L’Autorité routière qui a comme vocation de financer l’entretien courant des routes tend à se dévier de son objectif pour servir des intérêts partisans. La désormais ancienne directrice générale, militante du Rassemblement pour le Mali (RPM), ex-parti au pouvoir, et sans compétence sauf son militantisme, Mme Lala Koité avait fait de cette structure sa vache laitière à la disposition de son parti. A cause de la gabegie, du népotisme, de la corruption, etc., ce service pourvoyeurs de fonds se dirige vers sa belle mort si des mesures urgentes ne sont pas prises.
L’Autorité routière a une nouvelle directrice générale. Nommée au conseil des ministres du mercredi 19 janvier 2022, Mme Camara Mariam Kassogué, ingénieure des Constructions civiles, a la lourde tâche de mettre sur les rails cette structure. Celle-ci plongée dans la corruption, la mauvaise gestion, le népotisme et la gabegie commençait à broyer du noir
Malgré l’éviction d’IBK du pouvoir en août 2020 et le démarrage de la transition de rupture, les responsables du parti déchu semblaient faire de l’Autorité routière leur chasse gardée jusqu’au 19 janvier date du limogeage de Mme Lala Koité. L’incompétente directrice qui s’y trouvait par népotisme, se chargeait de caser et de faire la promotion des militants du RPM. Des postes inutiles étaient crées sur mesure après un reclassement à souhait sur la base de faux diplômes, alors même que le profil de l’agent ne correspondait pas.
Des militants recrutés entre 2017 et 2019 sont nommés chefs d’équipe de poste au détriment des plus anciens qui sont là depuis 2007 et parmi eux des cadres supérieurs, en faisant fi des critères de diplôme et d’ancienneté. Mais l’objectif est bien connu, c’est de traire au maximum la vache laitière avant de quitter et placer ses militants pour continuer à sucer le sang des Maliens. Advienne que pourra.
Les cas de corruption font légion. On a vu facturer les travaux de réparation d’une guérite de poste de péage endommagé par un conducteur, à 10 000 000 F CFA alors même que certains postes de péage en entier ont été construits au plus à 14 000 000 F CFA. Que dire aussi de la facturation à 6 milliards de F CFA de la construction en cours d’un poste de péage et de pesage moderne à Nonssombougou (Kolokani) ?
Il en va aussi des marchés fictifs ou réalisés et réceptionnés mais revendus pour récupérer de l’argent frais. La surfacturation de tous les marchés exécutés à l’Autorité routière surtout le poste en construction à Gogui. Pour les besoins de la cause, des avenants sont passés tous azimuts.
Les entreprises alliées de la directrice payées en premier
Pour son maintien au poste, la directrice avait cru bon de créer un lien avec certains proches de la junte au pouvoir. Un plan machiavélique qui a certainement été démasqué tôt et qui lui a vraisemblablement coûté son poste.
Cadre incompétente et médiocre, Mme Lala Koita n’avait aucun background pour diriger un service aussi complexe et important comme l’Autorité routière. Selon des indiscrétions, elle n’a pas pu passer son baccalauréat au Mali et a dû partir en Russie d’où elle est revenue avec un diplôme d’urbaniste. Sa seule expérience professionnelle se limite à l’Ageroute où elle a servi comme cheffe de projets, chargée du suivi sur le terrain de l’exécution des travaux. C’est celle-là qu’on choisit pour gérer une grosse entreprise comme l’Autorité routière.
L’Autorité routière dans le creux de la vague
La dégringolade a commencé sous l’ancien directeur général, Baba Moulaye, ancien ministre des Transports et du Désenclavement et ancienne ponte démissionnaire du RPM. Il est celui qui a mis le service sens dessus, sens dessous. Un piètre gestionnaire qui a été nommé uniquement pour financer le parti et entretenir ses responsables. Pour ce faire, il s’est appuyé sur M. Savadogo, directeur technique et spécialiste dans les montages de vrais faux dossiers pour se faire de l’argent. Bon samaritain, il mouille la barbe de toute la hiérarchie et même au niveau d’autres services où l’Autorité routière a des intérêts ou affaires pendantes. Interpellé au niveau au Pôle économique et financier pour soupçons de détournement, il s’en est sorti indemne et même plus que renforcé un moment.
