Le gouvernement de transition a finalement décidé de mettre en place une commission pour négocier avec la Cedeao. Cette stratégie est loin des tonitruantes déclarations de Choguel Kokalla Maïga, le Premier ministre malien considéré comme un va-t’en guerre. En réalité, le gouvernement malien redoute les conséquences des sanctions prises par la Cedeao.
Pour avoir osé affronter la Cedeao, les chefs d’Etat et de gouvernement ont voulu donner une bonne leçon d’humilité à Choguel. Le problème est que Choguel n’a ni les moyens de sa politique ni le courage de s’assumer en divorçant d’avec la Cedeao et l’Uemoa. Le Premier ministre sait que le Mali dépend de ces organisations.
Ce bras de fer n’a pas commencé maintenant entre la transition et les voisins appartenant à la Cedeao. On se souvient qu’en 2020, le dernier round des négociations entre la junte au pouvoir depuis une semaine au Mali et les émissaires de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est achevé ce lundi 24 août sans qu’aucun compromis n’ait été trouvé sur les conditions d’un transfert du pouvoir aux civils.
En revanche, il y a eu à l’époque des avancées importantes sur le sort de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta et de son Premier ministre Boubou Cissé. Il faut rappeler que l’organisation régionale, inquiète des conséquences du putsch dans un pays en proie depuis des années à une profonde crise sécuritaire, économique et politique, avait dépêché une délégation de haut niveau au Mali pour obtenir un retour immédiat à l’ordre constitutionnel.
Au départ, la Cedeao avait fait du rétablissement d’IBK au palais de Koulouba une condition sine qua non de sa participation à un dialogue avec la junte. Mais le sujet n’était plus à l’ordre du jour lors des derniers rounds de négociation en 2020. Le chef d’État renversé par les militaires le 18 août a dit aux émissaires ne plus vouloir gouverner le Mali.
Depuis, la transition a connu des soubresauts, avec surtout le second coup d’Etat en mai 2021. Les crises se sont multipliées sur le plan économique. La politique de subvention des prix des denrées de première nécessité a montré ses limites. Le plus grand risque que court la transition malienne est la flambée des prix.
C’est par cette faille qu’il sera possible d’abattre les autorités qui peinent à résorber l’envolée des prix. La perspective des lendemains difficiles fait des mécontents au sein de la population, surtout que la période de soudure pourrait être particulièrement difficile.
Il faut négocier avec la Cedeao avant que la situation économique ne s’empire. Les mauvaises récoltes dans plusieurs localités du pays plongent des millions dans l’insécurité alimentaire. Et le gouvernement donne l’impression de n’avoir aucun plan d’approvisionnement des marchés depuis la fermeture des frontières avec certains pays voisins par lesquels transitent les marchandises importées. La situation est tellement grave qu’il ne suffit pas de faire en sorte que les prix baissent.
Il faut un véritable plan de solidarité pour apporter des vivres à ces millions de personnes vivant sans revenus dans les milieux ruraux sinistrés. Les pluies n’ont pas été au rendez-vous, privant des paysans de sources de revenus. Par la même veine, les productions manquées de ces paysans sont aussi une perte pour les zones qui ne produisent pas de produits agricoles.
Sans aide internationale, le gouvernement doit compter d’abord sur ses ressources afin de réduire la crise alimentaire. Malgré le caractère international de la montée des prix, seul l’Etat peut intervenir pour casser drastiquement les prix. Quitte à remettre en scelle les magasins publics de vente subventionnée des produits agricoles comme dans le passé.
Oumar KONATE
La Preuve