Chantiers de la transition (4) : Faire renaître la diplomatie malienne
Les défis sécuritaires, économiques, politiques sont certes autant de priorités pour les autorités de la transition. Mais, la politique étrangère (diplomatie) à autant besoin de renouveau que la politique intérieure.
EHESP
Aussi, dans un contexte aussi précaire, où les défis n’ont cessé de se multiplier, la politique des autorités de la transition ne doit pas se réduire qu’à une approche sécuritaire, économique, institutionnelle … Le pays a de nombreux atouts, notamment diplomatiques qui lui permettraient de jouer un rôle central pour favoriser une paix durable, le rapprochement des communautés et un développement économique mutuel. Même si ce défi reste de taille tant le régime défunt a laissé la diplomatie dans une profonde léthargie.
En effet, l’une des grandes déceptions de la gouvernance des sept dernières années reste la gestion molle de la diplomatie. Résistante et respectée à ses débuts, cette diplomatie a été gravement affaiblie sous le magistère de IBK. Le comble a été atteint en 2016, lorsque notre pays a été suspendu des nations Unies pour non payement des cotisations.
Aussi, Le 22 janvier 2016, le Secrétaire général de l’ON de l’époque Ban Ki-moon, informait l’Assemblée générale sur la privation de douze pays membres du droit de vote pour non-paiement de leurs cotisations (la décision date du 18 janvier 2016). Coup de théâtre : parmi ces mauvais payeurs figure le Mali. Une première depuis que le pays de Soundiata Kéïta et de Modibo Daba Kéïta est membre du Conseil de sécurité de l’ONU. Les couleuvres sont d’autant plus difficiles à avaler que la manœuvre de retard de paiement dure depuis deux ans, pour un (modique) montant de 400 000 dollars US, soit environ 200 millions de FCFA Cette sanction a été ressentie comme une humiliation par tous les Maliens, jaloux de leur dignité et de leur honneur. Aussi, le Mali a toujours respecté ses engagements vis-à-vis de l’Organisation des Nations-Unies et des autres Organisations internationales, malgré toutes les difficultés qui ont jalonné son histoire.
Sous IBK, le pays est devenu la risée de la communauté internationale, à cause d’une gouvernance calamiteuse. : Conséquence : cette humiliante sanction infligée à notre pays à l’ONU. Ailleurs, le Mali, ces dernières années, n’a pu placer aucun de ses cadres dans des organisations internationaux.
Aujourd’hui, nous devons engendrer des méthodes diplomatiques nouvelles. Définir une politique de sécurité nationale sur laquelle s’articuleront les efforts de la diplomatie malienne. Établir des politiques bilatérales appropriées vis-à-vis des institutions de développement internationales et régionales, ainsi que des pays amis. La politique gouvernementale devrait aussi être axée sur/cibler le secteur privé pour attirer les investissements et accroître les relations commerciales. Il s’agira de jeter les bases d’une diplomatie innovante adaptée aux réalités et à l’évolution du monde actuel.
Nous devons placer la diplomatie économique au même niveau que la coopération politique avec les États partenaires. Favoriser la promotion des investissements directs étrangers. Instaurer un lien fort entre le ministère des Affaires étrangères et les structures économiques et d’investissement qui sont au cœur de la promotion du Mali. Assurer la cohésion avec l’ensemble des partenaires nationaux et régionaux, et établir le lien avec l’intelligence économique.
Refonder la diplomatie
Les activités diplomatiques doivent être diversifiées en les étendant au-delà du cercle des diplomates professionnels. Le Mali doit disposer de diplomates qui ont une maîtrise parfaite des enjeux économiques et financiers du pays. Ils doivent être à même de proposer au gouvernement des solutions aux problèmes auxquels il est confronté et pouvoir les défendre devant nos alliés, nos partenaires bilatéraux, les institutions de développement et les forums de réflexion privés et publics. Les diplomates doivent faire valoir les intérêts nationaux par un usage judicieux des rouages diplomatiques. Ils doivent être capables de promouvoir les atouts économiques du Mali.
Nous devons renforcer les capacités de nos diplomates en instaurant une formation continue pour leur permettre de mieux défendre les intérêts de notre pays avec des outils appropriés.
Outre cela, le Mali doit promouvoir une diplomatie refondée à la fois sur le droit international et les droits de l’homme, et veiller à l’exemplarité dans ses relations internationales pour regagner de la légitimité. Privilégier de nouveaux modes de gouvernance multilatéralismes en associant les différentes parties prenantes issues des sociétés civiles, défendre un principe « multi acteurs » et pas seulement intergouvernemental. Veiller sans cesse au respect des droits et des libertés dans les échanges avec les pays tiers, porter les valeurs de démocratie et de dignité, préserver l’indépendance de la « voix du Mali » au service de la paix et de l’éthique.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube