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Boeing abattu: après la diffusion d’un enregistrement, Kiev fustige l’Iran

Les fuites d’une conversation entre un pilote iranien et la tour de contrôle de l’aéroport Téhéran montrent que l’Iran savait dès le début pour le crash du Boeing, affirme le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. STR / NATIONAL SECURITY AND DEFENSE COUNCIL OF UKRAINE / AFP
Texte par :
Stéphane Siohan
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Les autorités ukrainiennes ont publié des enregistrements de la tour de contrôle de l’aéroport de Téhéran. Les contrôleurs savaient dès le début qu’un missile avait abattu le vol PS 752 de la compagnie Ukraine Airlines, alors que Téhéran propose des compensations jugées insuffisantes aux familles.

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De notre correspondant à Kiev,

Le président Volodymyr Zelensky semble avoir décidé de hausser le ton avec l’Iran, dans sa gestion des conséquences du crash du Boeing PS 752 de la compagnie Ukraine International Airlines. Après la catastrophe du 8 janvier dernier, près de Téhéran, le chef d’État ukrainien s’était montré plutôt conciliant avec le régime des mollahs, adoptant à la différence du Canada ou des États-Unis le rôle du « bon flic » pour faire accoucher l’Iran de ses responsabilités dans le crash, qui a fait 176 victimes.

Dimanche soir, le président Zelensky est apparu plus vindicatif. Il a accusé l’Iran d’avoir su dès le départ qu’un de ses missiles avait frappé l’avion, mais également de tergiverser sur l’indemnisation des familles des victimes.

La partie ukrainienne a apporté de nouveaux éléments au dossier, et c’est Volodymyr Zelensky lui-même qui s’est chargé de l’annoncer à ses concitoyens dans une interview à la télévision privée TSN.

« La publication d’un nouvel enregistrement des communications entre le service de contrôle de la circulation aérienne de Téhéran et [un] pilote iranien qui a vu le lancement du missile et le choc avec le vol Ukraine International (UIA) prouve que la partie iranienne savait dès le début que l’avion avait été touché par un missile, elle le savait déjà au moment où il a été abattu », a déclaré Volodymyr Zelensky.

L’Ukraine a toujours réfuté « l’erreur technique »

Dans cet enregistrement rendu public par les autorités ukrainiennes compétentes, et considéré comme « authentique » par le président ukrainien, un pilote de ligne de la compagne iranienne Aseman en approche de l’aéroport Imam Khomeini de Téhéran appelle la tour de contrôle.

« Il y a une trace lumineuse sur la route, comme celle d’un missile. Est-ce que quelque chose de ce genre était prévu ? », s’inquiète le pilote en préparation d’atterrissage. « Nous ne sommes pas au courant (…). L’objet vole-t-il vers Téhéran ? », s’enquiert le contrôleur aérien. « Non, il semble partir de la ville », répond le pilote, qui voit des airs la lumière de l’explosion. Dans les instants qui suivent, la tour de contrôle tente de joindre l’équipage ukrainien, qui ne répond pas.

Conversation entre le service de contrôle de la circulation aérienne de Téhéran et un pilote iranien qui a vu le lancement du missile et le choc avec le vol Ukraine International.

L’Ukraine n’a jamais accepté la thèse selon laquelle l’accident résultat d’une « erreur technique », selon le président Zelensky. « Nous savions que cela ne pouvait être le cas, lorsque j’ai rendu visite aux familles des victimes, je leur ai dit qu’il n’y avait eu aucune erreur de la part de l’équipage, dit-il dans l’interview. Nous avions déjà des preuves ».

La partie ukrainienne semble avoir néanmoins choisi la prudence tant que se trouvaient sur le territoire iranien 45 de ses enquêteurs et experts, chargés d’enquêter sur les circonstances de la catastrophe. Zelensky souligne que ses enquêteurs ont connu des difficultés d’accès à certaines partie de l’avion, comme le cockpit ou les sièges, souvent porteurs d’indices, mais aussi à la salle contrôle du trafic aérien.

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