Les boissons énergisantes sont aujourd’hui présentées comme naturelles et bonnes pour la santé. Sur les emballages, il est même indiqué qu’elles permettraient de stimuler le cerveau, le corps, de rehausser la vigilance intellectuelle, de combattre la fatigue et même d’améliorer l’endurance physique. Elles sont présentées comme une vraie potion magique. Pourtant elles ne seraient pas sans danger sur la santé surtout chez les femmes enceintes ou qui allaitent.
Selon le nutritionniste Al Mahady Touré, médecin spécialiste en santé publique internationale, la boisson énergisante est un terme marketing. En réalité, explique le nutritionniste, ce terme regroupe toutes les boissons qui sont censées mobiliser de l’énergie en stimulant le système nerveux. « Ce sont des produits qui contiennent du sucre, de la caféine, des acides aminés plus précisément de la taurine », dit-il. Il précise que la taurine est un dérivé des acides aminés qui sont en très forte concentration dans la bulle du taureau. « Les boissons énergisantes ne contiennent pas uniquement de la taurine, ou de la caféine, elles sont constituées également de plantes naturelles comme le ginseng, le ginkgo biloba, le guarana. Ce dernier contient deux fois plus de caféine que le café lui-même, ce qui est dangereux, quand elle (boisson énergisante) est consommée en grande quantité », analyse le toubib.
En plus, insiste le nutritionniste, la consommation des boissons énergisantes augmente le taux de glycémie, car elles contiennent beaucoup de sucre. Pourtant sur les emballages de ces boissons en vrac sur le marché, elles sont présentées comme des produits naturels et bons pour la santé.
Le nutritionniste dénonce ce plaidoyer qui relève du marketing. « Ces boissons contiennent une grande quantité de sucre, sur les emballages, vous constaterez qu’elles contiennent 10-15g de sucre, ce qui est énorme et néfaste pour la santé. La glycémie normale ne doit pas dépasser 1,1g au maximum, c’est-à-dire moins de 2g. Une seule cannette de ces boissons explose le taux de glycémie normal. Les femmes enceintes doivent s’en abstenir surtout avec sa forte concentration en caféine », conseille Dr. Touré.
Pour ce qui concerne les femmes enceintes, le nutritionniste indique : « des études ont prouvé que la caféine peut avoir un impact sur le développement du fœtus. Une femme enceinte qui consomme des canettes de façon excessive ou couramment peut entraîner des risques de ralentissement du développement du fœtus. Cela peut affecter la santé et même toute la vie de l’enfant à naître. Les femmes qui allaitent devraient également s’abstenir de boire ces boissons, étant donné qu’elles sont constituées d’une forte dose de caféine qui perturbe le régime du sommeil de l’enfant », dit l’expert en santé de la nutrition.
La caféine est un produit excitant certes mais une dépendance peut s’en suivre. Les risques de dépendance c’est pourquoi les personnes accros à ces boissons n’arrivent pas à s’en passer peu importe les contre-indications. « Ce sont des produits toxiques, leurs consommations est vraiment à éviter ou minimiser », affirme le nutritionniste. J’incite les gens à choisir ce qu’ils mangent et ce choix émane de lire sur les emballages. L’industrie alimentaire utilise des produits purement chimiques, les vitamines et plantes naturelles sont à faible dose dans les aliments ou boissons.
Ce n’est pas tout. S’il faut croire notre source, la consommation des boissons énergétiques, ou énergisantes augmenterait la consommation des stupéfiants dans la capitale chez les jeunes. Cette couche de la société, en effet, en consomme sans gêne et sans modération. Selon certains, elles seraient de bons stimulants.
Oumou Fofana
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Mali :
Le boom des boissons énergisantes
L’augmentation de la consommation des boissons énergisantes ces dernières années est indéniable. Elles inondent les marchés, superettes et alimentations. De nos jours, elles sont disponibles chez tous les boutiquiers du quartier. Jeunes, adultes, hommes et femmes en raffolent comme de l’eau naturelle. A Bamako, rares sont les jeunes qui se privent de canettes de boissons énergisantes par jour. Soit pour se rafraîchir ou pour renouveler leur énergie après une journée chargée ou pas.
Classique (fruitée), énergisantes tous ces deux types de boissons ont pourtant tous à peu près les mêmes caractéristiques et les mêmes indications « Bien que plus chers les jeunes et moins jeunes en raffolent pour plusieurs raisons ».
« Je le consomme uniquement au grin et cela parce que tous les membres en consomment. Alors je fais de même. En plus, elle ne coûte pas cher. Je peux me l’offrir pendant le temps que je suis au grin», affirme Abba, un jeune homme de la vingtaine.
Ces boissons ne varient que par le nom, sinon les caractéristiques sont les mêmes. Il n’y a pas de catégorisation spécifique. Il n’y a que deux catégories de boissons : les non alcoolisées constitués des guaranas, ginseng des plantes soit disant naturelles mais qui est de faible quantité dans les canettes et les alcoolisés contenant à peu près 8 % d’alcool soit 8g. La plupart des jeunes mélangent ces boissons et d’autres utilisent l’emballage pour consommer l’alcool.
Aïssata figure parmi la première catégorie. « A chaque fois que je vois mes frères et sœurs avec des boissons énergisantes, je m’inquiète pour eux. J’étais une acheteuse compulsive de ces boissons jusqu’à ce que je me retrouve très malade. Je faisais un cocktail de deux différentes boissons énergisantes. Je ne buvais presque plus que d’eau. Pour moi c’était ma dose pour tenir une journée très chargée. J’ai fini par me sevrer », affirme-t-elle.
Plusieurs jeunes filles ont été victimes de ce mélange fatal. « Les garçons offrent aux jeunes filles comme rafraîchissement une boisson de renom dont je préfère taire le nom alcoolisé, mais sucré en leur disant que c’est une boisson énergisante. Une fois soûle ils les violent. Ce qui trompe la plupart des jeunes filles», explique S. D., une ancienne consommatrice de boissons qui s’est retirée du cercle suite à une expérience qui a mal tourné.
Par ailleurs, certains sont contre la consommation de ces boissons, malgré leur jeune âge. Ils sont conscients des dangers que les consommateurs encourent et des mauvaises expériences.
« Les boissons énergisantes peuvent provoquer des problèmes cardiaques. Quand j’en ai consommé j’ai eu de graves palpitations dès lors je n’y touche plus », explique Moussa, habitué des discothèques et autres lieux chics de Bamako.
Cependant, Kévin fait partie des consommateurs qui ne se privent pas d’une canette de boissons énergisantes comme défatiguant après une rude journée.
Oumou Fofana
Mali Tribune