Des milliers de Soudanais manifestent contre l’accord signé entre les militaires et Hamdok
Meguetan Infos
Des dizaines de milliers de personnes dans tout le pays ont manifesté jeudi 25 novembre contre le pouvoir militaire réclamant un véritable changement alors qu’un accord vient de réinstaller le Premier ministre civil tout en renforçant la mainmise de l’armée après son putsch du 25 octobre. La manifestation s’est déroulé dans le calme, quelques grenades lacrymogènes ont été tirées à Omdurman.
Pour la première fois depuis le coup d‘État, cette marche du million s’est déroulée alors que les communications étaient rétablies et que les ponts n’étaient pas bloqués par l’armée. Officiellement, cette manifestation avait lieu pour commémorer les 42 protestataires tués par les forces de l’ordre depuis le coup d’État. Mais c’était aussi pour beaucoup l’occasion de refuser l’accord signé par le Premier ministre.
En tête de cortège, les portraits des 42 martyrs de la révolte contre le coup d’État. Abderahman continuera à manifester tant que les généraux ne seront pas jugés pour ces crimes. « Nous voulons être gouvernés par des civils. Nous n’avons rien contre le retour de Abdallah Hamdok mais nous ne voulons pas d’un pouvoir dirigé par les militaires. L’accord ne change pas grand-chose. Les généraux sont toujours là et les décisions de Burhan toujours en vigueur. L’accord n’a pas arrêté la répression, la violence et les arrestations ».
Au cours de cette journée « test » – selon l’ONU – pour une junte militaire qui tente de regagner les bonnes grâces de la communauté internationale, les manifestations se sont déroulées dans le calme. « La question n’est pas de savoir si cette manifestation est un test pour eux ou non, insiste une manifestante. Il est clair que la rue n’a plus confiance dans les militaires. Avec ou sans Hamdok, ils ne pourront pas nous diviser. La rue a une demande claire et personne ne pourra nous en dévier, les militaires doivent retourner dans leurs casernes. Nous on est là. On a une nation à reconstruire ».
Pour Khalafallah, membre d’un comité de résistance, la mobilisation massive dans les rues du pays, est le signe que malgré l’accord signé par le Premier ministre, les manifestants ne lâcheront rien. « Aujourd’hui on ne mène pas une bataille contre Hamdok mais contre le conseil militaire. On se battra plus tard contre Hamdok, mais pour le moment nous faisons face à un régime répressif, militaire, qui s’accapare notre pays. Cet accord ne nous intéresse pas. Notre position est claire : pas de négociation, pas de partenariat, pas de concessions avec la junte. »
Suhanda estime que cet accord est un coup de poignard dans le dos. « Hamdok est revenu au prix du sang qui n’a pas cessé de couler. Il a signé cet accord et une heure après nous avons perdu un martyr à Omdurman. Pour le moment, cet accord ne donne pas de résultat. Un jour, on signe un accord avec les militaires. Le lendemain, au réveil, ils massacrent un sit-in pacifique. Un autre jour, on signe un accord avec eux, ils font un coup d’État et tuent 42 personnes. On se réveille une autre fois et le Darfour est à feu et à sang. Nous n’avons pas confiance ».
« Tout le pays est avec le Darfour », pouvait-on entendre dans les cortèges, alors que 14 villages ont été rasés par des milices tuant au moins 100 personnes et blessant des centaines d’autres.
RFI