Ce petit organe, situé à la base de notre cou, joue un grand rôle dans le bon fonctionnement de notre organisme en produisant en permanence des hormones thyroïdiennes. Mais parfois (plus particulièrement au moment de la puberté, de la grossesse et de la ménopause) son équilibre peut être perturbé et engendrer des maladies spécifiques à la thyroïde. Le Docteur Michèle Scheffler, endocrinologue, nous aide à repérer les signes annonciateurs.
La thyroïde, ça sert à quoi ?
La thyroïde est une glande en forme de papillon située à la base de notre cou, qui produit des hormones thyroïdiennes en utilisant l’iode circulant dans le sang. Ces hormones thyroïdiennes ont pour cible tous les tissus du corps humain. “Elles interviennent sur la pousse des cheveux, des phanères, le fonctionnement du cerveau, de l’intestin, du cœur, détaille le Docteur Michèle Scheffler mais aussi sur la peau, l’appareil génital, les fonctions de reproduction, notre poids, notre taille (nanisme chez l’enfant), la régulation de notre température corporelle… ”.
Impossible donc de se passer d’hormones thyroïdiennes au risque de devenir amorphe au fil des mois ou inversement une véritable pile électrique si elles sont produites en trop grand nombre.
Comment détecter un problème de thyroïde
A la maison observez votre cou, si vous sentez une grosseur, constatez une déformation, des petits nodules vers la base du cou, une douleur cervicale, des maux de têtes, un timbre de voix qui change brusquement, des fausses routes lorsque vous mangez ou buvez, il est bon d’aller consulter votre médecin. D’autant plus si vous avez noté un changement d’humeur, une hyperactivité ou au contraire une grosse fatigue
L’hyperthyroïdie
Votre glande thyroïdienne est en hyperactivité c’est-à-dire qu’elle produit trop d’hormones thyroïdiennes.
Symptômes
- Vous avez l’impression de vivre en accéléré,
- Vous vous sentez instable émotionnellement,
- Vous avez noté des troubles de l’humeur,
- Une grande nervosité,
- Vous dormez mal,
- Vous avez tout le temps chaud,
- Vous êtes gêné par des palpitations,
- Vous maigrissez rapidement sans raison.
“Tous ces symptômes ne doivent pas être négligés, alerte l’endocrinologue, car le risque cardiaque est réel (tachycardie, troubles du rythme avec risque de décompensation cardiaque). Sans oublier les risques cérébraux. Une personne peut également décompenser une maladie psychiatrique sous-jacente si sa thyroïde est déréglée”. A la longue, cette vie menée à 100 à l’heure peut mener à un état d’épuisement général.
Quelles causes ?
L’hyperthyroïdie peut être causée par une maladie auto-immune comme la maladie de Basedow (accompagnée parfois d’exophtalmie) ou bien induite par la présence d’un nodule hyperactif dit “toxique” sur un lobe thyroïdien. La maladie auto-immune se singularise par l’élaboration d’auto-anticorps spécifiques entraînant une exagération du fonctionnement de la thyroïde et son inflammation. “Etrangement les maladies auto-immunes sont le plus souvent déclenchées par un choc émotionnel, un traumatisme comme un accident de voiture, une annonce grave venant rompre une harmonie dans l’organisme”, a pu constater le médecin.
On y pense moins souvent mais l’hyperthyroïdie peut aussi être causée par l’absorption d’iode, cette hyperthyroïdie est dite induite par l’iode. Beaucoup de médicaments contiennent en effet de l’iode. C’est le cas de médicaments pour soigner les troubles du rythme cardiaque mais aussi certains compléments nutritionnels. Attention aussi au produit de contraste lors de la réalisation d’un examen par imagerie médicale. Il suffit dans ce cas d’arrêter l’apport du médicament riche en iode pour un retour à la normale en 6 à 9 mois.
“Plus rarement la thyroïdite de Quervain avec son cortège douloureux inflammatoire aigu de la thyroïde, survenant le plus souvent dans un contexte viral, est responsable d’une hyperthyroïdie transitoire à traiter sans attendre par corticothérapie”, conseille la spécialiste.
Quels traitements ?
Trois traitements sont généralement proposés au patient si une maladie auto-immune est à l’origine du dérèglement thyroïdien. En première intention, un traitement par antithyroïdiens de synthèse administrés quotidiennement sous forme de comprimés. “Ce sont des médicaments qui freinent l’activité auto-immune des anticorps, précise le médecin. Le premier mois, un dosage sanguin est réalisé toutes les semaines afin de vérifier la toxicité du traitement. Si tout se passe bien, il est administré entre 12 à 18 mois puis sa posologie sera diminuée progressivement sur 4 à 6 mois”.