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Coronavirus: le transport aérien dans la tourmente

La compagnie aérienne britannique Flybe a été la première touchée des effets néfastes du Coronavirus en Europe. Elle a annoncé jeudi 5 mars qu’elle cessait ses activités. REUTERS/Phil Noble
Par :
Dominique Baillard
La peur du coronavirus a stoppé net la frénésie des voyages en avion. Un désastre pour le transport aérien. Cette industrie traverse la pire crise de son histoire.

Déjà 2000 avions sont bloqués au sol à travers le monde, faute de passagers ou faute de destination ouverte vers les pays affectés par l’épidémie. Cela représente environ 8% de la flotte mondiale. La Chine, le deuxième marché du transport aérien et aussi le premier pays touché par l’épidémie a essuyé une chute des réservations de 80% en février par rapport à l’année précédente. La tendance est la même pour les réservations du mois d’avril. En Italie, le pays européen le plus affecté par le coronavirus, dorénavant sous cloche, l’effondrement du trafic aérien est de la même amplitude. Les compagnies du monde entier annoncent en cascade l’annulation de leurs vols vers la péninsule. Les États-Unis aussi sont en train de réduire drastiquement la voilure, avec l’annulation de vols internationaux et domestiques, de l’ordre de 10 à 25% en fonction des compagnies.

En quoi cette crise est-elle plus sévère que les précédentes ?

L’estimation des pertes effectuée par l’Association internationale du transport aérien dépasse largement le bilan de la grosse crise de l’aérien consécutive aux attentats du 9 septembre 2011. Le transport aérien, surtout américain, a perdu alors 23 milliards de dollars. Pour le coronavirus les pertes mondiales seront au moins deux fois plus importantes. Entre 60 et 120 milliards de dollars, cela dépendra de la durée de la crise. Les compagnies les plus fragiles n’y survivront pas. La Britannique Flybe en a été la première victime, elle a été placée en redressement judiciaire il y a quelques jours. Sont aujourd’hui sur la sellette des compagnies chinoises, la Korean Air Lines qui a immobilisé les deux tiers de sa flotte, ou encore Norwegian Air Shuttle le numéro 3 européen du voyage à bas coût, déficitaire depuis trois ans. En Europe où le marché des distances courtes est en mauvais état, près du tiers des vols sont déficitaires, cette crise va sans doute déboucher sur une consolidation d’une activité hyper concurrentielle et encore très fragmentée.

Comment les compagnies s’organisent pour surmonter ce trou d’air ?

Dans les pays émergents, certaines ne paient déjà plus leurs employés, c’est le cas de la Chinoise Hainan Airlines depuis trois mois, dans le Golfe, Emirates Airlines a demandé à ses salariés de prendre un mois de congé sans solde. En Occident les cadres dirigeants renoncent à une partie de leur salaire : c’est le cas chez South West Airlines et chez Qantas. La compagnie australienne envisage de repousser la livraison des Airbus A350 qu’elle a commandés en décembre dernier pour ses longs courriers. Pour conserver un peu de trésorerie, les compagnies proposent aux passagers contraints d’annuler leurs vols à cause du coronavirus des échanges, des reports plutôt que des remboursements secs. Elles comptent aussi sur le soutien des États. Et des banques, la Lufthansa a renégocié ses prêts pour éviter l’asphyxie.

Quelles sont les perspectives pour les prochains mois?

Les compagnies qui le peuvent, c’est le cas d’Air France, ré-déploient leur offre vers les zones qui paraissent plus sûres sur le plan sanitaire et donc plus accueillantes pour les voyages touristiques. Les Amériques, l’Afrique, le Moyen-Orient. Mais cette carte est mouvante. La situation pourrait encore se dégrader si l’épidémie venait à durement toucher l’Espagne, une des plus grandes destinations touristiques européennes. La bonne nouvelle, c’est la baisse du pétrole. Certaines compagnies américaines pensent économiser un à deux milliards de dollars cette année grâce à la chute du prix du kérosène, mais elles restent vigilantes et maintiennent les plans d’austérité adoptés pour traverser cette grosse turbulence.

►En bref

À Wuhan, en Chine, certaines entreprises sont autorisées à reprendre le travail

Les entreprises qui fournissent des marchandises ou des services de première nécessité ou de santé peuvent reprendre immédiatement leur activité. Les sociétés jouant un rôle clé dans les chaines globales d’approvisionnement peuvent aussi rouvrir leurs ateliers, mais seulement après avoir reçu le feu vert des autorités.

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