BILAN MACABRE : 4100 Maliens morts en un an sur les routes de la migration irrégulière
Les responsables du Projet migrant ont animé une conférence de presse vendredi 2 novembre 2018 pour déplorer les dangers liées à la pratique de la migration irrégulière au Mali. Selon son coordonnateur, Dr. Bréma Ely Dicko, de 2017 à nos jours, plus de 4100 migrants maliens sont morts en tentant de rejoindre l’Europe.
En 2017, plus de 3100 migrants sont morts en essayant de traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune. Depuis janvier 2018, plus de 1000 migrants sont également morts en tentant de rejoindre l’Italie via la Libye. Ce n’est pas tout : 1987 personnes ont perdu la vie ou ont été portés disparus sur les différentes routes de migration méditerranéenne.
Pour le spécialiste de la migration malienne, Dr. Dicko, plusieurs facteurs motivent les départs des gens, notamment les facteurs économiques, culturels, sociodémographiques, politiques, climatiques, sanitaires, éducatifs et symboliques. Il s’est appesanti sur les risques et les conséquences de la migration irrégulière vers l’Europe comme le danger de la traversée de la Méditerranée, d’être placé en détention dans d’autres pays, d’être victime de réseaux criminels ou d’être exposé à toutes sortes d’abus particulièrement les femmes et les mineurs.
Abondant dans le même sens, Mme Aminata Boré, agent de liaison du projet avec les médias, a décortiqué une partie du lexique de la migration. Selon elle, il y a ce qu’on a appelle demandeur d’asile, autrement dit une « personne qui a fui des persécutions ou un danger grave dans son pays et qui demande une protection internationale et le statut de réfugiés dans un autre pays. Le réfugié est la personne dont la demande d’asile a été acceptée et qui est autorisée à rester pour un certain temps si elle a démontré qu’elle serait victime de persécution dans son pays d’origine. Migrant irrégulier est la personne qui est entrée dans un pays de manière irrégulière, ne possède pas les documents de voyage nécessaires ou un visa en cours de validité et n’a donc pas de statut juridique dans le pays de transit ou d’accueil. Le migrant économique est la personne qui migre de façon volontaire dans un autre pays afin d’améliorer sa qualité de vie. Si un migrant économique arrive dans un pays de manière irrégulière et sans un visa de travail valide, il peut être arrêté et renvoyé dans son pays d’origine ».
Agent de terrain, Goundo Diakité, conseiller BOA pour le Projet migrant, a recueilli le témoignage d’un jeune Malien qui disait ceci : « Si on est traité comme de la merde dans notre propre pays, qu’est-ce que ça peut bien faire qu’on aille mourir sur le désert, dans la Méditerranée ou d’être bastonné en terre étrangère ? Ce n’est pas de gaité de cœur que nous quittons nos familles mais tout est devenu question de relation et de corruption au Mali. Il n’y a aucun espoir pour nous les enfants de pauvres que de partir à l’aventure. Si on meurt, tel est notre destin et si on réussit alors on pourra aider nos familles et même notre pays », a-t-elle rapporté.
Le Projet migrant a pour mission d’aider les gens à mieux comprendre leurs options et à prendre des décisions fondées sur des informations fiables. Pour ce faire, il met à la disposition des migrants des informations sur plusieurs plateformes, notamment la page web, Facebook et une ligne d’assistance téléphonique grâce à laquelle les migrants peuvent parler de manière confidentielle avec leurs conseillers.
La campagne de sensibilisation lancée concerne d’abord Bamako, Gao et Ménaka.
Hamissa Konaté
Le Focus