Chirurgie de l’œsophage : LA BELLE INITIATIVE DE L’HÔPITAL DU MALI
Bien sûr qu’il y a des actions chargées de symboles qu’on n’oublie pas. Surtout lorsqu’elles sont destinées à la prise en charge chirurgicale des enfants atteints de sténose caustique ou brûlure de l’œsophage. Il s’agit selon les spécialistes d’un rétrécissement non réductible du calibre de l’œsophage suite à une ingestion de produits corrosifs comme la soude caustique, l’eau de Javel, la potasse et autres acides.
La campagne de chirurgie de l’œsophage, initiée par l’Hôpital du Mali, en partenariat avec la Chaine de l’Espoir (une organisation française non gouvernementale qui évolue dans l’humanitaire) et l’équipe chirurgicale du Pr Pascal Thomas, président de la Société française de chirurgie thoracique, s’inscrit dans ce registre de solidarité, empreint d’humanité.
Le coup d’envoi solennel de la campagne a été donné, hier à l’Hôpital du Mali, fleuron de la coopération sino-malienne, et le seul établissement hospitalier de la rive droite qui donne de réels motifs de satisfaction à nos compatriotes, notamment les malades et autres usagers.
La cérémonie a enregistré la présence du conseiller technique au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, chargé des hôpitaux, Dounanké Diarra, du directeur général de l’établissement hospitalier, Ousmane Attaher Dicko, et du directeur de la Chaine de l’Espoir, Alexis Ponel. Etaient aussi présents les directeurs des Centres hospitalo-universitaires (CHU) et de nombreux invités.
Il est utile de rappeler que l’équipe de chirurgiens qui assure la prise en charge des enfants atteints de sténose caustique travaille en bonne intelligence avec les praticiens maliens, notamment l’équipe de Pr Sadio Yena. Elle a réalisé des examens endoscopiques sur 21 malades qui nécessitaient simplement, pour certains, une dilatation. Mais cinq autres malades doivent subir des interventions chirurgicales pour être sauvés.
Il ressort des explications de praticiens hospitaliers qu’une intervention chirurgicale contre une sténose caustique coûte environ 2,5 millions de Fcfa. Ces frais sont entièrement pris en charge par l’organisation humanitaire.
Pour le directeur général de l’Hôpital du Mali, son établissement est devenu un maillon essentiel dans le processus de prise en charge médicale de nos compatriotes. Il est donc en train de compléter et renforcer les actions qui sont menées par les autres structures hospitalières, a expliqué Ousmane Attaher Dicko. Par ailleurs, il a rappelé que cette première expérience a pris du temps mais cela était nécessaire pour ficeler une collaboration qu’on voulait solide et durable. A ce propos, le patron de l’Hôpital du Mali a salué l’organisation humanitaire Chaine de l’Espoir.
Quant à Alexis Ponel, il a exprimé sa gratitude au nom de son organisation, mais surtout rappelé qu’il a été mis suffisamment de temps pour mettre en place ce partenariat parce que les deux parties voulaient bien faire. En outre, il a salué le Pr Sadio Yena avec qui, ils (les responsables de la Chaine de l’Espoir) ont travaillé à concrétiser ce projet.
Pour le conseiller technique, les produits caustiques qui causent les sténoses sont donc généralement des agents chimiques détruisant les tissus au contact par leur pouvoir oxydant. Leur toxicité est essentiellement locale, a expliqué le conseiller technique. Il a aussi fourni des statistiques sur la sténose caustique. Selon lui, les lésions que ces agents causent peuvent concerner la bouche, le larynx, l’appareil respiratoire et surtout l’œsophage dans 60% des cas.
« La sténose correspond à l’installation d’un rétrécissement cicatriciel avec aggravation progressive et inexorable entrainant une difficulté d’avaler les aliments, l’eau et même la salive en cas de sténose complète. Si rien n’est fait l’enfant, mourra de faim et de soif suite à une dénutrition extrême », a expliqué le conseiller technique qui a aussi évoqué la possibilité d’une évolution vers le cancer de l’œsophage dans 15% des cas. Il faut donc espérer que Chaine de l’Espoir et l’Hôpital du Mali continuent d’entretenir un partenariat fécond et surtout pour élargir, dans le futur, ces actions à d’autres enfants nécessiteux mais aussi dans d’autres domaines.
Bréhima DOUMBIA
L’Essor