Covid-19 et pénurie d’oxygène : les médias algériens appelés à « éviter la dramatisation »
OBS
De telles informations ne peuvent que « semer la crainte, la hantise et le désespoir au sein de la société, et la situation devient encore plus difficile à traiter », a estimé l’Arav.
« Eviter la dramatisation et l’effroi »
L’Autorité juge indispensable de « respecter les règles professionnelles, faire preuve de pondération dans la couverture, et d’exactitude dans la diffusion des informations ou des images », notamment lorsque les réseaux sociaux « constituent une source principale d’information ». Les responsables des journaux télévisés et des programmes d’information sont ainsi appelés à « éviter la dramatisation et l’effroi dans les discours », a souligné l’Arav.
Le pays le plus peuplé du Maghreb (44 millions d’habitants) doit faire face à une forte hausse des cas quotidiens de contamination. Depuis le début de l’épidémie, en février 2020, 168 668 contaminations, dont 4 189 décès, ont été officiellement recensées. Le record quotidien d’infections a été battu de nouveau mercredi, avec 1 927 cas, selon le ministère de la Santé.
Le nombre des infections des dernières vingt-quatre heures a toutefois chuté jeudi, sans explication, avec 1 537 cas, soit près de 400 de moins que la veille. Mais les chiffres officiels − celui des décès en particulier − ne refléteraient pas la réalité, d’après des témoignages de certains professionnels de la santé rapportés par les médias.
Face à cette troisième vague de la pandémie en Algérie, les autorités ont notamment interdit l’accès à certaines plages et promis d’accélérer la campagne de vaccination qui a pris du retard. Près de six mois après les premières vaccinations, près de 3,5 millions d’Algériens ont été vaccinés, a précisé jeudi soir le Premier ministre algérien, Aïmène Benabderahmane.
L’Algérie a reçu à ce jour 9 millions de doses de vaccins − russe (Spoutnik), suédo-britannique (AstraZeneca) et chinois (Sinovac et Sinopharm) − et en recevra 9,2 millions supplémentaires en août, a assuré Aïmène Benabderahmane. « L’Algérie va produire localement le vaccin Sinovac à partir de septembre, avec une quantité mensuelle de 2,5 millions de doses », a-t-il précisé.
Priorité à l’oxygène
Mais dans l’immédiat, la priorité est à la pénurie d’oxygène. Des particuliers et certains hôpitaux en manquent, en raison notamment de problèmes de gestion des stocks et de distribution. Des bénévoles ont commencé à distribuer gratuitement des bouteilles d’oxygène à Blida, près d’Alger, préfecture parmi les plus touchées par la pandémie, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Une entreprise de gaz industriel privée a décidé de dédier une partie de son usine de Blida à la production et au remplissage de bouteilles d’oxygène médical. Devant l’usine, des citoyens de tous âges, munis d’ordonnances médicales, attendent avec l’espoir de pouvoir obtenir au moins la moitié de la prescription en oxygène. Les bouteilles sont gratuites mais rationnées afin d’aider le plus grand nombre possible de familles en détresse. « Même si c’est rationné, ça nous permet de soulager ce qu’on peut », a expliqué à l’AFP Farouk Touileb, ambulancier de 36 ans.
Selon des spécialistes de santé interrogés par l’AFP, qui ont souhaité garder l’anonymat, « la production industrielle d’oxygène médical en Algérie couvre largement les besoins hospitaliers », y compris en temps de Covid-19. « Mais les tensions (dans l’approvisionnement) sont le fait d’une mauvaise gestion du circuit de distribution et d’un manque d’anticipation par rapport aux besoins induits par la troisième vague » de la pandémie. Et les grands hôpitaux publics n’ont pas bénéficié de plan prospectif pour remettre en marche ou acquérir des générateurs d’oxygène médical, souligne-t-on de mêmes sources.
Selon le Premier ministre, face à la demande croissante, l’Algérie va importer plus de 160 000 litres d’oxygène ainsi que dix unités de production d’une capacité de 20 000 à 40 000 litres par jour. Elle doit faire venir au moins 15 000 concentrateurs d’oxygène dans les prochaines semaines.