Coronavirus: la France à la recherche du «patient zéro»
L’entrée principale de l’hôpital de Creil où des personnes testées positives pour le coronavirus ont été traitées, le 27 février 2020 REUTERS/Christian Hartmann
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RFI
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Le bilan du coronavirus s’accélère en France avec un total de 38 cas confirmés, annoncé jeudi soir, contre 18 la veille. Et ce chiffre pourrait « évoluer » dans les prochaines heures, avertit le ministère de la Santé tandis qu’Emmanuel Macron invite à « affronter au mieux » l’« épidémie qui arrive ». Dans l’Oise, c’est le branle-bas de combat pour retrouver celui qu’on nomme le « patient zéro ».
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12 nouveaux cas liés entre eux dans l’Oise, un regroupement de quatre cas en Haute-Savoie. La France se rapproche d’une situation « à l’italienne » avec des chaînes de transmission du nouveau virus sur son territoire, même si « très peu de cas restent sans explication », ont insisté les autorités sanitaires.
« On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive. On va devoir l’affronter au mieux, avec la vie qui continue. On sait que nous ne sommes qu’au début », a averti jeudi matin Emmanuel Macron, en visite à l’hôpital parisien de La-Pitié-Salpêtrière, où un patient est décédé du coronavirus mercredi, avant de s’envoler pour un sommet franco-italien à Naples.
Il « va y avoir une situation un peu à l’italienne » avec « des chaînes de transmission autochtones », a expliqué à Emmanuel Macron lors de cette visite le professeur Eric Caumes, chef de service des Maladies infectieuses et tropicales. Le voisin transalpin est le pays le plus touché d’Europe par le virus apparu en décembre en Chine, avec 650 cas positifs et 17 décès recensés.
Des chaînes de transmission inexpliquées
La France, qui n’avait connu aucun nouveau cas depuis le 15 février, en a enregistré cinq entre mardi et mercredi. Parmi eux, deux habitants de l’Oise sans antécédent de voyage dans une zone à risque, dont l’un est décédé, faisaient craindre l’apparition de chaînes de transmission inexpliquées, signe d’un nouveau stade dans la progression du coronavirus en France.
Les investigations menées en urgence pour retracer leur parcours ont permis de mettre en évidence 12 nouveaux cas parmi leurs contacts professionnels ou familiaux, « qui semblent liés entre eux par une chaîne de contamination », a annoncé jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran.
Si l’on s’en tient aux annonces du ministre de la Santé faites le jeudi 27 février, sur les 38 cas avérés d’infection au Covid 19, on recense deux morts, douze patients sont déjà guéris et au moins 24 sont hospitalisées. Au moins 24, car depuis ce matin, trois nouveaux cas ont été annoncés, par des maires. Celui de Nice, Christian Estrosi, via twitter a affirmé qu’une personne de retour de Milan était porteuse du virus et hospitalisée dans sa ville.
Par ailleurs, en Haute-Savoie, après la détection d’un Français de 64 ans de retour de Lombardie puis de sa femme, leur fille et un ami ont à leur tour été testés positifs et hospitalisés. Deux personnes hospitalisées dans un état grave « faisaient partie d’un groupe de 20 personnes qui s’est rendu en Égypte dans le cadre d’un voyage organisé », a ajouté le ministre. Trois autres nouveaux cas ont été détectés grâce à la nouvelle consigne consistant à réaliser un test de dépistage sur les personnes hospitalisées avec des signes d’infection respiratoire grave non expliqués, même si elles n’ont pas voyagé dans une zone à risque ou eu de contact étroit avec un cas confirmé.
Mais l’endroit du pays qui concentre le plus de malades, c’est l’Oise, au nord de Paris, avec douze cas. Deux cents agents hospitaliers du département sont en quarantaine, confinés chez eux après avoir été en contact avec des malades.
D’autres investigations sont en cours et le bilan pourrait évoluer d’ici vendredi soir, a prévenu Olivier Véran. À ce stade, « très peu de cas restent sans explication », a toutefois souligné le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.
« L’épidémie est probable », mais « il n’y a lieu ni d’avoir peur ni d’être négligent », soulignait en début d’après-midi Édouard Philippe après avoir reçu les chefs de partis représentés au Parlement, les présidents de groupes parlementaires et les présidents d’assemblées.
Olivier Véran réunira vendredi, avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud, les organisations syndicales et patronales « pour faire le point » sur le coronavirus et les « mesures à prendre dans les entreprises ».
