Dans une vidéo, rendue virale dans les réseaux sociaux, Amadou Albert Maïga, membre du Conseil National de la Transition (CNT), pronostique sur l’imminence d’une guerre à Kidal entre les FAMAS et les mouvements armés de la « CMA » (HCUA, le MAA et le MNLA). Le Conseiller du CNT est convaincu que cette « guerre est inévitable ». Mais, est-il dans le secret des Dieux pour affirmer de tels propos ? Par principe, les militaires ne se prononcent jamais sur leur projet militaire. Mais une chose est claire, M. Maïga est reconnu comme étant un proche du milieu militaire.
Ces propos, pris au sérieux, ont déjà fait réagir le porte-parole de la coordination des mouvements de l’Azawad. Mohamed Elmaouloud Ramadane, n’a pas tardé de les condamner, sur les mêmes réseaux sociaux, en les qualifiant de « va-t-en guerre ». Mais, compte-tenu de l’impasse dans l’application du fameux Accord d’Alger (dont la France et toute la Communauté dite Internationale considère les textes comme dogmatiques) mais aussi et surtout, la fusion et la forte mobilisation militaire des mouvements armés du HCUA, du MAA et du MNLA à Kidal, peut-on vraiment traiter M. Maïga de va-t-en-guerre ?
Depuis plusieurs mois, les mouvements armés de Kidal (maîtres des lieux depuis une décennie) et le Gouvernement de Transition ne soufflent pas dans la même trompette. Notamment, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger. Ces mouvements ont même suspendu leur participation à la réunion du Comité de Suivi de l’Accord (CSA). Ils dénoncent sa lenteur. Et exigent la tenue d’une réunion dans « un terrain neutre ». Ce dont, Bamako refuse.
Outre ces surenchères, il se trouve que les toutes tentatives de la médiation internationale pour ramener les deux parties autour de la table des négociations sont un fiasco. La radicalisation de la CMA freine tout espoir de rapprochement des positions. Tous les ingrédients pour la reprise de la guerre au Nord du Mali sont là. D’ailleurs, comment un territoire perdu par la force des armes, peut-il être recouvré sans l’usage de cette même force ? Par la connivence de la Communauté dite internationale, les Autorités maliennes doivent-elles se résigner d’accepter le statut quo : laisser les mouvements armés continuer de contrôler Kidal ? Certainement pas !
A la fin de la seconde guerre mondiale (1939-1945), l’Allemagne vaincue,
est réduite, découpée et occupée par les Forces alliées, vainqueurs. Lors des conférences de Yalta et de Potsdam, elle est ramenée dans ses frontières de 1937. Alors que l’Italie est épargnée parce qu’elle a changé de camp en 1943. L’Allemagne
est démilitarisée et découpée en quatre zones d’occupation : soviétique,
américaine, britannique, française. Sa capitale, Berlin, située au cœur de la zone d’occupation soviétique, est, elle-même, découpée en quatre secteurs et soumise à l’administration quadripartite des Alliés.
Cette mise sous-tutelle de l’Allemagne, qui a cessé du côté soviétique (russe), continue, de plus belle, du côté américain. D’ailleurs quel est ce pays de l’Europe de l’Ouest qui puisse affirmer sa souveraineté vis-à-vis des USA ? L’ombre de l’Oncle Sam plane sur tous ces Etats. Cela démontre bien que lorsqu’un Etat est libéré par les moyens d’une Puissance militaire, cette dernière va tout mettre à l’œuvre pour maintenir le pays qu’elle a libéré sous sa botte.
N’est-ce pas quasiment ce qui s’est passé au Mali pendant plus d’une décennie. La France, à travers ses opérations « Serval » et « Barkhane », avec le soutien de la Communauté dite internationale (réellement composée d’Etats sous influence américaine), a forcé les Autorités véreuses du Mali a signé l’Accord d’Alger. Un texte qui a ignoré la Loi Fondamentale de notre pays. Lequel a été mis sous tutelle des Puissances occidentales par la connivence de l’ONU.
On a ainsi fait du Mali, un Etat vaincu par une rébellion de quelques milliers d’individus. Puis, on lui a imposé la signature, en 2015, d’un accord sous la diligence des Grandes Puissances militaires. On lui a imposé une soi-disant mission de stabilisation pour s’assurer de la tutelle de la France et des autres pays membres permanents (occidentaux) du Conseil de Sécurité de l’ONU. Lesquels l’ont mis sous tutelle, pour pouvoir disposer du contour de ses frontières, tel un pays vaincu. Quasiment comme ce que les Alliées en ont fait de l’Allemagne en 1945.
On a ainsi œuvré à affaiblir notre armée nationale alors que l’on a doté les soi-disant ex-rebelles en armement de dernière génération. En faisant de Kidal leur sanctuaire. Au même moment, on a créé çà et là des foyers de conflits intercommunautaires au Centre du Mali, pour justifier la présence de leurs forces d’occupation. Dans ces conditions, l’accord d’Alger ne pouvait pas s’appliquer. D’ailleurs dans un Etat souverain, peuvent-elles cohabiter deux entités militaires différentes? Si cela n’est pas convenable, alors, l’une doit forcément céder sa place à l’autre. Cela signifie que le Mali doit dénoncer ce fameux accord d’Alger pour libérer Kidal par la force.
La CMA n’existe que grâce au complot de la France. Qui a empêché, depuis plus d’une décennie, les FAMAs de se déployer intégralement à Kidal. Cela, avec la complicité de l’ONU. Aujourd’hui, la République du Mali n’a certainement pas d’autres choix que de faire la guerre pour recouvrer l’intégrité du territoire national. Si elle ne la fait pas maintenant, nul doute qu’elle perdra à jamais Kidal.
Cette partie du territoire national a été prise au Mali par la force. Il ne peut la recouvrer que par la même force. Que l’on veille ou pas, cette guerre est certaine. Car, elle s’impose à l’Etat unitaire du Mali. Par conséquent, les autorités maliennes doivent instamment décréter la guerre de libération de Kidal. C’est, de notre point de vue, le seul moyen pour que ce territoire revienne dans le giron de la mère-patrie : le Mali.
Falaye Keïta
Le Pélican