Décongestion de la maison d’arrêt de Bamako : Le rêve de Malick Coulibaly se réalise !
Tel un guerrier qui n’abandonne jamais une bataille avant de l’avoir gagnée, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Malick Coulibaly se promenait avec le souci permanent de décongestionner la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Il a exprimé ce souci en dédiant sa première sortie, en tant que chef de département de la Justice, à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Mieux, en l’espace de six mois, Me Malick Coulibaly a effectué plus de quatre visites au camp pénal de Kiénioroba, destiné à désengorger la prison de Bamako, en vue de galvaniser l’entreprise chargée des ouvrages.
Après quelques mois d’efforts intenses et sans relâche, les résultats sont là ! Aujourd’hui, plus de 440 détenus condamnés purgent leurs peines dans le camp pénal de Kiénioroba, situé à 15 km de Kangaba. Un rêve se réalise certes pour le ministre Malick Coulibaly, mais il annonce d’ores et déjà les couleurs d’un autre défi. Celui de rendre à chaque incarcéré sa dignité. Une ambition de longue haleine que le ministre Malick Coulibaly a entamée avec plein d’entrain, le mardi 17 décembre 2019, à travers une visite de terrain dans le nouveau centre pénitencier.
Pour concrétiser ce vœu, il a parlé, sans témoin, avec tous les détenus de la prison de Kiénioroba désirant prendre langue avec lui, le mardi dernier. Accompagné de quelques membres de son cabinet, il a fait le tour des 16 cellules opérationnelles de la prison. Au cours de cette visite dirigée par le directeur, le Capitaine Amadou Alfousseyni Maïga, consigne a été donnée à ce dernier de s’effacer à chaque tête à tête avec les détenus, afin qu’ils puissent s’exprimer librement.
A la prison de Kiénioroba, qui a reçu ses premiers prisonniers, il y a deux mois, le premier constat qui frappe tout visiteur, c’est d’abord la propreté. Le cadre de vie des prisonniers est humain. Mieux, là-bas chaque prisonnier dispose d’un matelas en son nom. « Tous les parents de prisonniers, qui ont viennent voir leurs enfants ou proches ici, expriment leur joie de voir leur cadre de vie s’améliorer », nous confie une personne proche de la prison.
Avec le ministre Coulibaly, les détenus se sont confiés sur leurs difficultés quotidiennes qui sont, entre autres, liées au problème d’eau, de nourriture, de gestion des visites, de leurs prises en charge sanitaire et de dotation en savon. Aucune question n’a été occultée durant une heure d’horloge que le ministre a consacrée aux détenus. Et la parole était donnée à qui voulait la prendre.
Averti des préoccupations des détenus, Me Malick, sans se fier aux réponses données par la Direction de la prison, entame, aussitôt, une visite générale qui l’a conduit dans tous les services de la prison de Kiénioroba.
Pour ce faire, il s’est rendu d’abord à la cuisine de la prison. Il ne regrettera pas d’avoir eu le reflexe de s’y rendre.
Pour preuve pendant 15 mn, le ministre est resté devant les tasses de riz en attente d’être mis dans la marmite à méditer sur sa qualité. Sentant le gêne qui se lisait sur son visage, un de ses proches collaborateur, présent à la scène, décide de se lancer et engage le débat autour des baignoires de riz en ces termes : « Et pourtant la qualité de ce riz n’est pas si mauvaise ». Aussitôt, cette phrase lancée, le ministre sort de sa méditation et trouve sa réactivité. « Et pourtant, ce n’est pas ce que tu manges chez toi », a-t-il lâché de façon sèche.
A la cuisine, le ministre a aussi échangé avec les cuisiniers sur leurs difficultés. Ici aussi, c’est le même problème d’eau qui a été largement décrié.
Séance tenante, Malick ordonna d’installer un robinet dans la cour de la cuisine. Mais ce n’est pas tout. Auprès des cuisiniers, le ministre a aussi cherché à en savoir plus la variété des repas des détenus.
Ensuite, la délégation du ministre s’est rendue à l’infirmerie de la prison. Le médecin de la prison était là. Mais comme décrié par les détenus, il n’est là que deux jours sur sept.
Auprès de lui, le ministre s’est renseigné sur les raisons de sa présence périodique.
Selon le médecin de la prison, il est confronté à un problème d’emploi du temps. Il doit faire la navette entre Kati et Kiénioroba. Face à cette difficulté, le ministre a promis de trouver une solution rapide.
Mais, Me Malick Coulibaly n’a pas abordé que cela avec son interlocuteur. Il s’est aussi renseigné sur les types pathologies dominantes chez les prisonniers. Il ressort de leurs échanges que c’est le paludisme qui domine à Kiénioroba. Avec le médecin, Malick a discuté des mesures de prévention.
La dernière étape de sa visite fut consacrée aux éléments de la Garde nationale appelés en renfort aux gardiens de prison.
Dans l’interview livrée à la presse à la fin de visite, le ministre Malick Coulibaly dira que c’est au regard du record de la population carcérale de Bamako qu’il a jugé nécessaire d’opérationnaliser deux quartiers de la prison de Kiénioroba. « Nous avons transféré à ce jour plus de 400 détenus. Après ce transfert, il est tout à fait normal que le Garde de Sceaux, que je suis, puisse effectuer le déplacement pour voir de visu les difficultés auxquelles sont confrontées les agents et les détenus. Cette démarche s’inscrit en droite ligne de la vision du président de la République du lieu carcéral. Il m’a au moins répété trois fois que les détenus sont privés de liberté, mais pas de dignité », a indiqué Me Coulibaly.
Quant aux conditions de vie des détenus, Malick Coulibaly n’a pas caché ses sentiments profonds. « En tant que Garde des Sceaux, je me garderai d’être satisfait des conditions de détention des incarcérés. Il y a et il y aura toujours des choses à faire. Mon devoir est de faire en sorte que leurs conditions de vie s’améliorent de façon constante. Il y a encore des efforts à faire en termes d’alimentation, de sécurité pour les agents et d’espace de vie pour les détenus. Nous avons des cellules vides, pourtant j’ai aussi le sentiment que les détenus sont en surnombre dans celles occupées. Il y a un réglage à faire. Et nous allons le faire dès aujourd’hui », a dit le ministre.
A l’en croire, la prison de Kiénioroba sera totalement opérationnelle d’ici juin 2020 et pourra accueillir plus 2000 détenus en respectant les normes internationales.
Malick a rassuré la population de Kiénioroba par rapport à un vœu qu’elle avait émise en promettant de la faire profiter des installations électriques de la prison. « Des efforts seront faits pour que Kiénioroba et d’autres localités voisines puissent bénéficier d’électricité de qualité », a promis Me Coulibaly.
Youssouf Z KEITA
Source: Le Prétoire