Cour d’assises de Bamako : Inculpé pour « assassinat », un malade mental condamné à la réclusion à perpétuité
Kassim Sangaré est cultivateur et célibataire sans enfant. Il est né vers 1993 à Kora, dans la commune rurale de Garalo, cercle de Bougouni et domicilié dans ledit village. Les faits qui lui sont reprochés remontent à 2017. Considéré comme un malade mental, Kassim était poursuivi pour « assassinat ». Dans son audience du mardi, la Cour d’assises de Bamako l’a condamné à une peine de réclusion à perpétuité.
Dans cette affaire, il convient de retenir que tout est parti d’un emprunt de charrette par un certain Bakary Sangaré, grand frère du coupable Kassim Sangaré. Le 23 novembre 2017, ce nommé Bakary Sangaré a emprunté la charrette de son voisin Adama Samaké pour le transport de sa récolte de maïs à la maison. Pour ce faire, Adama avait alors chargé son fils Moussa Samaké, âgé de seulement 9 ans, de conduire ladite charrette pour amener les maïs de Bakary Sangaré à la destination. En tant qu’emprunteur de charrette, Bakary avait alors réparti les tâches. De ce fait, il se chargeait lui-même de transporter des sacs de maïs sur sa moto. Pendant ce temps, son frère cadet qui est le malade mental Kassim Sangaré et le garçon conducteur de charrette, Moussa Samaké, transportaient du maïs avec la charrette. Après quelques tours entre le champ et le village (Kora), Kassim Sangaré et le garçon se sont retrouvés seuls au champ pendant que Bakary était à la maison. Ce qu’il ne fallait surtout pas puisque, sachant bien que son grand frère Bakary est absent, Kassim Sangaré a profité de l’occasion qu’il cherchait pour bondir sur le garçon pourtant venu pour l’aider et son frère. Par conséquent, Kassim Sangaré plaque Moussa Samaké au sol, le maitrise et l’égorge avec son couteau. Sachant qu’un crime est commis, Kassim abandonne le corps du garçon dans un puis abandonné. Ensuite, il le dissimulait avec des branchages. En dépit de cette cruauté gratuite, Kassim faisait comme si rien de grave ne s’est passé, donc continuait son travail. Quand son grand frère Bakary lui demandait la nouvelle de Moussa Samaké, il répondait que le garçon est rentré à la maison. Éminemment patient, le père de Moussa Samaké, Adama Samaké, constate malgré le coucher du soleil (crépuscule) que son enfant n’est toujours pas venu à la maison. C’est ainsi qu’il tire la sonnette d’alerte aux habitants du village pour entamer des recherches du garçon. Au cours de cette recherche, le corps de l’enfant a, malheureusement, été découvert dans un puis dès le lendemain. C’est ainsi que la mauvaise annonce du décès a été faite aux villageois. Constatant l’état et le contexte dans lequel le garçon a été tué, tous les regards des habitants se sont directement penchés vers Kassim Sangaré, connu comme un malade mental sous traitement. Interpellé sur sa culpabilité par les villageois, Kassim reconnait les faits dont il était soupçonné. Au cours de l’enquête préliminaire diligentée par la Brigade territoriale de Bougouni, l’accusé est revenu sur ses déclarations antérieures. Mais cette fois-ci, il désignait son grand frère Bakary Sangaré comme étant l’auteur du crime. À son tour, Bakary niait toute sa participation aux faits criminels reprochés à son frère Kassim. En effet, il ressort de l’information judiciaire que la maladie mentale de l’inculpé est réelle puisque confirmée par les témoignages et l’expertise mentale. Dans l’analyse des faits, cette même source explicite que la maladie n’avait pas complètement altéré la capacité de discernement de l’auteur. En ce sens que s’il n’était pas conscient du caractère prohibé et infractionnel de son acte, Kassim n’aurait pas attendu que son grand frère s’absente pour le commettre. En outre, indique l’enquête judiciaire, il n’aurait pas non plus camouflé dans un puis et sous des branchages le corps de la victime. D’après cette même source, le malade mental fait publiquement ses choses et sans se cacher. Le fait que Kassim s’est caché pour agir ainsi montre selon l’enquête que sa faculté de discernement n’est pas totalement atteinte. Ce qui fait que dans son audience du mardi, la Cour d’assises de Bamako a condamné l’inculpé à la réclusion à perpétuité.
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS