Telle est la volonté affichée par l’association humanitaire « United for Mali » dont le but est de permettre aux jeunes d’acquérir des outils et des éléments de réflexion face à l’obscurantisme. En collaboration avec le Fonds des nations unies pour la population (UNFPA), l’association a organisé samedi dernier, un espace de discussion entre adulte et les responsables qui avait pour thèmes « violences: sensibiliser par la parole ».
La conférence a eu lieu dans un hôtel de la place avec comme modérateur, Serge Daniel, journaliste et écrivain. Comme panélistes : Ousmane Oumarou Sidibé, président de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), Mme Traoré Hanane Keita, romancière, Idrissa Amidou Touré, procureur de la République près le Tribunal de la de Grande instance de la Commune IV. L’association United for Mali, reste convaincue que pousser à la prise de parole, c’est pousser à la réflexion chez les jeunes et leur démontrer que par leur voix, la non-violence, ils peuvent convaincre et persuader. En effet, ce projet est né d’une réflexion sur la situation du Mali qui connaît une spirale de violence depuis l’éclatement de la crise en 2012.
Le Nord du pays a été et est encore (avec en le dernier évènement en date l’amputation d’un voleur à Ansongo) le théâtre de la violence extrémiste qui sévit au sein de la population. Depuis, un glissement sans fin s’opère entre punition corporelle, recrutement de jeunes ou d’enfants soldats dans des groupements armées, recrudescence de violence et d’abus sexuelles. Bien souvent, ces exactions sont commises au nom de l’islam. Néanmoins, une réponse semble voir le jour à travers la sensibilisation, la prévention et l’éducation contre l’obscurantisme qui se dresse face aux jeunes Maliens. D’où la tenue de cette conférence-débat qui vise à inciter les plus jeunes à la réflexion sur des problématiques contemporaines. Dans les différentes interventions, les panélistes ont su attiser la curiosité des jeunes sur les événements qui les entourent. Sensibiliser sur les dérives de l’obscurantisme dans un contexte de conflit interne au pays, qui ont permis d’enrichir le débat et permettre une pluralité de point de vue.
« On s’est rendu compte que les jeunes ne sont pas assez impliqués dans les débats politiques au Mali, dans les affaires essentielles du pays », explique la Présidente de l’association humanitaire United for Mali, Nafissatou Souabou Traoré. Selon elle, l’association a jugé propice de faire venir les étudiants de l’école publique malienne qui généralement ne sont pas sollicités, ni sensibilisés sur ce qui se passe et laissés à eux-mêmes afin de discuter avec eux des sujets sensibles du problème du nord du pays. Ces jeunes sont de plusieurs sensibilités venues du nord et du centre du pays pour discuter. En réponse à la résolution de la situation du Mali, la présidente Traoré estime qu’il faut impérativement ingérés les jeunes dans les débats publics pour essayer de trouver une solution tous ensemble. « Cette jeunesse il faut la soutenir, il faut l’aider, il faut être avec elle, elle est capable comme toutes autres jeunesses du monde », dit-elle.
A en croire, la représentant de l’UNFPA, Mme Ly Rokia Traoré, la problématique des VBG est une réalité de première importance au Mali. En effet, l’enquête démographique de santé de 2018 parle 49 % des femmes et filles touchées par les violences sexuelles ou physiques. Depuis 2012, nous avons enregistré au Mali plus de 25 000 personnes survivantes de VBG. De janvier 2021, il y a eu 3 744 incidents de VBG rapportés par les acteurs GBVIMS, les violences sexuelles demeurent les incidents les plus rapportés soit 44 % des cas dont 27 % de viol/pénétration.
La conférence a été marquée par un concours d’éloquence, durant lequel quatre orateurs se sont affrontés sur le sujet évoqué et aussi par une pièce théâtre intitulée : « il pleut sur le nord » de Sirafily Diango.
Ibrahima Ndiaye
Mali Tribune