Coronavirus: l’Asie s’inquiète et frissonne
Le premier ministre japonais Shinzo Abe et le ministre de la Santé Katsunobu Kato, lors d’une réunion de crise au sujet du coronavirus, à Tokyo, le 14 février 2020. STR / JIJI PRESS / AFP
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RFI
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L’épidémie de coronavirus apporte chaque jour son lot de nouvelles victimes et contaminations. La Chine, d’où est partie la maladie, et les pays voisins, tentent de se circonscrire les dégâts tant sur la santé publique que sur la vie sociale et économique, comme ils le peuvent. Tour d’horizon.
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En Chine, on déplore désormais près de 1400 décès, et près de 64.000 cas de contamination ont désormais été enregistrés dans le pays dont au moins 1.716 parmi les médecins et infirmiers travaillant au contact des malades, selon la Commission nationale de la santé. On a appris aussi ce vendredi le décès de six membres du personnel soignant officiant auprès des personnes contaminées.
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Malgré la hausse continue du nombre des victimes, le président chinois s’est voulu rassurant. « La nation chinoise peut limiter l’impact de l’épidémie sur l’économie », a répété jeudi soir Xi Jinping lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad. Mais l’activité des petites entreprises se ressent de la situation sanitaire.
Inquiétude des étudiants pakistanais à Wuhan
En Chine toujours, les étrangers bloqués manifestent leur inquiétude comme ces étudiants pakistanais que RFI a joint par téléphone ce vendredi. Des centaines d’étudiants pakistanais sont bloqués à Wuhan, épicentre de l’épidémie. Ils sont confinés dans un hôtel depuis trois semaines et demandent à leur gouvernement de les évacuer pour qu’ils retrouvent leurs proches. Imran Khan, Premier ministre pakistanais, avait twitté que les autorités feraient tout pour les étudiants bloqués, mais pour l’instant personne n’a été rapatrié.
Il n’affronte pas le problème, et cherche toujours des excuses pour ne pas nous évacuer. Ma famille s’inquiète, elle m’appelle tous les jours, elle me passe au moins 5 coups de fil par jour !
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« Depuis le 23 janvier, la ville est complètement fermée. Donc on est tous coincés à Wuhan. Il n’y a aucun moyen de sortir. Vraiment aucun. Pas d’avion, de bus… Et on nous demande de rester confinés dans l’hôtel. Mais je ne suis pas malade, je suis psychologiquement épuisé !», nous confie encore Rehan Rasheed, étudiant en médecine, que nous avons joint par téléphone.
Au Japon aussi l’inquiétude grandit
Jeudi 13 février, le ministère japonais de la Santé a confirmé le décès d’une octogénaire vivant près de Kanagawa. Celle-ci disait n’avoir jamais voyagé à l’étranger. Plusieurs cas de contaminations de Japonais ont été signalés notamment chez des personnes qui ne s’étaient ni rendus en Chine ni avaient eu des contacts avec des originaires de Wuhan, rapporte notre correspondant à Tokyo, Bruno Duval.
L’octogénaire habitait non loin de Tokyo, où son gendre est chauffeur de taxi : lui aussi vient d’être détecté positif au coronavirus. Or, contrairement à ce que les médias japonais avaient assuré, il n’a transporté aucun passager d’origine étrangère, dernièrement. Un deuxième chauffeur de taxi, en grande banlieue de la capitale, a également contracté le virus. Tout comme deux personnes résidant dans l’ouest du Japon: un chirurgien et un patient de l’hôpital où le premier exerçait.
Cette série noire de contaminations inquiète les médias et l’opinion. À raison, selon les spécialistes des maladies infectieuses, pour qui le Japon vient bel et bien de franchir une nouvelle étape sanitaire préoccupante. Le gouvernement, lui, dément que le coronavirus soit désormais au stade épidémique dans l’archipel. Cela lui vaut d’être accusé sur les réseaux sociaux de minimiser la gravité de la crise… Comme en mars 2011, dans les premiers jours qui avaient suivi l’accident nucléaire de Fukushima.