Savadogo avait été relevé de ses fonctions pour malversations financières par le ministre Zeinabou Diop, avant de revenir avec force à la faveur de la nomination de Makan Fily Dabo (son ami), ministre des Transports dans le gouvernement de Moctar Ouane. Proposé au départ au poste de directeur général de l’Autorité routière, le conseil des ministres a rejeté cette proposition parce que son dossier était à l’époque en instruction au Pôle économique et financier, il revient cette fois-ci comme directeur général adjoint par arrêté du ministre Makan Fily Dabo.
Dans son rôle, M. Savadogo fait gagner beaucoup d’argent à ses mentors. Présentement, il est et reste le bras financier de Makan Fily et de Many Djénépo, le Secrétaire général du ministère des Transports et des Infrastructures. Nommé par le ministre Dabo, M. Djénépo continue en l’absence de leur mentor commun à assurer une protection pour leur porteur de valises. Il est le directeur général de fait, parce que soutenu par le Secrétaire général dans sa besogne. Cette bande à trois est un véritable danger pour la République. En écartant un d’eux (Makan Fily), ça ne change en rien dans leur dessein machiavélique.
Un ingénieur en construction civile de formation qui se transforme en spécialiste de passation de marchés à l’Autorité routière. Pour quel dessein ? Toutes les commandes (pèse-essieu, capteurs, groupes électrogènes, tous les équipements de pesage, etc.) passent par lui. Il est temps que les plus hautes autorités du pays débarrassent l’Autorité routière de ces prédateurs financier, la directrice générale (déjà limogée), le DGA et même le Secrétaire général du ministère des Transports qui est pourtant un administrateur chevronné.
Voir à la loupe la moralité des pièces comptables
N’est-il pas opportun pour le Bureau de Vérificateur général de voir à la loupe la moralité des pièces comptables, dépenses et non le respect des procédures pour mettre à la disposition de la justice les vrais délinquants financiers de ce pays pour la sauvegarde des deniers publics.
Pour nettoyer les écuries d’Augias, les décideurs doivent se pencher du côté du Conseil d’Administration de l’Autorité routière dont le niveau est très bas avec un PCA issu du rang des conseillers techniques (ingénieur de formation) du ministère des Transports et des Infrastructures. Il n’a ni la carrure, ni le bagage nécessaire pour mieux tirer cette structure chargée de recouvrer les droits de traversée routière vers le haut. Ces ingénieurs ne sont bons certainement que dans le BTP (leur domaine de prédilection) sinon très nuls en management.
Certains agents de la Direction soutiennent même qu’il y a pire dans la gestion de l’Autorité routière. En matière de la gestion interne, c’est la catastrophe.
Ce qui est incompréhensible, c’est le choix de la junte porté sur la femme d’un Général, ingénieur, certes, mais sans expérience professionnelle avérée pour gérer un département ministériel aussi grand et important que les Transports et les Infrastructures. Sa seule expérience professionnelle se limite au poste de directrice nationale de Formation professionnelle. Là-aussi, c’est par népotisme car son mari était ministre de la Défense donc très proche d’IBK.
Au nom du Mali Koura, la junte et le nouvel ordre malien de gestion doivent songer à corriger tout cela, en mettant à la tête de ce département, un cadre chevronné, aguerri, compétent et neutre. L’Autorité routière dont les recettes servent à entretenir et construire des routes est trop costaud pour être le terreau du favoritisme, de la corruption, la surfacturation, le népotisme… Elle doit plutôt être le mérite des technocratiques.
Le plus grand bien pour le Mali en général et pour l’Autorité Routière en particulier, est d’y opérer un changement profond même si cela vient de commencer à la tête de ce service avec l’arrivée d’une nouvelle directrice. D’autres secteurs doivent connaitre incessamment le même nettoyage à grande eau dans les autres secteurs (administratif, financier ou juridique) avec des hommes expérimentés, honnêtes et sans coloration politique. Il s’agit d’insuffler du sang nouveau à l’Autorité routière avec des cadres de bonne moralité, prêts pour le changement positif.
Agent péagiste
Mali Tribune