Tandis que le conflit sur la pêche entre Paris et Londres s’intensifie, les deux pays s’opposant notamment sur l’accès des pêcheurs français aux eaux britanniques, certains pêcheurs britanniques regrettent déjà le Brexit, dix mois après.
Ne parlez plus du Brexit à Robert Carter. Vieux loup de mer sur son chalutier en bois amarré dans le port de Ramsgate, au sud-est du Royaume-Uni, il avait voté pour – et il regrette son choix. « J’ai changé d’avis, explique-t-il. Si on avait su, on n’aurait pas voté le Brexit. On s’attendait à un changement. Mais non ! On a été dupés. »
Même sentiment pour Malcom. Comme 92% des pêcheurs britanniques, il a voté pour le Brexit. Il voulait récupérer les eaux anglaises sans bateaux étrangers, mais il s’estime lésé par l’accord signé en décembre dernier. « C’est pire qu’avant pour nous, affirme-t-il. On a toujours ces bateaux hollandais ou belges qui pêchent dans nos eaux. Notre gouvernement s’est fait avoir. Il a vendu les pêcheurs pour un accord commercial avec l’Europe. Ce n’est pas juste. »
Contraintes administratives
John Nichols, président d’une association de pêcheurs du Kent, lui, rejette la faute sur les pays de l’Union européenne. « Les gouvernements français et du reste de l’Europe nous ont scalpés au dernier moment, estime-t-il. Mais je voterais toujours pour le Brexit aujourd’hui. J’aimerais que notre industrie de la pêche quitte l’Europe, qui nous a pris à la gorge, et qu’elle s’oriente vers d’autres marchés. »
Leurs contraintes administratives s’accumulent aux frontières européennes. Quatre documents sont désormais demandés avant chaque exportation de leurs poissons.
RFI