Communiqué de presse de Tabital Pulaaku International
L’Association Tabital Pulaaku International pour la Promotion de la Culture Peule (TPI), suit avec préoccupation les développements de la situation que vit la Communauté peule dans plusieurs pays, notamment au Sahel, en Afrique de l’ouest et centrale ainsi que dans les pays du bassin du Lac Tchad. Malgré la gravité qui caractérise toutes ces situations, celle prévalant au centre du Mali demeure la plus préoccupante à tous égards.
De par leur ampleur jamais égalée, les tragiques évènements survenus au Centre du Mali depuis 2012 prennent la dimension d’un génocide planifié contre les membres de l’ethnie peule. Les massacres perpétrés dans plusieurs endroits, notamment à Koumaga et ailleurs durant toute l’année 2018 ne constituent que la consécration de la mise en œuvre d’un plan macabre qui vise les peuls. Ils s’inscrivent dans la droite ligne d’une illogique campagne de stigmatisation bien orchestrée à travers des milieux politiques et intellectuels qui, aujourd’hui, tirent les ficelles de la situation, en toute impunité. Après le déni, les déclarations hypocrites et sans lendemains, ces milieux encouragent les massacres encore en cours par le silence et l’expression mensongère d’une compassion de crocodile, jamais traduite dans les faits. L’absence d’une réaction énergique contre l’abject qui se déroule sous nos yeux a fini par dévoiler leur duplicité et leur connivence avec le crime de masse contre les peuls au centre du Mali !
Le carnage de Koulogon Peul qui a coûté la vie à 37 personnes au moins dans la nuit du 1er au 02 janvier 2019, ainsi que les exactions commises contre quatre villages de la Commune de Dialassagou, notamment Sangara, Tireh, Doukoro et Kourkanda, en disent long sur le caractère génocidaire de ces actes. Le fallacieux prétexte que les peuls de cette zone sont des « jihadistes » a très vite démontré, au grand jour, que la véritable raison de ces violences, commanditées à plus haut niveau, se trouvent ailleurs. En instrumentalisant la milice communautaire dogon, Dan Nan Ambassougou, l’objectif est tout simplement de nettoyer la zone de ces habitants peuls.
Si tel n’était pas l’objectif non avoué, comment interpréter alors les massacres aveugles contre de paisibles populations civiles, la destruction de leurs villages et la décimation massive, par armes, de leurs bétails dans plusieurs endroits dans les cercles de Koro, Bankas, Bandiagara et ailleurs ? Mieux, comment peut-on comprendre que tous ces massacres se produisent, à un rythme presque quotidien, sans que l’armée et le gouvernement maliens, les forces internationales présentes sur le terrain, notamment Barkhane, n’interviennent pour protéger les populations civiles ?
Au lieu d’aller traquer les soi-disant ‘’jihadistes’’ dans leurs retranchements, du reste connus de tous, la milice Dan Nan Ambassougou s’en prend à des civils désarmés, parfois sous la barbe et le nez de l’armée malienne, impassible. Et pourtant, selon des témoignages concordants, cette même armée est toujours prompte à neutraliser tout peul portant une arme dans la même zone où sévit la milice génocidaire des chasseurs en service commandé. On permet aux uns de tuer sans impunité sous le prétexte de l’autodéfense et on interdit aux autres de faire recours à l’autodéfense pour se défendre !
A notre grand regret, le Burkina Faso vient de connaître, lui aussi, des affrontements communautaires dans plusieurs endroits. Là aussi, ce sont des populations de souche peule qui ont été ciblées par les membres d’un groupe armé, les Kogloweogo, dans les villages de Yirga et Koulpagré, dans le Sanmatenga. Le bilan est lourd, entre morts et blessés, parmi les civils peuls et leurs voisins de la zone.
Face à cette tragique situation, l’Association Tabital Pulaaku International :
-condamne, avec la dernière énergie, tous les actes de terrorisme ciblant les populations civiles, les symboles de l’Etat et les forces et puissances agissant pour aider le Mali à préserver l’intégrité et la sécurité de son territoire ;
-condamne, avec la dernière énergie, le génocide en cours au Centre du Mali sous le regard complice des commanditaires locaux et internationaux ;
déplore l’incapacité des partenaires internationaux présents sur le terrain des opérations et des représentants de la communauté internationale (Nations Unies, Union africaine, G5 Sahel, Union européenne, la France, etc.) d’assurer la sécurité et la protection des populations civiles prises entre le marteau de la ‘’lutte contre le terrorisme’’ et l’enclume des affrontements intercommunautaires orchestrés ;
-fait appel à la sagesse et invite toutes les parties à privilégier les modes traditionnels séculaires de résolution des conflits entre communautés et de renforcer les rapports de voisinage et de fraternité qui ont toujours marqué les rapports intercommunautaires dans nos pays ;
-demande aux Etats touchés par le fléau des affrontements intercommunautaires d’observer l’équité, la neutralité, le respect des droits de tous les citoyens et de veiller à éviter d’entretenir les logiques de la stigmatisation et des réflexes violents qu’ils suscitent ;
-appelle les Etats malien et burkinabé à assurer, sans discrimination, la protection de toutes leurs populations, sans distinction d’origine ethnique et confessionnelle, pour éviter le spectre de guerres civiles sans issues et destructrices pour tout le monde ;
-demande aux gouvernements malien et burkinabé d’ouvrir et de suivre, avec toute la diligence requise, des enquêtes crédibles et neutres afin que les véritables responsables des ignobles massacres contre des populations civiles répondent de leurs forfaits devant la justice.
-demande que le Conseil de sécurité des Nations Unies prenne toutes les dispositions qui s’imposent pour une saisine de la CPI en ce qui concerne les massacres et crimes contre l’humanité perpétrés au Centre du Mali.
Le Président de Tabital Pulaaku International