Choguel K. Maïga à l’Aube : « Le calendrier électoral n’est pas tenable ! »
Meguetan Infos
Dans une interview accordée à L’Aube, Choguel K Maïga, président du directoire du M5 se prononce sur le chronogramme du référendum et des élections générales. Aussi, il revient sur les exigences de son mouvement.
L’Aube : Que vous inspire ce chronogramme ?
Choguel K Maïga : Quand on voit que d’une part le PM installe le COS pour plancher sur les réformes et que, d’autre part et au même moment le MAT publie ce chronogramme on ne peut qu’être sceptique quant à la sincérité des autorités de la Transition. Car ce sont les conclusions ou recommandations du COS qui devraient servir à déterminer les réformes à faire et le calendrier de leur mise en œuvre.
Ce calendrier électoral est-il tenable ?
Personnellement je ne crois pas ce calendrier tenable. A moins que les militaires préparent le pays et se préparent eux-mêmes à d’autres crises politiques. Car je ne vois pas comment obtenir des Institutions républicaines légitimes et stables, si on organise élections sans avoir traité, ou résolu, aucune des raisons ou causes de la crise qui à conduit au changement de régime le 18 Août 2020.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, si on organise les élections sans avoir résolu aucun des problèmes qui sont à la base du soulèvement populaire ayant abouti au renversement du régime le 18 août 2021, il faut craindre une autre crise politique suivi d’un autre soulèvement populaire ou un autre Coup de force, avant, pendant ou après les élections. Dieu nous en garde ! C’est pour éviter ce scénario du pire, qui conduira notre pays dans l’impasse, que le M5-RFP demande et ne cessera d’exiger la RECTIFICATION de la Transition.
Avez-vous des suggestions à faire pour la bonne organisation des échéances électorales programmées ?
Avec les autorités actuelles de la Transition, il ne sert à rien de faire des suggestions. Car tous ceux qui ont fait preuve de bonne foi, en s’associant aux différentes concertations organisées par elles, n’ont jamais vu les opinions, propositions prises en compte in fine.
Je crois sincèrement que dans tout ce qu’elles entreprennent, disent ou annoncent, les autorités de la Transition, notamment le Gouvernement, ont un gros problème de légitimité, de crédibilité et de confiance entre elles et l’écrasante majorité des Maliens. Sans légitimité, sans crédibilité, sans expertise et sans la confiance des populations, un gouvernement ne peut rien réussir, malgré les bonnes intentions et les déclarations optimistes. Sur les 18 mois prévus comme durée de la Transition, les autorités ont déjà perdu 8 mois à tourner en rond, sans que rien ne bouge sérieusement.
Qu’est-ce que le M5 envisage de faire pour amener les autorités de la transition à organiser des consultations électorales à la fois transparentes et acceptables pour tous ?
Le M5-RFP se donnera les moyens politiques et démocratiques pour amener les militaires à changer la conduite des affaires du pays, notamment en ce qui concerne les élections, qui doivent et être transparentes et crédibles. Personne, de bonne foi, ne doit oublier que les élections non transparentes et non crédibles ont constitué en 2020 l’élément déclencheur du soulèvement qui a conduit à la chute de l’ancien régime. Il faut en tirer les leçons, avant qu’il ne soit trop tard.
Le M5 a récemment annoncé une trêve à l’occasion de Pâques et du mois de Ramadan.
Après cette trêve, qu’envisagez-vous: entamer des négociations avec les autorités de la transition ou déclencher carrément les hostilités pour faire aboutir vos revendications ?
Bien sûr que l’idéal, et le premier choix du M5-RFP, c’est passer par des discussions entre les autorités de la Transition et la principale force du changement, le M5-RFP, pour rectifier la trajectoire et le mécanisme de conduite de la Transition. Mais, à défaut, nous n’excluons pas de recourir aux méthodes d’une opposition politique classique, en utilisant tous les moyens légaux auxquels nous pouvons recourir, y compris les rassemblements et autres manifestations populaires et démocratiques sur l’ensemble du territoire et dans la Diaspora.
Propos recueillis par C H Sylla
Source: L’Aube