Culture : Lamissa Bamba dit Kadiolo Naby, lance son nouvel album
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La cérémonie de présentation de l’album a eu lieu le samedi 28 janvier dernier à la faveur d’une conférence de presse, à la Direction nationale de l’Action culturelle (Dnac) Bamako. Cette œuvre traduit l’engagement d’un artiste pour son terroir, son attachement à la musique et à la promotion de la culture malienne.
« Toguo kadi beye » est un album de huit titres chantés en Sénoufo et en Bamanankan. Le titre générique traduit la quête d’une bonne réputation qui est au cœur de toutes nos bonnes actions, de tous nos actes. « Ce qui nous survit généralement c’est surtout le nom tiré de nos bonnes actions. Ce nom ne s’achète pas, il se mérite ! Il se mérite par le travail, le courage, la bravoure, la générosité, l’humanisme », nous dit Kadiolo Naby.
Les huit titres de l’œuvre évoquent la reconnaissance, la discrimination sociale, la solidarité, l’impuissance de l’homme face au pouvoir divin, la méfiance, l’amour du terroir où il souhaite être enterré quand il ne sera plus de ce monde, nos valeurs fondamentales, la tourmente dans laquelle se trouve le pays. Selon l’artiste, il y a une grande différence entre cet album et les 2 précédents. Une différence qui se situe au niveau des mélodies, des rythmes… Au-delà de la promotion de la musique du terroir, cet album est un creuset de conseils et de sagesses pour l’éveil des consciences. Le souhait de l’artiste est qu’il soit un guide pour tous les mélomanes pour plus de solidarité, d’entraide, de soutien, de patriotisme. Produit par John Koné (guitariste sur l’œuvre), cet album a coûté plus de 2 200 000 F CFA. Il est le fruit de 2 mois (répétition et studio), de travail acharné. L’album sera en vente le 6 février 2023.
Père de huit enfants, Lamissa Bamba dit Kadiolo Naby a vu le jour le 31 décembre 1975 à Nakomo, dans la Commune rurale de Kadiolo (480 km au sud de Bamako). C’est un artiste-musicien et multi-instrumentiste (nbolon, dun-dun…) qui réside à Sikasso (Hamdallaye extension). Issu d’une famille à cheval sur les valeurs séculaires, il est foncièrement attaché à son terroir et fait de la valorisation et de la promotion de la culture sénoufo son cheval de bataille. L’enfant de Nakomo a eu une enfance très difficile car frappé de plein fouet par des problèmes de vision. Un mal contre lequel il a livré et gagné son premier combat de la vie en sillonnant les tradithérapeutes, les guérisseurs les plus réputés en quête de remèdes. Mais, malgré tous les efforts, cette cécité persistera pendant sept ans. Mais, le prodige de Nakomo n’a pas baissé les bras.
Cette expérience l’a amené à s’intéresser aux vertus thérapeutiques des arbres afin de pouvoir aider d’autres personnes à trouver des remèdes au mal qui les ronge. Il a approfondi son savoir et son savoir-faire dans ce domaine et parvient aujourd’hui à soulager les âmes désemparées. Il s’est aussi intéressé à l’art divinatoire et s’est frotté à la science des légendes les plus chevronnées de cette science.
A l’instar de tous les enfants senoufos, Naby est très attaché à la terre (agriculture) et il a est réputé dans la zone comme un champion de l’agriculture. Ce qui ne l’empêcha pas de s’adonner à sa passion : la musique ! Pour cet art, il avait déjà des prédispositions naturelles comme sa voix suave qui distille des sonorités envoûtantes dont raffolent ses fans. Il s’est ainsi vite frayé un chemin pour devenir l’un des meilleurs musiciens de sa génération. Alors étoile montante, il a été découvert pour intégrer la troupe régionale de Sikasso en 1986 lors de la Biennale artistique et culturelle.
Mordu de culture et passionné des arts lyriques, Kadiolo Nabi s’illustre dans les semaines locales, régionales et les biennales avant de se lancer en solo dans le showbiz. C’est ainsi qu’en 2014 les mélomanes savourent son premier opus baptisé «Farafina» (Afrique). Un coup d’essai en solo qui lui a valu des tournées artistiques dans certains pays africains notamment en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en République de Guinée, au Sénégal…
Intitulé «Bè ki miri», son second album a été dédicacé le 15 juillet 2017 à Kadiolo. En dehors de la musique, Kadiolo Naby est un opérateur culturel qui, malgré ses maigres moyens, est déterminé à contribuer au rayonnement culturel de son terroir.
C’est ainsi qu’il a créé en 2015 l’Association Yèrèdon avec des objectifs ambitieux. Cette association a déjà à son actif un festival dénommé «Kadiolo Dembé» dont la première édition a eu lieu en mars 2015. Sa dernière initiative est le Festival Gbanni, avec une foire artisanale commerciale, qui est prévu du 1er au 8 mars 2023 à Nakomo (Kadiolo). Kadiolo Naby n’est pas seulement un artiste, encore moins un agriculteur ou un herboriste, mais un philanthrope qui vole au secours des veuves, des orphelins et des personnes vivant avec un handicap.
Ibrahima Ndiaye
Mali Tribune