Covid-19 au Mali : Pas de couvre-feu ni de fermeture d’école, port obligatoire du masque en public
Au Mali, les mesures draconiennes contre la propagation du Coronavirus (couvre-feu, fermeture des classes et des espaces publics…) qui avaient fuité sur les réseaux sociaux, ne seront plus appliquées. Après l’annonce avortée de l’adresse à la Nation du Président de la transition, Bah N’daw, le Conseil supérieur de la défense nationale (CSDN) qui a eu lieu, le mardi 1er décembre 2020 au Palais de Koulouba, a adopté des mesures souples.
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Face à l’évolution inquiétante de l’épidémie dans le pays, les autorités maliennes avaient décidé de prendre le taureau par les cornes. Mais l’éléphant annoncé est finalement arrivé avec un pied cassé. Plus de couvre-feu de 21 h à 5 h du matin encore moins de fermeture des lieux de plaisir, de sport, des bars et restaurants pour un délai de 28 jours. Ces mesures restrictives annoncées et dont les Maliens ont pris connaissance avec la fuite du discours du Président sur les réseaux sociaux, ont été jetées aux oubliettes par le Conseil supérieur de la défense nationale (CSDN). Pour rompre la chaîne de transmission de la maladie, le Conseil a décidé, en premier lieu, de renforcer l’application des mesures de prévention dans les espaces publics et les lieux de regroupement à travers le lavage des mains au savon et/ou l’utilisation du gel hydroalcoolique, le port obligatoire des masques, le respect de la distanciation physique et l’encouragement de la rotation des équipes de travail des services, du télétravail ainsi que des cours en ligne. Secundo, le CSDN a décidé d’un renforcement de la surveillance épidémiologique par le dépistage de masse dans les lieux de regroupement (formations socio-sanitaires, écoles, universités, lieux de spectacles et de sport, lieux de culte, marchés, gares routières….), l’identification, le dépistage systématique et le suivi de toutes les personnes-contact, le dépistage des voyageurs entrant au Mali sans certificat de PCR COVID-19 négatif par des tests rapides validés par l’Institut national de santé publique (INSP) au niveau des cordons sanitaires des frontières terrestres. Tertio, il a été aussi décidé de renforcer la communication et la mobilisation sociale face à la seconde vague de la pandémie de Covid-19 au Mali à travers la sensibilisation sur l’existence et la gravité de la maladie ainsi que ses conséquences socio-économiques. A ces dispositions s’ajoutent, l’amélioration de la qualité de la prise en charge des cas de Covid-19 à travers le renforcement en capacité de ressources humaines, la disponibilité des intrants (médicaments, Oxygène, équipements de prise en charge des cas et de comorbidités), le renforcement de la communication pour le changement de comportement à l’égard des personnes atteintes de la COVID-19 suivies à domicile et de leurs familles. Le Conseil supérieur de la défense nationale a décidé aussi d’assurer la disponibilité des tests de diagnostic de laboratoire et des consommables nécessaires pour les tests et le financement des activités de prévention et de riposte.
Ces mesures pourront-elles être appliquées dans le secteur minier au Mali où les droits des enfants ne sont pas respectés? Dans une évaluation de l’impact de la Covid-19 sur les secteurs minier et joailler, Human Rights Watch constate que les ouvriers des mines, leurs familles et leurs communautés ont été privés de revenus là où l’activité minière s’est interrompue. Là où l’exploitation minière s’est poursuivie, les mineurs travaillent très près les uns des autres dans des espaces fermés et parfois vivent ensemble, ce qui les expose à des risques accrus. Dans certaines mines de petite échelle, le travail des enfants a augmenté, de même que l’exploitation minière illégale et le trafic de minerais. Selon Human Rights Watch, des enfants travaillent dans des conditions dangereuses dans des mines d’or de petite échelle au Mali… certains étant exposés au mercure utilisé dans le processus. « Des enfants sont décédés dans des accidents survenus dans les mines. » C’est ce non-respect des droits de l’Homme à cause de la pandémie qui a poussé le RMDH (Réseau Media et Droits de l’Homme) à mettre en œuvre, en partenariat avec la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et la Division des Droits de l’Homme de la Minusma, un « Projet de Protection et de Promotion des droits de l’Homme en riposte à la COVID-19 », dont l’objectif principal est de « sensibiliser et de contribuer à l’intégration de la dimension droits de l’Homme dans la prévention, la réponse et le relèvement face à la COVID-19 au Mali.»
Le Mali a annoncé ses premiers cas confirmés de coronavirus le mercredi 25 mars 2020, avant d’instaurer un couvre-feu sur l’ensemble de son territoire à partir du 26 mars, et qui a été levé le 10 mai 2020. Notre pays compte ce 2 décembre 2020 : 4837 cas, 3263 guérisons et 161 décès (pour la plupart à Bamako, épicentre de la pandémie au Mali).
Madiassa Kaba Diakité
Source: Lerepublicainmali