À la recherche du « patient zéro »
200 enquêteurs de l’Agence régionale de santé doit apporter la réponse à une question : qui est à l’origine des cas de coronavirus dans l’Oise ?
Les deux premiers cas détectés dans ce département n’avaient pas de contact avéré avec les zones à risques. C’est donc que quelqu’un en France leur a transmis le virus : le patient zéro, activement recherché.
Pour le retrouver, il faut donc mener de nombreux interrogatoires, et identifier toutes les personnes qui sont entrées en contact avec ces deux malades durant les deux dernières semaines. Un travail de fourmi, compliqué par la mort de l’un d’entre eux.
La méthodologie est cependant bien rodée, et les autorités espèrent bien conclure ces enquêtes dans les prochains jours. Car il y a urgence : plus on met de temps à identifier ce patient zéro, plus il peut contaminer de personnes.
En quelques jours, à partir d’un seul malade, une centaine de personnes peuvent être infectées. C’est ce qui s’est passé en Italie, où le patient zéro n’a toujours pas été identifié.
2 000 élèves invités à rester chez eux
Près de 2 000 élèves français de retour de zone à risque ont été invités à rester chez eux pendant 14 jours dans le cadre de la lutte contre la propagation de l’épidémie, a fait savoir ce vendredi le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer.
Ce chiffre devrait augmenter avec le retour d’une nouvelle zone de vacances scolaires, a ajouté le ministre. « C’est par définition un chiffre qui évolue tous les jours et qui est relativement faible aujourd’hui, parce qu’il n’y a qu’un tiers de la France qui est retourné depuis lundi dernier à l’école, l’Ile-de-France et l’Occitanie », a prévenu le ministre de l’Éducation.
« Bien entendu, ce chiffre va augmenter la semaine prochaine quand un deuxième tiers va revenir de vacances et quand on aura fait les nouvelles évaluations de l’évolution de la maladie. »
■ Quel impact économique?
La SNCF a pour sa part renforcé son dispositif face à la propagation du coronavirus, fournissant des masques à ses personnels de bord sur les liaisons vers l’Italie du Nord ou en correspondance, et suspendant les voyages professionnels vers un certain nombre de pays et régions à risque.
Les craintes liées au coronavirus rejaillissent sur plusieurs secteurs, dont le tourisme : les réservations des vacanciers français pour plusieurs pays d’Asie se sont effondrées. Les touristes commencent à s’interroger sur l’Italie, selon les voyagistes. Paris a invité les Français à repousser leurs voyages prévus dans les zones du nord de l’Italie.
L’impact de l’épidémie liée au coronavirus sur les grandes entreprises françaises avoisine déjà le milliard d’euros de pertes, selon un décompte de l’AFP.
« Nous n’envisageons pas » un report des élections municipales des 15 et 22 mars, a assuré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, interrogée sur Europe 1 sur une telle éventualité.
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■ Marseille prêt à faire face à une épidémie
C’est un service unique en Europe. Sur 25 000 m², l’Institut Méditerranée Infection de Marseille est un pôle d’excellence bâti pour faire face au type d’épidémies comme le coronavirus avec des unités de dépistage de recherche et de soins de toutes les maladies infectieuses. C’est ici, lors d’une veille quotidienne cette semaine, que le chef du service le professeur Didier Raoult a repéré une étude chinoise indiquant l’efficacité d’un médicament anti-paludéen pour traiter le coronavirus chinois. Cette unité hospitalière est prête à faire face.
On a de nombreuses personnes qui actuellement se présentent avec des symptômes respiratoires qui reviennent d’Italie en particulier. On en a à peu près une quarantaine par jour.
Reportage à l’Institut Méditerranée Infection à Marseille
■ À Creil, l’inquiétude gagne peu à peu du terrain
Des personnes portant des masques quittent l’hôpital de Creil, où des personnes testées positives pour le coronavirus ont été traitées, 27 février 2020.
Des personnes portant des masques quittent l’hôpital de Creil, où des personnes testées positives pour le coronavirus ont été traitées, 27 février 2020. REUTERS/Christian Hartmann
Un des deux Français décédés avait été hospitalisé à Creil, dans l’Oise. Dans cette ville située au nord de Paris, la population est dans l’attente d’éventuelles mesures. Pour l’instant, personne dans la rue ou dans les magasins ne porte de masque, les habitants ne sont pas très inquiets, mais un peu quand même.
Est-ce qu’il faut voir peur ? Oui, un petit peu quand même. Les gens peuvent être porteur du virus et nous le donner […] Le plus petit, il a 15 mois, la grande à 4 ans, on a peur quand même, avec les enfants, on a peur.