Covid long : l’infection au Covid-19 augmente le risque de maladie cardiovasculaire pendant au moins un an
Le coronavirus aurait déjà causé plus de 15 millions de maladies cardiovasculaires dans le monde. Voici la triste estimation d’une étude publiée le 7 février 2022 dans le journal Nature Medicine, qui met en lumière l’ampleur des dégâts entraînés par le Covid-19 sur le cœur et la circulation sanguine. Selon l’analyse réalisée par des chercheurs de l’Université Washington à St.-Louis (États-Unis), l’infection par ce coronavirus augmente de 55 % le risque de développer une telle maladie dans l’année suivant l’infection. Plus inquiétant encore, ce risque augmente même chez les personnes à bas risque de développer une maladie cardiovasculaire et celles ayant fait des formes légères du Covid-19.
Le système cardiaque est affecté à long terme par l’infection
Les chercheurs ont analysé les données de santé de 153.760 personnes infectées aux États-Unis entre mars 2020 et le 15 janvier 2021 (et ayant survécu au moins pendant 30 jours après l’infection) et les ont comparées à un groupe de 5 millions de personnes non infectées pendant la même période. Puisqu’il s’agit principalement d’infections survenues durant la première année de la pandémie, presque la totalité des personnes de ces cohortes n’était pas vaccinée avant l’infection.
Résultat : le risque de maladie cardiovasculaire augmentait significativement à cause de l’infection, et pas seulement pendant la phase aiguë de la maladie (le premier mois) mais pendant au moins une année, ce qui pourrait expliquer une partie des cas de Covid long observés depuis le début de la pandémie. Ainsi, le risque de faire un arrêt cardiaque augmentait de 63 % et celui d’un AVC de 52 %. Les personnes infectées avaient aussi un plus haut risque de thrombose, de myocardite et de péricardite, entre autres. Toutes maladies cardiovasculaires confondues, le risque après l’infection augmentait de 55 %.
Le risque augmente même chez les personnes à faible risque
“Ce qu’on voit n’est pas bon. Le Covid-19 peut entraîner des complications cardiovasculaires graves. Et le cœur ne se régénère pas facilement, donc ces maladies peuvent affecter ces personnes pendant toutes leurs vies, regrette l’épidémiologiste Ziyad Al-Aly, auteur de l’étude, dans un communiqué. Le plus remarquable est que même des personnes qui n’ont jamais eu de problèmes cardiaques et qui sont considérées à bas risque peuvent développer des maladies cardiovasculaires après le Covid. Nos données montrent que le risque augmente chez les jeunes et chez les personnes âgées, chez ceux avec diabète et chez ceux sans, chez ceux ayant eu une maladie cardiaque auparavant et chez ceux sans aucun historique de maladie cardiovasculaire, chez ceux ayant été hospitalisés pour Covid-19 ainsi que chez ceux avec des formes légères du Covid-19.” Cependant, même si le risque augmentait chez les cas légers de Covid-19, il augmentait davantage chez ceux ayant été hospitalisés.
Le risque de myocardite observé était indépendant des vaccins
Pour s’assurer que le risque accru de myocardite et de péricardite n’était pas biaisé par la vaccination (qui augmente légèrement ce risque), les chercheurs ont réalisé des analyses supplémentaires, montrant que l’augmentation de ce risque était plus élevée chez les personnes infectées, peu importe leur statut vaccinal. C’est-à-dire que les infectés non vaccinés étaient plus à risque que les non infectés non vaccinés, et que les infectés vaccinés étaient aussi plus à risque que les non infectés vaccinés.
Environ 4% des personnes infectées développent une maladie cardiovasculaire
Au total, les maladies cardiovasculaires ont touché environ 4% de personnes de plus chez le groupe des personnes infectées. Selon les auteurs, puisqu’il y a déjà eu plus de 380 millions de personnes infectées dans le monde, cela voudrait dire que le Covid-19 aurait pu causer plus de 15 millions de maladies cardiovasculaires. “À cause de la nature chronique de ces maladies, ces personnes vont probablement avoir des conséquences à long terme, ce qui aura aussi des implications sur la productivité économique et sur l’espérance de vie, alerte Ziyad Al-Aly. Il est nécessaire de définir urgemment une stratégie globale à long terme pour s’occuper des défis causés par le Covid long.” Toutefois, les auteurs soulignent que la meilleure stratégie est de prévenir le Covid long afin d’éviter ses complications, y compris les maladies cardiovasculaires, et pour cela le mieux est de prévenir les infections.