Corée du Nord. Kim Jong-un fustige un spectacle de propagande à la gloire du régime
Le dictateur nord-coréen a vivement critiqué le premier spectacle de masse de l’année dans son pays. Cette superproduction à la gloire du régime, à laquelle participaient des milliers de figurants, n’a pas été du goût du dirigeant, qui a qualifié ses créateurs « d’irresponsables ».
Des dizaines de milliers de personnes ont participé lundi soir à la grande première du premier spectacle de masse de l’année en Corée du Nord, une grosse production à la gloire du régime qui n’a cependant pas été du goût du leader Kim Jong-un.
Ces « Jeux de masse » typiques du régime nord-coréen mettent en scène une foule de figurants, principalement des étudiants et des écoliers, bougeant dans des chorégraphies très élaborées.
En arrière-plan, répartis sur une partie des tribunes du Stade du Premier Mai de Pyongyang, des milliers d’enfants tournent à l’unisson les pages de livres dont les couleurs composent de très impressionnants tableaux.Mais Kim Jong-un n’a pas été conquis par ce tout nouveau spectacle de propagande intitulé La terre du peuple.
Le spectacle de propagande La terre du peuple, le 3 juin à Pyongyang.
Le spectacle de propagande La terre du peuple, le 3 juin à Pyongyang. | KCNA VIA KNS – AFP
Après la fin, « il a appelé les créateurs du spectacle et les a critiqués pour l’esprit erroné de leur création et pour leur attitude de travail irresponsable », rapporte mardi l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
Rappelant que les artistes « ont un rôle très important dans la construction culturelle du socialisme », Kim Jong-un a « déterminé des tâches importantes afin de mettre correctement en œuvre la politique révolutionnaire du Parti dans les domaines de la littérature et de l’art », poursuit l’agence.
Des milliers de figurants
KCNA n’a diffusé qu’une seule image du spectacle en lui-même. On y voit des milliers de figurants sur le terrain du stade agitant des drapeaux autour d’une fleur géante. « Que la Corée vive pour toujours », dit la composition géante dans les tribunes en arrière-plan, alors que la nuit est embrasée de feux d’artifice rouges.
Cette année, des billets sont proposés aux touristes étrangers pour un tarif allant de 100 à 800 €, selon Koryo Tours, une agence basée à Pékin qui organise des voyages en Corée du Nord. Ces spectacles de masse nécessitent des mois de répétitions et les agences de voyages annonçaient que La terre du peuple se jouerait pendant cinq mois, jusqu’en octobre. Mais on ignore ce qu’il en sera en raison des critiques de Kim Jong-un.
Répétitions du spectacle de propagande La terre du peuple, le 13 avril à Pyongyang.
Répétitions du spectacle de propagande La terre du peuple, le 13 avril à Pyongyang. | KCNA VIA KNS – AFP
Répétitions du spectacle de propagande La terre du peuple, le 13 avril à Pyongyang.
Répétitions du spectacle de propagande La terre du peuple, le 13 avril à Pyongyang. | KCNA VIA KNS – AFP
Culte de la personnalité
Un compte rendu du spectacle par les médias officiels indique qu’il a notamment proposé des portraits du fondateur du régime Kim Il Sung, de son fils et successeur Kim Jong Il, et même de Kim Jong-un.
Le régime nord-coréen se caractérise par le culte de la personnalité voué aux deux premiers représentants de la dynastie. Mais il est rare de voir un portrait de Kim Jong-un, dont on ne connaît aucune statue.
Ces spectacles qui présentent généralement des moments de l’histoire coréenne ou de la vie moderne sont toujours observés avec attention par les spécialistes du régime, qui cherchent notamment à y déceler des indices des priorités du régime. Ils regardent par exemple si l’accent est mis sur les réalisations économiques ou plutôt sur les progrès militaires.
Répétitions du spectacle de propagande La terre du peuple, le 13 avril à Pyongyang.
Répétitions du spectacle de propagande La terre du peuple, le 13 avril à Pyongyang. | KCNA VIA KNS – AFP
Les discussions sur le nucléaire au point mort
Le dictateur nord coréen était accompagné au spectacle par son épouse Ri Sol Ju et sa sœur et proche conseillère Kim Yo Jong, selon KCNA.
Parmi les hauts dirigeants présents, figuraient aussi selon l’agence Kim Yong Chol, qui était l’homologue du secrétaire d’État américain Mike Pompeo lors des discussions nucléaires avec Washington, qui sont au point mort depuis le fiasco, en février à Hanoï du second sommet entre Kim Jong-un et le président américain Donald Trump.
Le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo avait rapporté vendredi que Kim Yong Chol avait été envoyé en camp de travail dans la foulée de cet échec diplomatique. Mais cela semble contredit par cette apparition publique, qui est la deuxième d’affilée aux côtés de Kim Jong-un.
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