Création d’une zone de défense et de sécurité dans le Gourma par la CMA: Les tensions ravivées entre les autorités maliennes et l’ex- rébellion
L’annonce de la création d’une zone de défense et de sécurité dans le Gourma par la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), un groupe armé signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger, a ravivé les tensions entre les autorités maliennes et l’ex- rébellion.
Cette décision de la CMA, selon les autorités maliennes, est une transgression du cessez le feu entre les parties et une flagrante violation des dispositions des articles 17, 25 et 29 de l’Accord. Le gouvernement malien invite la CMA à revisiter sa position et demande un arbitrage de la médiation internationale. La CMA, quant à elle, persiste et signe que cette zone militaire existait et relevait de la zone de haoussa. « La seule nouveauté est que la zone devient autonome vis à vis du haoussa et dépend directement de l’état-major général de la CMA », selon l’ex- rébellion.
Une semaine après que la Coordination des Mouvements de l’Azawad ( CMA) a annoncé la création d’une zone de défense et de sécurité dans le Gourma, les autorités maliennes ont protesté, dans un communiqué, le 5 février dernier, contre « une transgression du cessez le feu entre les parties et dont les clauses les engagent à conserver leurs positions » et une flagrante violation des dispositions des articles 17, 25 et 29 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger relatives aux questions de défense et de sécurité.
Selon les autorités maliennes, cette décision unilatérale de la CMA est de nature à susciter des interrogations et des suspicions au moment où les parties se sont engagées à tenir une concertation de niveau décisionnel pour finaliser la phase d’intégration du dernier groupe des ex-combattants issus des bataillons du Mécanisme Opérationnel de Coordination(MOC) dans les centres de formation. Le gouvernement malien demande ainsi à l’ex- rébellion à « réviser sa position » et invite la médiation internationale à se pencher sur la question conformément aux dispositions des paragraphes 7 et 9 du Pacte pour la paix au Mali.
Le gouvernement malien a condamné fermement cette décision qui, de son avis, fragilise le processus de paix dans un contexte de recrudescence des attaques des groupes terroristes dans le Gourma où se déroulent les opérations « MALIKO et ECLIPSE » en collaboration avec les forces partenaires, notamment Barkhane et la force conjointe du G5-Sahel. Pour le gouvernement malien, la décision de la CMA est également de nature à compromettre les résultats probants obtenus sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel .
« La zone militaire existait et relevait de la zone de haoussa », selon la CMA Ce « recadrage » des autorités maliennes n’a pas plu à l’ex- rébellion qui, dans un document signé le 5 février par son porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, estime que la réaction des autorités maliennes contient « des fausses informations » par rapport à la création d’une nouvelle zone militaire de la CMA dans le Gourma.
Selon la CMA, les allégations du gouvernement malien sont « fondées sur des passions et sous la pression de la rue au détriment de la vérité du terrain. » « La Coordination des Mouvements de l’Azawad exprime toute son indignation, son étonnement et sa préoccupation face à des telles réactions pour les moins surprenantes et non constructives du gouvernement au moment où les parties prenantes au processus de paix se préparent avec l’aide de la communauté internationale à tenir une rencontre de niveau décisionnel et une autre rencontre du CSA pour une première fois à Kidal », lit-on dans le communiqué de la CMA.
L’ex- rébellion ajoute que « la zone dite de Gourma n’est pas une création nouvelle , depuis la signature du cessez-le-feu du 23 Mai 2014 et bien avant la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation , cette zone militaire existait et relevait de la zone de haoussa(rive gauche du fleuve de Gao). » La seule nouveauté, selon elle, est que la zone devient autonome vis à vis du haoussa et dépend directement de l’état-major général de la CMA . Une réorganisation qui s’inscrit, de son avis, dans le cadre de la redynamisation de la CMA en vue de protéger et de sécuriser les populations de cette zone laissées pour compte et pour mieux coordonner avec les forces internationales et nationales y compris les FAMAs ( militaires maliens) et la plateforme.
Pour la CMA, les FAMAs ont maintes fois et de façon répétitive violé le cessez-le-feu en faisant des opérations militaires et des patrouilles unilatérales procédant aux fouilles et aux arrestations des paisibles citoyens Azawadiens dans des Zones sous son contrôle, en occupant le terrain en dehors des mécanismes de L’APR/D’Alger sans que cela suscite ses réactions, la dernière en date concerne l’incursion des FAmas à Razelma sans concertation et sans préavis .
L’ex- rébellion a condamné « les accusations à peine voilées, distillées avec subtilité dans le communiqué du gouvernement insinuant que sa présence dans la Gourma serait un handicap à la lutte contre les terroristes alors même qu’elle gêne et empêche en premier lieu les mouvements et la fixation des terroristes. » Elle a réitéré « son attachement au cessez-le-feu signé le 23 Mai 2014 à Kidal et aux arrangements sécuritaires qu’elle a signés » et invité « le gouvernement malien à s’inscrire exclusivement et de façon diligente à la construction de la paix et de la confiance, gage de la réussite d’une bonne mise en œuvre de l’accord . »
Une centaine de terroristes ont été tués et une vingtaine d’autres capturés lors d’une opération militaire conjointe franco-malienne menée en janvier dans le centre du Mali. Dans son dernier rapport sur la situation au Mali, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a fait savoir qu’au cours du dernier trimestre, les Forces de défense et de sécurité maliennes, les forces internationales, la MINUSMA et les groupes armés signataires ont essuyé 35 attaques asymétriques. « 55 % d’entre elles se sont produites dans le nord du Mali, dont 14 % dans la région de Kidal, 33 % à Tombouctou et 8 % à Gao. »
M. K. Diakité