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Cinq pistes pour comprendre pourquoi le cancer se répand en Afrique subsaharienne

“Des milliers de vies peuvent être sauvées en Afrique, à condition de mettre en route une prévention adéquate et un dépistage précoce du cancer, ainsi qu’un accès à des traitements et des soins appropriés”, a déclaré Matshidiso Moetila, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’occasion de la journée mondiale contre le cancer instituée le 4 février.
La maladie n’est pas encore une priorité en matière de santé publique dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Notamment parce que ces derniers concentrent leurs efforts financiers sur les maladies infectieuses que sont le sida, la tuberculose et le paludisme. Résultat : ils reste peu de ressources pour s’attaquer au cancer qui fait pourtant déjà des ravages. Voici cinq raisons qui expliquent pourquoi le cancer est devenu un fossoyeur sur le continent.
Vieillissement et nouveaux modes de vie
Le tabagisme, la sédentarité, l’alcool, une mauvaise hygiène alimentaire ou encore la pollution associés au viellissement de la population constituent un cocktail fatal sur le continent. “La mortalité par cancer est proportionnellement plus élevée en Afrique qu’ailleurs dans le monde. Les cancers représentent déjà entre 10 et 20% des pathologies sur le continent africain”, selon une étude de l’Alliance des ligues francophones africaines & méditéranéennes contre le cancer (Alam) parue en 2017.

Aujourd’hui, la population africaine est la plus jeune à l’échelle de la planète mais les données démographiques soulignent une rapide progression du vieillissement. “En 2050, l’Afrique devrait ainsi compter 215 millions de personnes de 60 ans et plus, soit presque autant qu’en Europe (241 millions)”, indique également l’enquête de l’Alliance. Sans une politique adéquate, les nouveaux cas de cancer pourraient ainsi doubler à l’horizon 2040. Ils passeraient, selon les chiffres de l’OMS, de “1 055 172 en 2018 à 2 123 245”.
Une maladie mal diagnostiquée
Selon L’Atlas du cancer, la probabilité de développer un cancer et celle d’en mourir sont quasiment les mêmes. “La majorité des patients sont diagnostiqués lorsque leur cancer se trouve déjà à un stade avancé et qu’une issue positive est devenue moins plausible, même dans les pays où le traitement est pourtant disponible et d’un coût abordable”, explique la directrice générale de l’OMS.

Le manque d’information des populations, le niveau de formation des personnels soignants et la concentration des centres de santé ou leur absence sont autant de raisons qui expliquent ce diagnostic tardif. Le Kenya, l’un des pays africains qui est le plus concerné par la maladie, “compte 22 oncologues pour “46 millions de personnes”, rapporte le bulletin ulletin de l’OMS  publié en 2018. Au Nigeria, les médecins sont formés par Skype par des confrères britanniques.
Le cancer touche des populations déjà vulnérables
D’après le récent rapport d’Alam, les femmes et les enfants sont les plus touchés par le cancer. Les premières représentent “60% des nouveaux cas et 55% des décès, à l’inverse de ce que l’on observe dans les pays occidentaux”. De même, les cas chez les enfants de moins de 15 ans “représentent 4 à 6% des cancers contre 0,5% dans les pays occidentaux”. 
Des soins onéreux
La pauvreté est l’un des principaux obstacles à la guérison des malades qui ne peuvent pas payer le traitement quand il existe. Cependant, des pays comme le Bostwana, le Kenya ou encore le Rwanda font partie des rares pays qui offrent une prise en charge.

“Le traitement du cancer est accessible et remboursé par la Mutuelle de santé, le régime national d’assurance maladie couvrant environ 90% des 11,6 millions de Rwandais (…)“, indique une enquête de l’OMS. Les soins sont prodigués dans les hôpitaux universitaires et l’hôpital Butaro, un centre d’excellence soutenu par l’ONG Partners in Health.

Un paradoxe : les Africaines meurent d’un des cancers les mieux pris en charge
Le cancer du col de l’utérus, des seins et de la prostate sont les cas les plus fréquents en Afrique subsaharienne. “Environ une femme sur 26 développera un cancer du col de l’utérus au cours de sa vie et une sur 40 en mourra”, d’après L’Altas du cancer. En Afrique subsaharienne, ajoute l’OMS, le cancer du col de l’utérus “représente chaque année 22% de tous les cancers féminins et 12% de tous les cancers nouvellement diagnostiqués chez les hommes et les femmes”.

Or cette maladie compte parmi celles dont les soins ont été largement améliorés ces dernières années. “Le cancer du col de l’utérus (qui est mis en avant pour cette journée 2019) est l’une des formes de cancer (que l’on peut prévenir et traiter) , à condition qu’il soit détecté tôt et efficacement pris en charge (…), peut-on lire sur le site du bureau régional Afrique de l’OMS. Le vaccin contre le papillomavirus humain est également un bon moyen de prévention. “Malheureusement, la majorité des femmes africaines n’ont toujours pas accès aux programmes de prévention du cancer du col utérin.”

D’après l’OMS, un tiers des cancers, tous types confondus, peuvent être évités.

 

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