia.
Bâtie sur 15 hectares avec une production laitière journalière de 100 litres, la ferme de Mme Cissé Dicko Sow a été lancée en 2012 avec seulement quelques têtes de bovin venues de son village. Aujourd’hui, elle se retrouve à la tête d’une exploitation, qui rien que par le lait, lui apporte 50.000 Fcfa par jour, soit 1.500.000 Fcfa tous les 30 jours. La jeune femme vend une partie de sa production laitière et en transforme l’autre. Mais ce n’est pas sans quelques difficultés. « Je voudrais faire dans ma ferme une laiterie pour une meilleure conservation et un meilleur traitement du lait, mais je n’en ai pas les moyens. La banque ne veut pas me faire un crédit pour le financement non plus. En plus de ça, je voudrais revêtir une partie de ma cour de pavés, car pendant la saison pluvieuse, ç’est difficile pour les animaux de marcher », explique-t-elle.
Bakary Togola lui a conseillé quelques tuyaux de base pour convaincre les banques. Il s’agit de la valorisation et de la sécurisation de ses terres. « Si vous avez un titre provisoire, et que vous n’êtes pas à jour pour le paiement des redevances, mettez-vous à jour. Car l’acquisition du titre définitif, qui ouvre la voie au crédit bancaire, est conditionnée au paiement intégral des redevances », lui a-t-il recommandé. Pour la cour boueuse, étant donné qu’elle contient de la bouse, le président de l’APCAM a conseillé de s’en servir comme engrais bio pour ses deux hectares de maïs.
«Je suis née éleveur, mes parents sont éleveurs», ajoute la jeune maman dont le pic de production laitière est de 150 litres par jour. «Mon objectif, c’est avoir du lait pour la commercialisation. Maintenant je produis 100 litres par jour, car pendant la saison pluvieuse les clients consomment moins de lait. Ils prétendent que ça cause le paludisme. Alors je me limite à 100 litres. J’en transforme la moitié en faisant du dèguè et l’autre moitié, je la vends aux boutiquiers, aux particuliers et même à certaines banques de la place», détaille Mme Cissé Dicko Sow.
Selon elle, les banques sont réticentes prétextant que les animaux ne sont pas une garantie sûre. «Or, j’ai acheté certaines de mes laitières à 2 millions par tête», argumente-t-elle.
Pour Sanoussi Bouilla Cissé, président de la Chambre d’agriculture de Bamako, le principal problème est le manque de vision économique de l’élevage. «Lors de la journée du paysan, nous avons demandé les états généraux de l’élevage, car il faut redéfinir notre élevage pour relever les défis dont le principal est la disponibilité des aliments bétail sur les huit mois de sécheresse dans l’année. Il faut qu’on développe la culture fourragère en donnant des ensileuses aux éleveurs comme on donne des tracteurs aux agriculteurs, cela résoudra le problème de l’alimentation du bétail», développe-t-il.
Le président de l’APCAM a fait savoir que les éleveurs et agriculteurs sont unis dans l’objectif de hisser le Mali sur le plan économique. Il a remercié l’Etat pour la pose de la première pierre de l’usine de lait. Pour Bakary Togola, le développement de toute filière dépend de l’organisation. « Il faut qu’on organise nos filières. Il faut qu’on aille à l’interprofession pour pouvoir relever les défis de la production, la commercialisation et la transformation », a-t-il exhorté.
L’élevage, selon le président Togola, souffre du manque de culture fourragère. Il rappellera que cette année, lors de la Journée du paysan, l’accent a été mis sur le maïs comme solution à l’alimentation du bétail. « On peut le cultiver partout au Mali. Et avec l’eau, on peut le cultiver trois fois dans l’année, c’est la solution à ce problème d’aliment bétail», a préconisé le président de l’APCAM.
Khalifa DIAKITÉ