Instauré par les anciens, depuis plus de cinq générations, Bélénitougou à l’origine est une stratégie mise en place par les anciens de Somasso pour maintenir la paix et le bon vivre entre les habitants du village.
Somasso, un village très ancien situé dans la région de Ségou, cercle de Bla, est majoritairement constitué de Miniakas et de Forgerons. Fondé par les Dao, Somasso est recouvert par une forêt sacrée ‘’Béléni’’, au nord du village. C’est un endroit où les traditions sont toujours respectées.
Nontègai Dao, pasteur de l’église de Somasso, explique que pour maintenir la cohésion sociale dans le village, leurs ancêtres ont réfléchi à un moyen qui permettra de rassembler, chaque année, tous les enfants du village pendant trois jours de pratique coutumière et de fête et en ont fait une tradition. Cette tradition consiste à mettre le feu a une partie de la forêt sacrée ‘’Béléni’’ pour brûler les mauvaises herbes et les serpents et c’est les villageois qui se chargeaient des volailles, pour ensuite organiser trois jours de festivités à la place public du village. ‘’C’est de cette pratique que vient le nom « Bélénitougou », Béléni qui est la forêt et Tougou qui veut dire mettre le feu’’ explique le pasteur Dao.
Ces trois jours étaient l’occasion pour tous ceux qui ne se parlent pas de se serrer la main et de passer du bon temps ensemble. ‘’Les religions sont venues trouver que nos anciens étaient déjà contre la violence et les disputes, Bélénitougou en est la preuve’’, affirme-t-il
Ce bois Sacré, Béléni, jadis regorgeait d’animaux et est le lieu où se trouvent les esprits protecteurs du village. Selon Abdoulaye Fané, fils du maire et jeune forgeron, Béléni est un lieu sacré et a toujours ces esprits protecteurs. Le jeune forgeron expliquent que le totem de la forêt protectrice est le son du tambour pendant la traversée du bois sacré, ‘’en 2002, j’ai moi-même été témoin, de la disparition de tout un groupe de personnes lors de la traversée du Béléni et on réapparu jusqu’à plus de 30 km du village, juste parce que l’un d’entre eux jouait du tambour’’, affirme-t-il.
C’est non seulement du nom de cette fête traditionnelle que les membres de l’Association pour le Développement de Somasso (ADS) se sont inspirés, mais aussi de la raison pour laquelle le Bélénitougou est devenu une tradition.
Hamady Sow
Mali Tribune