Composition de l’AIGE : Le Mali de nouveau au bord de la crise électorale
Meguetan Infos
Avec des têtes couronnées comme celle du général Chaka Sangaré dans l’organisation des élections générales à venir, on est parti pour une longue polémique. Choix du président Assimi Goïta, le général Sangaré est un homme habitué de la gestion des élections au Mali, mais il ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique malienne. Certains lui reprochent les échecs électoraux du Mali étant donné que depuis l’avènement de la démocratie, il a été mêlé aux questions électorales dont les résultats ont le plus souvent été catastrophiques et contestés par des acteurs politiques.
C’est donc sans surprise que la publication de la liste des membres de l’Autorité indépendante de la gestion des élections (Aige) provoque l’ire de certains partis politiques. Le 12 octobre, le gouvernement a rendu publics les noms des membres du collège de l’Aige alors que certains partis politiques avaient dénoncé la méthode utilisée par les autorités qui ont pris la décision à la place de grands partis de la place.
L’un des premiers partis politiques à avoir réagi à la publication de la liste des membres de l’Aige est Yelema, le parti de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara.
« 15 personnes ont été désignées par décret par les autorités de la transition. Il s’agit de 3 représentants du chef de l’Etat, un représentant du Premier ministre, 2 représentants du Conseil national de transition, un représentant du Haut Conseil des Collectivités, un représentant du Conseil économique, social et culturel, 4 représentants des partis politiques et 3 représentants de la Société civile », souligne le décret présidentiel.
Deux jours après la publication de la liste des membres du collège de l’Aige, Yelema a fustigé la décision du gouvernement. Selon le parti de Moussa Mara, la façon dont les membres ont été désignés viole les règles en la matière, notamment la Charte des partis politiques. Il faut rappeler que les partis politiques ne s’étaient pas entendus sur le choix de leurs représentants au sein de l’Aige. Les autorités leur avaient donné un délai pour choisir leurs représentants, mais ils n’ont pas su s’entendre.
C’est ainsi que le gouvernement est passé à la vitesse supérieure en organisant un tirage au sort entre les partis pour choisir. Certains partis ont boycotté cette méthode mais d’autres l’ont acceptée. Parmi les partis ayant accepté, il y a des poids lourds comme l’Adema, ancien parti au pouvoir sous Alpha Oumar Konaré, l’URD qui est considérée comme l’un des deux plus grands partis du pays, le Parena, un parti habitué aux joutes politiques.
Le drame pour ces partis politiques a été le coup du sort. Ce sont malheureusement de petits partis qui ont raflé la mise au grand dam des poids lourds. Du coup, les partis politiques ayant adhéré au principe du tirage au sort sont obligés d’accepter que des partis insignifiants sur la scène politique les représentent au sein de l’Aige. Par contre les partis qui ont boycotté le processus sont mis devant le fait accompli puisque le processus de désignation auquel ils avaient adhéré n’a pas été couronné de succès. Incapables de s’entendre autour de l’essentiel, les partis sont obligés de subir les choix des autorités.
Le parti de Moussa Mara a déjà entamé une certaine guerre contre les autorités et le processus électoral. Il appelle les forces politiques à unir leurs efforts pour contrer le processus électoral engagé dans ces conditions. Mais ce n’est pas certain que Yelema soit suivi dans cette bataille par des partis qui ont librement accepter de procéder au tirage au sort pour départager les formations politiques qui n’arrivaient pas à s’accorder sur le choix de leurs représentants au sein du collège de l’Aige.
L’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) est le nom de l’Organe chargé des élections. Il avait été annoncé, en septembre 2021, à la clôture d’une table ronde sur l’organisation des Assises nationales de la refondation et la mise en place de l’Organe unique de gestion des élections.
Les élections présidentielles et législatives annoncées pour février 2022, ont été repoussées pour mars 2024. « Les autorités de la transition du Mali ont ainsi décidé de fixer la durée de la transition à 24 mois, à compter du 26 mars 2022 », avait déclaré le 6 juin dernier le ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.
Nouhoum DICKO
L’Alerte